La nouvelle cravate de Houcine Abbassi
Par Slaheddine Dchicha - Qu’y a-t-ilde commun à Rached Ghannouchi, Moncef Marzouki et Houcine Abbassi ?
- Ils sont hommes tous les trois !...
- Ils sont tous les trois Tunisiens !...
- Ce sont des personnages publics !
Ne cherchez plus. Ce qui les réunit, c’est un tout petit détail : aucun des trois ne porte de cravate.Cependant, le refus de cet accessoire revêt pour chacun une signification différente:
Rached Ghannouchi semble n’avoir aucune attirance pour ce symbole de l’Occident. D’ailleurs l’absence de cravate est devenue pour l’élite politique nahdhaoui une « sorte d’uniforme », un signe de reconnaissance entre « Frères » voire un signe de ralliement au look islamiste longtemps arboré par Ahmadinejad.
Marzouki, quant à lui, alors qu’il avait assez fréquemment porté la cravate, semble avoir décidé d’y renoncer après le 14 janvier 2011, pensant ainsi faire oublier son appartenance à l’élite et espérant se donner une image d’enfant du peuple resté près du peuple. Après son adoubement par les Islamistes à la Présidence de la République, il a adopté par moments le Burnous, donnant ainsi à la fonction présidentielle une allure folklorique pour ne pas dire kitsch.
Cependant, lors du deuxième tour des Présidentielles, M. Marzouki a tenu son meeting d’El Menzah, le dimanche 14 décembre 2014, une cravate autour du cou. Provocateur, il avait lancé aux assistants : « ce bout de tissu me ramènera-t-il plus de voix? ». Inconstance et populisme.
Le troisième homme, Monsieur Houcine Abbassi semble plus naturel et donne une impression de simplicité, de décontraction et de non-conformisme. En effet, quelle que soit la situation, quel que soit l’événement et quelles que soient les personnes en présence, on ne lui connaît pas une seule photo où il porte une cravate…jusqu’au 16 octobre dernier.
Dans la foulée de l’attribution du Prix Nobel, en grand ami de la Tunisie, Jean-Pierre Elkabbach a invité Madame Bouchamaoui à Paris pour une interview sur Europe1. Le Quartet étant par ailleurs invité à une réception offerte par Jack Lang à l’Institut du monde arabe (IMA), Wided Bouchamaoui devait être représentée par Hichem Elloumi et Houcine Abbassi par Sami Cheffi.
Ces deux délégations ont réjoui plus d’un, y voyant l’esprit démocratique et le sens du collectif des deux représentants respectifs de l’UTICA et de l’UGTT. Or le désenchantement n’a pas tardé. La nouvelle de l’invitation du Quartet par M. Fabius, ministre français des Affaires étrangères et surtout celle du Président Hollande ont très vite fait changer l’attitude de la Présidente de l’UTICA et celle du Secrétaire général de l’UGTT. Ils ont renoncé tous deux à se faire représenter et chacun de reprendre sa place dans la délégation.
Cependant, Monsieur Houcine Abassi ayant raté le RDV avec Monsieur Fabius, il a pris le premier vol pour être sur le perron de l’Elysée à côté de François Hollande. Et il faut croire que dans sa précipitation, il n’a pas oublié l’essentiel, la cravate.
Paris, l’Elysée et Hollande valent bien une cravate. Mais Tunis, Carthage et Béji Caïd Essebsi en valent une aussi !
Slaheddine Dchicha