Après la mise à niveau et la modernisation industrielle, cap sur les investissements immatériels
Les réformes engagées pour mettre à niveau et moderniser l'industrie tunisienne sont arrivées à leur terme. Au moment où le pays s'apprête à lancer un nouveau train de réformes parachevant les programmes entamés il y a 15 ans, l'heure est aux bilans. Dans quelle mesure, les objectifs assignés et notamment celui de doter les entreprises des moyens adéquats pour accroître leur compétitivité et de faire face à la concurrence internationale, ont-ils été atteints?
Le Forum international ouvert ce matin par le Premier ministre, en présence de représentants de pays étrangers et d'institutions arabes et internationales a permis de procéder à une évaluation des résultats, une évaluation objective, globale, n'occultant aucun paramètre. Les conclusions sont indiscutables: ces réformes parce qu'elles ont été profondes et multidimensionnelles, ont littéralement transfiguré notre industrie, grâce aux performances enregistrées en matière de rythme de croissance, de progression des exportations, de créations d'emplois, de maîtrise des équilibres financiers et d'amélioration de la productivité ainsi que l'a souligné le Premier ministre.
Deux communications ont notamment été faites, la première par Mme Saloua Ben Zaghou, Directrice Générale de l'Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Compétitives relative à l'évaluation du Programme de Mise à Niveau, la seconde de M. Boujemaa Rémili, DGA d'IDEA Consult. Elles sont particulièrement éclairantes à cet égard:
La première communication se fonde sur une enquête réalisée auprès de deux échantillons d'entreprises. Un échantillon principal (442 entreprises copilées, c'est à dire ayant adhéré au PMN) et un échantillon témoin (200 entreprises non copilées).
Les entreprises ont mis en exergue trois facteurs à travers lesquels le PMN est considéré comme étant d’un apport indéniable en matière de compétitivité, il s'agit de l’amélioration de la qualité des produits (79%), de la productivité (73%) et de la qualification des ressources humaines (61%), composant esessentielles de la compétitivité hors prix.
L’apport du PMN est plus perceptible au niveau de l’investissement matériel (78%) qu’immatériel (55%). Il est appréciable en matière d’amélioration du positionnement compétitif des entreprises et de leur capacité d’adaptation.
Le PMN est d’un apport très significatif en terme de négociation avec la clientèle et de pouvoir vis-à-vis du concurrent sur le marché actuel tant au niveau interne qu’externe.
En matière de restructuration des fonctions de l’entreprise, l’apport du PMN est ressentie essentiellement au niveau de la gestion de production à travers notamment l’adoption de la démarche qualité et la certificationde la fonction commerciale en accordant un intérêt particulier aux actions de marketing.
Un des aspects importants de cette évaluation consiste à voir dans quelle mesure le PMN est parvenu à impulser le processus d’appropriation du savoir par les entreprises.
Les quatre piliers pris en considération dans cette approche de l’économie du savoir sont: les Ressources Humaines, la R&Det l’innovation, les TIC et les systèmes d’organisation et de gestion".83% des entreprises copilées ont affirmé avoir réalisé une action d'innovation (contre72%pourl’échantillontémoin).
L'apport du PMN à l'innovation est d'une grande importance au niveau de l'innovation, de procédé (73%), d’organisation (69%), de marketing (64%) et de produit (60%).
Une évaluation des performances avant et après PMN a fait ressortir les résultats suivants:
- La productivité moyenne du travail a enregistré une croissance appréciable estimée à environ 15%.
- En terme de chiffre d'affaires, les données montrent que les entreprises copilées ont réalisé un taux de croissance annuel moyen estimé à 12,6% au cours de la période couvrant leur premier plan de mise à niveau;
- importante contribution du PMN à l'effort d'exportation des entreprises: plus de 60% des entreprises copilées, qui travaillaient exclusivement pour le marché local avant leur mise à niveau, sont devenues exportatrices.
Une tendance à la hausse du taux de rentabilité moyen des entreprises copilées (de 28, 4% en 2005 à 35,3% en 2007), signe qu'elles ont su tirer profit des actions structurantes menées dans le cadre du PMN.
Un taux d'encadrement moyen dans les entreprises copilées (passantde 19,2% en 2005 à 20,7% en 2007) nettement supérieur à celui des entreprises non copilées.
Un impact positif du PMN sur la productivité et se traduisant par une productivité moyenne du travail des entreprises copilées nettement supérieure à celui de l'échantillon témoin.
Télécharger: Evaluation du Programme de mise à niveau
S'agissant du Programme de Modernisation Industrielle qui a constitué le sujet de la communication de Boujemaa Rémili, il ressort d'une enquête réalisée en 2009 que 69% des entreprises enquêtées feraient à nouveau appel à une expertise similaire au PMI et 46% acceptent une intervention plus chère de 30%.
Le PMI, a permis de mettre à la disposition des entreprises industrielles tunisiennes une offre de conseil spécialisé à des coûts très abordables. Il a été suffisamment réactif pour adapter son offre de conseil aux attentes des entreprises:
Télécharger: Enquête d'évaluation des résultats des actions du PMI
Mettre l'accent sur les investissements immatériels
Quant aux objectifs pour la prochaine étape, elles consisteront selon les propres termes de M. Ghannouchi à conférer au système de l'enseignement de la formation une plus grande efficacité, une meilleure qualité et une employabilité plus élevée à travers l'accroissement du nombre des ingénieurs diplômés du supérieur de 5000 en 2009 à 7000 en 2011 et 9000 en 2014.
Il s'agit aussi de recourir de plus en plus au système de certification des compétences par les institutions internationales spécialisées en vue de renforcer la valeur des diplômes délivrés par les institutions de formation nationales.
Le deuxième objectif vise la mise en place d'une nouvelle génération d'infrastructures par le triplement de la capacité du réseau autoroutier, la réalisation d'un port en eau profonde, la mise en place de zones logistiques et de pôles industriels et technologiques conformes aux normes internationales.
Le troisième objectif consiste à entamer de nouvelles réformes pour alléger la charge fiscale de l'entreprise, renforcer la base financière des banques, conforter la libéralisation du commerce extérieur, réduire les taxes douanières, progresser vers la libéralisation totale du dinar et procéder à une révision radicale de l'approche des incitations à l'investissement de manière à impulser l'investissement dans les régions de l'intérieur et dans les activités à haut contenu technologique, à forte composante de savoir et respectueuses de l'environnement. Mais l'entreprise restera au cœur des orientations et des réformes prévues
Le premier ministre a fait observer que la réforme se poursuit et que l'entreprise reste au cœur des orientations et réformes retenues pour la prochaine étape.
Il a affirmé la nécessité de voir le programme de mise à niveau refléter les objectifs qualitatifs et les défis de la prochaine étape, à savoir, le renforcement du contenu technologique des produits tunisiens et l'adaptation aux normes internationales, particulièrement, aux normes environnementales.
Il a évoqué les principales orientations devant être intégrées dans le programme de mise à niveau et de modernisation des entreprises industrielles soulignant l'importance de renforcer les relations de partenariat entre les entreprises industrielles et les structures de la recherche scientifique aux fins de renforcer la création, d'adapter la technologie et d'impulser la recherche développement au sein de l'entreprise.
Il s'agit aussi de mettre l'accent sur les investissements immatériels et le renforcement des programmes d'économie d'énergie et d'eau.