Le front républicain triomphe du Front National
La semaine dernière, après le premier tour des élections régionales, le pire des scénarii était envisagé pour la France. La moitié de ses régions étaient au bord du gouffre sous la menace du Front National (FN). Ce dernier, en position de maintien dans les treize régions, est arrivé en tête dans six d’entre elles et porté favori dans trois autres.
Ce dimanche, au second tour, la menace a été écartée: la droite républicaine a remporté sept régions, la gauche cinq et la Corse est revenue à ses Régionalistes.
La France, la République respire. Elle a eu chaud.
Ni la Droite – malgré sa conquête de la région la plus riche, l’Ile de France -, ni la Gauche – qui limite les dégâts et sauve les meubles malgré ses échecs- n’ont versé dans le triomphalisme. Si la Présidente du FN, si son numéro deux Florian Philipot et si la petite fille du fondateur du Parti ont été largement battus et écartés de l’exécutif régional, c’est grâce au sursaut républicain et à l’exceptionnelle mobilisation citoyenne. En effet la participation qui n’était que de 49 % au premier tour dimanche dernier a progressé ce dimanche au second tour de presque 10 points atteignant 58,53 %. Un sursaut qui rappelle le deuxième tour des Présidentielles de 2002 opposant Jacques Chirac à … Jean-Marie Le Pen.
Il est vrai par ailleurs que le PS s’est retiré là où des triangulaires pouvaient faire gagner le candidat frontiste et notamment dans le Grand- Est, en PACA et au Nord-Pas-De-Calais. Alors que ce Parti a fait le sacrifice de ses propres intérêts en prenant le risque de n’avoir pendant six ans aucun élu dans ces régions, le parti Les Républicains par la voix de son présidentNicolas Sarkosya opté pour le fameux « ni, ni » ni le FN, ni le Front républicain. Heureusement,ses électeurs ne semblent ni l’avoir écouté, ni l’avoir suivi sinon les résultats auraient été différents.
Les partis traditionnels s’en sortent non pas parce que les électeurs ont voté pour eux, pour leur programme. Encore une fois, ils s’en sortent grâce au vote contre le FN. Ils s’en sortent mais cette fois-ci plus ébranlés que par le passé car non seulement le FN progresse et totalise près de 7 millions de voix, mais désormais il étend son emprise en s’implantant dans le territoire grâce au triplement du nombre de ses élus, ce qui facilitera les parrainages et les 500 signatures nécessaires à Marine Le Pen pour les Présidentielles de 2017.
Même si ces élections ont démontré que le parti d’extrême droite plafonne à 29%, qu’il ne dispose au deuxième tour des élections ni de réserve, ni d’allié, il s’impose aux acteurs du Paysage Politique Français de tirer les conséquences et d’agir très vite pour changer les choses car il ne reste plus que 18 mois jusqu’au rendez-vous de 2017.
Dix-huit mois pour détourner les électeurs du FN au lieu de « dignifier » ce parti en lui tendant tous les micros et en l’invitant sur tous les plateaux comme s’il s’agissait d’un parti comme les autres. Dix-huit mois pour démystifier et démonter le discours et les idées de l’extrême droite au lieu de les banaliser et de les légitimer en s’en approchant voire en les adoptant. Dix-huit mois pour proposer aux citoyens un programme qui répond à leurs attentes et s’attaque à leurs difficultés. Dix-huit mois pour trouver des solutions au chômage et à la précarité. Dix-huit mois pour trouver une parade au terrorisme et à l’insécurité. Dix-huit mois enfin pour trouver des remèdes aux inégalités, aux discriminations et au racisme.
Dix-huit mois, c’est peu mais c’est assez pour redonner de l’espoir.
Slaheddine Dchicha