Pourquoi Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi ont été primés par l’international Crisis Group ?
New York – Correspondance spéciale pour Leaders – La grande salle de banquets du Piersixty , au cœur de Manhattan qui donne sur la rivière Hudson, et la ville de New York illuminée, accueillait ce lundi 26 octobre un dîner gala exceptionnel. Il célèbre la vingtième édition des Galas pour la Paix organisés par l’International Crisis Group, avec pour lauréats 2015, Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi. Cette distinction, les deux dirigeants politiques tunisiens la doivent à leur esprit de concertation et de concorde qui a permis en pleine crise de l’été 2013 de désamorcer l’une des plus graves crises et conduire le pays vers l’adoption de la Constitution et des élections libres.
Ne pouvant effectuer le voyage à New York, Béji Caïd Essebsi s’y fera représenter par l’un de ses proches amis de longue date, l’ambassadeur Ahmed Ounaïes. Diplomate de grande réputation, il avait été notamment ambassadeur représentant permanent de Tunisie auprès de l’ONU (ainsi qu’à New Delhi et Moscou), il s’était distingué sous la dictature par des positions intransigeantes et des articles courageux publiés dans la presse de l’opposition démocratique. Ses analyses géostratégiques publiées sur Leaders constituent une référence précieuse pour comprendre les enjeux politiques mondiaux.
Rached Ghannouchi était lui, heureux de retrouver New York qu’il a l’habitude de visiter régulièrement depuis plus de 25 ans (diverses conférences à Columbia University et nombre de think tanks) et ravi de recevoir ce prix qu’il a dédié au peuple tunisien. Dans son discours de récipiendaire, il a rappelé combien la situation était périlleuse en août 2013 avec de réelles menaces de faire bloquer la constituante et arrêter la rédaction de la Constitution, en attisant la rue et montant les camps, les uns contre les autres. « Il ne m’était pas facile d’accepter la proposition du chef de l’opposition, Béji Caïd Essebsi pour nous retirer du gouvernement. Il m’a fallu prendre en compte tout l’intérêt national que cela représente pour le faire. Et, c’est esprit de compromis qui a forgé la réussite tunisienne. »
L’ambassadeur Ahmed Ounaïes brossera rapidement un tableau des difficultés qui avaient failli plomber le processus de transition et mis en exergue le sens de responsabilité historique qui a animé le président Caïd Essebsi, parvenant à rallier le chef d’Ennahda à adhérer à cette démarche.
Devant un public nombreux dont certains sont venus des diverses villes américaines et du Canada (les billets pour le dîner variaient entre 25 et 150 $), ces discours ne pouvaient que susciter de vifs applaudissements de Happy End. L’ambassadeur de Tunisie à Washington, Fayçal Gouiaa et l’ambassadeur représentant permanent de Tunisie à New York, Khaled Khiari étaient sur le podium avec les lauréats.