Slaheddine Sellami: Nida Tounes, Suite et fin ?
J’ai suivi comme beaucoup d’adhérents et de sympathisants de Nida Tounes et comme beaucoup de Tunisiens ce qui se passe au sein de ce parti. Je voudrais revenir sur un certain jour du mois de février 2015. Ce jour-là, le bureau exécutif du parti avait voté à une majorité écrasante contre l’alliance entre Nida et Ennahdha. Malheureusement cette résolution a tout simplement été ignorée. Rares sont les députés et les membres du bureau exécutif qui ont osé manifester leur désapprobation. Ce jour-là constitue le début de la fin du parti du moins dans sa forme et dans sa conception de 2012.
Je comprends la réaction de députés fraichement élus et celles des membres du bureau exécutif qui ont tous été nommés (qui n’ont donc aucune légitimité) ainsi que celle des personnes qui ont été nommées soit au gouvernement soit à Carthage. Cependant cette absence de réaction était un signal très fort qui a montré que non seulement on est encore très loin de la démocratie, mais aussi et surtout que dans ce parti il y a un seul maître à bord et que vous avez le choix entre accepter ou quitter. Ainsi, le groupe des 32 avait raté l’occasion de dire non à ce moment-là. Aujourd’hui le mal est fait, le parti est déjà cadenassé, assurer un semblant de cohésion parait impossible.
Je ne suis pas d’accord avec ceux qui pensent que le problème est uniquement celui d’une lutte pour le leadership du parti. Le problème essentiel est une vision totalement différente pour la Tunisie entre ceux qui veulent aller dans la continuité du régime c’est-à-dire la fin de règne de Bourguiba puis l’avènement de Ben Ali puis un certain maquillage de la révolution et ceux qui veulent rompre avec ce scénario et ne garder des années Bourguiba que les deux premières décennies et bâtir une nouvelle Tunisie.
Vu les forces en présence et vu l’importance des lobbies La balance penche plutôt en faveur des premiers, mais il faut faire très attention, on joue avec le feu, l’avenir du pays est pour une rupture douce avec ce passé récent tout en mettant en place des réformes profondes et tout en s’occupant de l’avenir des jeunes, des régions défavorisées et des couches oubliées sans oublier la plus grande préoccupation de Bourguiba à savoir l’indépendance nationale.
Pour ma part, c’est ce que je retiens de la pensée bourguibienne, de celle des pères de l’indépendance et de celle des pionniers qui ont bâti l’Etat tunisien. Il me parait urgent de revenir à ces fondamentaux pour éviter de nouvelles révoltes.
Slaheddine Sellami