Pourquoi Habib Essid se rend-il ce vendredi à Rome ?
« Avec les récents développements concernant la Libye, il est très important de se concerter avec nos amis italiens, sur l’évolution de la situation et les perspectives qui s’annonce. Encore plus à la veille de la grande rencontre sur la Libye que Rome accueillera ce dimnache 13 décembre. Il y a aussi le volet sécuritaire dans son ensemble et la coopération économique et financière bilatérale». C’est ce qu’a déclaré à Leaders, le chef du gouvernement Habib qui se rend ce vendredi matin à Rome pour une visite-éclair d’une journée.
A peine rentré la veille de sa tournée en Jordanie et au Qatar, il reprend en effet vendredi tôt le matin le même avion à destination de Rome pour une série d’entretiens au sommet de l’État. C’est ainsi qu’il sera reçu successivement par le président de la République, Sergio Mattarella, son homologue, Mattéo Renzi et le ministre de l’Intérieur, Angelino Alfano. En appui à l’attraction des IDE, il rencontrera le président du patronat italien, Giorgio Squizini.
Un autre rendez-vous était cependant pris de longue date pour ce vendredi. Habib Essid sera en effet l’invité d’honneur de la conférence de haut niveau sur les dialogues méditerranéens, MED ROME 2015. Organisée par l’Institut italien pour les études politiques internationale, principal think tank de la péninsule fondé en 1934, réunit de grandes personnalités internationales.
Sécurité et appui économique
Avec les plus hautes autorités italiennes, la coopération sécuritaire et l’appui à l’économie tunisienne s’invitent au cœur des entretiens. Les relations entre les deux pays sont excellentes comme en témoignent la visite en mai dernier à Tunis du président Martella, et celles de Mattéo Renzi en mars 2014, choisissant la Tunisie comme premier voyage à l’étranger au lendemain de sa nomination, puis fin mars dernier lors de la marche de soutien suite à l’attentat contre le Bardo. La coopération bilatérale s’emploie à se hisser à la hauteur de ces liens solides et cordiaux.
« Au premier rang, la lutte commune contre les dangers du terrorisme qui menace de près les deux pays, les voisins les plus proches de la Libye, l’immigration clandestine, la contrebande et le trafic de drogues. Tunis et Rome conjuguent utilement leurs efforts dans ces domaines, déclare à Leaders une source italienne.
Sur le plan économique, l’Italie est le deuxième partenaire de la Tunisie (après la France). Le volume des échanges entre les deux pays affiche 6 157.3 MD d’exportations tunisiennes et 5 433.3 MD en importations d’Italie, à fin 2014. Elle est également le 2ème investisseur en Tunisie, générant 801 entreprises qui assurent 60 480 emplois, et le premier donateur, avec 270 M d’euros en 2014.
« Les quelques rares dossiers « sensibles » entre les deux pays concernent les embarcations saisies pour avoir servi dans des traversées d’émigration clandestine et la question des 501 disparus non-encore identifiés, apprend Leaders de bonne source. Une action diplomatique soutenue est engagée pour leur trouver des solutions appropriées. La communauté tunisienne établie en Italie s’élève selon des sources consulaires à 199 968 personnes, se concentrant principalement à Milan (65 437), Gênes (44 111), Rome (39 598), Palerme (31 332) et Naples (19 490).
Méditerranée : Désamorcer les crises et partager les richesses
Le thème de l’édition 2015 de la conférence de haut niveau sur les dialogues méditerranéens, MED ROME, est de grande actualité : la sécurité, notamment face aux menaces terroristes et la coopération économique et sociale. Deux questions intimement liées lorsqu’il s’agit de création d’emplois, d’éducation et de dé-radicalisation. La liste des participants mentionne d’illustres personnalités dont le Premier ministre britannique, la Commissaire européenne aux affaires étrangères, les ministres russe et marocains des affaires étrangères, Elizabeth Guigou, Gilles Kepel et nombre de patrons de médias et de chercheurs, des deux rives de la méditerranée.
La communication d’Habib Essid lors de cette conférence est très attendue pour apporter éclairages et partager enseignements tirés des trois attentats successifs subis cette année par la Tunisie. Comment ont-ils été vécus ? Et quelle a été la conduite tenue et les dispositifs mis en place pour se prémunir à l’avenir autant que possible de pareilles attaques ? Autant d’interrogations qui se posent. Le débat qui suivra la communication s’annonce instructif.