Les entreprises de presse en danger: Pour une aide publique ciblée, équitable en faveur du pluralisme et au profit du public
Amor Touil
Il n’y a ni distribution équitable de la publicité publique selon des critères scientifiques, ni aide financière directe de l’Etat aux entreprises de presse, ni même une aide indirecte sous forme d’abonnements en nombre satisfaisant d’exemplaires. Pour comparer le comparable, nous noterons que le Maroc accorde à la presse dix fois, au moins, ce que la Fédération tunisienne des directeurs de journaux a demandé aux divers gouvernements tunisiens pour nos médias.
Ce que les gouvernements successifs n’ont pas compris à ce jour, c’est que l’abonnement aux journaux ne vise pas nécessairement à cultiver les cadres de l’Etat, mais à en faire les premiers lecteurs et à faire des abonnements la première forme d’aide aux journaux. Les ventes ont chuté dans tous les pays du monde, mais l’aide de l’Etat, dans la majorité des pays, est restée là en soutien. A titre d’exemple, Le Monde reçoit chaque année pas moins de 15 millions d’euros au titre en guise d’aide de l’Etat à la presse.
Youssef Belhaj Ali
Comment pourrions-nous diversifier notre production, moderniser notre matériel technique et nous mettre au diapason de l’évolution technologique afin d’être plus compétitifs et nous libérer de toute ingérence extérieure ? Devant cette situation qui devient alarmante pour certaines radios, une réorganisation du secteur audiovisuel doit être opérée dans les plus brefs délais possibles et doit se baser sur les propositions des professionnels afin de garantir l’essor des radios privées et leur ouvrir de nouveaux horizons.
Taieb Zahar
L’Etat n’aide pas la presse écrite, au contraire, il l’enfonce dans les méandres d’une crise dont on ne voit pas la fin. Depuis 2011, les gouvernements en place ont tout fait pour mettre la presse sur les genoux. C’est le premier gouvernement de la Troïka qui a ouvert le bal dans la mesure où il a ordonné l’annulation des abonnements contractés par l’administration publique. Depuis, rien n’a changé jusqu’à ce jour. Côté publicité des annonces classées aussi, rien n’a été fait pour gérer ce dossier. Il n’y a plus cet équivalent de l’Atce pour collecter et dispatcher ces annonces. On fait du gré à gré, on sert qui on veut, on paie qui on veut et on ne paie pas qui on ne veut pas. Bien sûr que le but était «d’assagir» la presse, de liquider l’existant et donner à une presse à la solde des nouveaux gouvernants la possibilité d’émerger. Sur d’autres plans, on ne voit pas d’aide de l’Etat, les entreprises ont des difficultés énormes, elles arrivent à peine à se maintenir, même celles appartenant à l’Etat.
C’est naturel que l’Etat consente une aide substantielle à la presse à l’instar de plusieurs pays tels que le Maroc et la France. Cette aide doit être répartie entre les entreprises bénéficiaires suivant des normes prédéfinies.
Nizar Bahloul
L’aide de l’Etat est la bienvenue, mais celle-ci ne devrait pas être supérieure à 10% du CA d’un média, à l’exception de ceux spécialisés dans des secteurs bien déterminés et non rentables ou les médias régionaux, qui méritent davantage de soutien.
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