Paris – Correspondance particulière pour Leaders. Même si l’actualité brûlante focalise l’attention beaucoup plus sur le terrorisme, l’examen des relations de la Tunisie avec l’Union européenne constitue un sujet intéressant pour analyser les synergies et la solidarité. La Fondation de la Maison de Tunisie à Paris s’y met à la faveur d’un colloque qu’elle organise les 27 et 28 novembre courant, sous le thème de « 20 ans de consolidation de l’Association entre la Tunisie et l’Union européenne, vers l’exception tunisienne ? ». Organisé en partenariat avec le Laboratoire de Recherche en Droit International et Européen et Relations Maghreb-Europe de la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis, il permettra notamment aux doctorants et jeunes chercheurs tunisiens établis en France d’en débattre avec notamment leurs pairs ainsi d’illustres professeurs qui viendront de Tunis. Le programme s'annonce attractif.
C’est ainsi que l’introduction des travaux sera effectuée par le Pr fadhel Moussa, ancien doyen de la Faculté, et la synthèse par le Pr Slim Laghmani, alors que l’actuel doyen, Lotfi Chadly traitera des droits fondamentaux et l’émigration clandestine.
Ce colloque est le deuxième du genre qu’initie la Fondation de la Maison de Tunisie. Il fait suite en effet à celui intitulé « Bourguiba, une modernité tunisienne ?, organisé les 6 et 7 juin dernier et qui a connu un franc succès. Le choix des relations avec l’UE pour cette deuxième édition, expliquent les organisateurs, par la volonté l’Union de s’engager sur le long terme à côté de la transition démocratique tunisienne. Elle annonce haut et fort sa détermination dans le cadre de la réorientation de la politique de voisinage, à renforcer une coopération politique approfondie avec la Tunisie en matière de démocratie, d’Etat de droit, d’égalité des genres, des droits de l’homme et des libertés fondamentales, à établir une coopération accrue en ce qui concerne la sécurité, la justice et la gestion des frontières.
Une coopération politique approfondie, certes, mais également une intégration économique et sociale élargie qui aurait pour finalité ultime l’édification d’un espace économique commun. Dimension politique, dimension économique, le partenariat avec la Tunisie revendique, en outre, une dimension humaine. Les dossiers de migration, de mobilité, de coopération avec la société civile et même de dialogue interculturel élargi font objet de discussions. Bref, la réorientation de la politique européenne de voisinage est de mise.
Derrière les intentions déclarées et les bonnes intentions, y aurait-il cette conscience, tel que cela ressort du Plan d’action pour la période allant de 2012 à 2016, que « la Tunisie a entamé depuis le 14 janvier 2011, une nouvelle page de son histoire moderne marquée par une révolution pacifique pour la dignité et la liberté, dont le seul acteur a été le peuple tunisien ».
Suite au processus de transition vers une démocratie pluraliste, la Tunisie a déjà acquis un statut de partenaire privilégié dans la région. Après 20 ans d’approfondissement de la coopération politique, d’affermissement d’un espace économique commun, de renforcement d’un partenariat plus étroit entre les peuples, le moment n’est-il pas venu pour que l’Union européenne s’approprie pleinement son statut de partenaire privilégié ?
La Tunisie a entamé, certes, depuis le 14 janvier 2011, une nouvelle étape de son histoire moderne, mais elle ne s’est pas départie, tout aussi certainement, de son sort d’être une terre objet de toutes les convoitises. Ne doit-elle pas s’attendre de la part de son premier partenaire associé à plus d’engagements et à un saut qualitatif vers un statut exceptionnel ?