C’est sa bête noire, depuis le premier jour où il avait été porté en décembre 2011, président provisoire de la République. Moncef Marzouki ne s’est pas privé d’une charge intempestive contre la diplomatie tunisienne, dans le discours qu’il a prononcé dimanche à l’occasion de son parti « Harak Tounès Al Irada ». Tout y passe, avec une fixation sur la Libye, déplorant l’absence de la Tunisie en rôle central à jouer dans le dialogue interlibyen. Ce qu’il n’a pas reconnu, c’est que les principales parties libyennes concernées ont récusé son intervention personnelle dans ce dossier. L’ancien ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, dûment mandaté par Marzouki, s’était rendu en mars 2015 à Rome y rencontrer à cet effet des dirigeants libyens, en marge d’un round de négociations. Leur réponse était catégorique : « Le plus grand service qu’il puisse nous rendre, c’est qu’il se tienne à l’écart de nos affaires internes ». Hamdi peut en témoigner.
Mais, ce n’est pas l’unique contre-vérité rapportée dans son discours. La libération en juin 2014, des deux diplomates tunisiens, Laroussi Gantassi et Mohamed Bencheikh, pris en otage en mars 2014 Libye, ne lui doit en rien, et moins encore à l’ambassadeur désigné par Ennhadha qu’il a nommé à Tripoli. Tous les rapports officiels et témoignages avérés attribuent à cette réussite au ministre des Affaires étrangères, Hamdi et à un ancien ministre libyen de l’Intérieur, Mohamed Cheikh. Les détails avaient été rapportés à temps par Leaders.
Cette conduite personnelle de la diplomatie était restée une obsession pour Moncef Marzouki. Autant aussi pour l’Armée. Il avait en effet confondu dans l’exercice de ses prérogatives, pour ce qui est de la diplomatie, entre le droit de nommer avec l’accord du chef du Gouvernement aux hautes fonctions au sein du ministère des affaires étrangères (Article 11 – para 13 de la loi n° 2011-6 du 16 décembre 2011, portant sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics), et gestion directe de la diplomatie.
On lui doit alors la rupture des relations avec la Syrie, à minuit, sans en référer au ministre en charge, comme a fini par le révéler Rafik Abdessalem. Mais aussi la nomination de militants partisans sans la moindre expérience, ni dans la diplomatie, ni dans l’administration, à la tête des ambassades aussi importantes que celles de Ryadh ou Tripoli, avec les conséquences qu’on connait. Pour ce qui est de l’Armée, si, au titre de la même loi, « Il assure le haut commandement des forces armées, il ne préside pas pour autant de droit le conseil supérieur des armées. D’ailleurs lorsqu’il a voulu le convoquer à Carthage, et exclure le Directeur général de la Sécurité militaire qui n’était pas de son goût, le conseil s’était réuni sans lui, au ministère de la Défense, sous la présidence du ministre Ghazi Jeribi.
L’histoire est terrible : elle ne lâche personne.