Le cri d’alarme de Nessim Soltani
Plus d’un tunisien a entendu le récit poignant, courageux, direct et clair de Nessim Soltani, cousin de Mabrouk Soltani que des mains sauvages ont décapité sauvagement après avoir sacrifié plus d’une chèvre pour satisfaire leur faim.
Nous avons vu, à la TV, une camionnette pleine de matelas en mousse aux abords des habitations des Soltani , offerts par la délégation de la région.
Sans doute d’autres menus besoins ont été satisfaits.
Nous avons vu aussi, à la Présidence, Si Belhaj consigner les besoins de ces villageois après leur réception par BCE.
Ces actions immédiates sont louables quoique tardives.
Le problème est que sur toute la frontière qui nous sépare de l’Algérie, d’autres groupements humains ont besoin de l’aide de l’Etat et de la société civile.
Faudrait-il que pour qu’on s’en aperçoive, quelqu’un d’autre soit décapité , ailleurs, et qu’il ait la chance de rencontrer les médias qui ont eu le mérite de lever le voile sur l’isolement, le dénuement, la peur que font peser sur eux cette bande de sauvages que avons été incapable jusqu’ici de maitriser?
Outre le récit pénible et émouvant du calvaire dans lequel ces frontaliers arrivent, tant bien que mal à survivre, Nessim a affirmé que les autorités n’ont jamais mis les pieds chez eux et que nos politiciens n’ont jamais eu la peine de voir quoiqu’ils nous informent, à longueur de journée au cours de leurs campagnes électorales, qu’ils ont ratissé le pays du Nord au Sud !
Ces villageois étaient-ils déjà sous terre ?
Il faut donc que les autorités locales quittent leurs bureaux pour effectuer le recensement des concitoyens qui se trouvent dans leur omda et dresser l’inventaire détaillé de leurs besoins pour en informer, l’Etat d’abord, ainsi que la société civile dans toutes ses larges composantes.
Pour éviter d’agir en rangs dispersés et répartir inéquitablement les efforts d’aide, il est plus qu’urgent de créer une structure transparente pour apporter un soutien efficace, soutenu et durable à tous ces concitoyens pour faire face, dans la mesure des moyens, à l’infrastructure défaillante et à la création de sources de revenus permanentes.
Il faudrait être sourd à l’appel de Nessim qui a affirmé qu’il faudrait éviter, à tout prix, que certains, sous la pression de la faim et qui n’ont à manger parfois que de l’herbe, soient recrutés aisément par les terroristes ou soient amenés à leur offrir leur soutien.
Un de ces villageois, sous la menace, n’a-t-il pas avoué leur avoir donné à manger ?
Une caserne existait et certains ont cru bon de la supprimer. Du temps où régnait la Paix dans ce pays, c’est concevable, mais aujourd’hui ça ne l’est plus.
A défaut de casernes ou de campements militaires, il y a lieu d’aménager des chemins carrossables facilitant l’accès à ces zones, même par mauvais temps, permettant à l’armée et à la garde nationale de multiplier les rondes et aux villageois de se déplacer facilement et de transporter leurs malades au dispensaire le plus proche, encore faudrait-il qu’on prévoie un moyen de transport.
Il va de soi que ces habitants doivent être sensibilisés à informer les services de sécurité au moindre mouvement douteux après leur avoir donner les moyens de le faire.
La structure permanente de soutien précitée pourrait être calquée sur le PDR ( programme de développement rural), ou le 26/26, mais en assurant des garanties de bonne gestion et surtout de transparence.
Des femmes issues de la société civile ayant acquis une expérience dans l’action caritative pourraient veiller au bon fonctionnement de cette structure dont les ressources comprendraient une dotation budgétaire, les dons de nos concitoyens personnes physiques et morales, les aides extérieures et celles des associations caritatives.
Ses comptes seront soumis semestriellement à une certification des comptes et seront publiés.
Enfin, l’impression que plus d’un citoyen a des chaines montagneuses qui nous séparent de l’Algérie est que c’est une véritable passoire pour les terroristes.
La coopération algéro-tunisienne n’a pas encore permis de resserrer d’un côté comme de l’autre l’étau sur les infiltrations de ces éléments ?
Ne pouvant pas le faire tout le long de la frontière et en une seule fois, ne pourrait-on pas agir par tronçons de frontière et assurer la sécurité des zones libérées ?
La densité des forets échappe-t-elle aux moyens technologiques qui tardent à venir des USA? Les moyens humains manquent-ils cruellement ? La volonté de l’une ou des deux parties fait-elle défaut ?
Oui, nous aimerions avoir une réponse à ces questions.
Parallèlement à l’action de soutien des populations, il est plus que nécessaire de maitriser la situation de cet espace malgré son étendue et son escarpement , car il demeure une source de revenus pour les villageois limitrophes.
Ils doivent pouvoir faire paître leurs animaux, ramasser du bois pour le chauffage et la cuisson et élever des ruches d’abeilles en toute sécurité car on ne peut négliger ces sources de revenus en attendant une sédentarisation, souhaitable mais encore bien lointaine et bien coûteuse, de nos concitoyens.
Mokhtar El Khlifi