Habib Bennour: la mélodie d'amour
Il n’a jamais cessé de surprendre par ses initiatives les plus inattendues… et de combler par sa générosité jusqu’au partage de son vécu et à la transmission de ses enseignements. A 80 ans, et toujours pimpant, Habib Bennour, l’un des pionniers du tourisme à Sousse, mélomane inverti, past-gouverneur du Rotary International, pour l’Afrique du Nord, raconte dans un superbe ouvrage abondamment illustré son parcours de self made man. Le luxe de l’édition (Bennour c’est toujours luxueux), n’a d’égal que la sincérité du récit, le raffinement des textes et l’évocation des photos.
S’entourant des meilleures plumes, sollicitant le témoignage de ceux qui, avec réelle légitimité peuvent se prononcer sur son parcours, faisant lire et relire la maquette à des connaisseurs, confiant l’édition, à un Naceur jeljli bien chevronné, il nous offre une véritable œuvre d’art et de lettres. Qui s’y attendait de sa part. Qui l’en aurait cru à même de le réussir? Taquin, Habib Bennour rappelle ce que dfisait Walter Bagehot (1826-1877): «le plus grand plaisir dans la vie est de réaliser ce que les autres vous pensent incapables de réaliser». Jusqu’au bout, Bennour est dans les plaisirs de l’esprit.
Orphelin à 17 ans, il abandonne ses études pour reprendre la place de son père à la conserverie chez Nessim Darmouni à Sousse, et subvenir ainsi aux besoins de la famille. Il se doit aussi de s’occuper d’un petit café familial à Beb jedid. Employé aux écritures toute la journée, cafetier la nuit, il trimait avec labeur et sans relâche, gagnant la confiance de ses employeurs et ralliant ses employés (Café) à une nouvelle vision. Bennour sera toujours novateur.
La détermination de réussir
Bennour s’exerce à la comptabilité et à la gestion. Au prix d’un immense effort, il se hisse dans l’hiérarchie, voyant ses tâches s’étendre à toutes les filiales du groupe et s’élever en hautes charges. Tout en veillant sur son café auquel il imprimera un newlook, il s’emploiera en effet à le moderniser en y introduisant la musique arabe des grands chanteurs orientaux en vogue. D’ailleurs il profitera d’un voyage au Caire, organisé par Noureddine Ben Mahmoud, pour faire la connaissance de Fardid Latrache, Mohamed Abdelwaheb et autres Charazade ainsi que d'autres ténors avec lesquels il liera amitié. Les disques qu’il en ramènera feront le grand succès de son café.
L’expérience du premier café s’avérant payante, il s’associe avec des amis pour la reproduire dans d’autres quartiers de Sousse et notamment au Centre-Ville. Et c’est ainsi que lorsque la municipalité décide de mettre en gestion le Casino sur le Boujaafar, c’est au duo Habib Bennour et Abdelhamid Mehdoui qu’elle le confie, donnant ainsi le signal à une saga gastronomique et hôtelière. Le succès fulgurant de cette expérience incitera Bennour à ouvrir l’hôtel Justinia (puis Nour Justinia) et se lancer parmi les pionniers dans le tourisme.
On découvre alors Bennour l’hôtelier talentueux qui fait montre également de sa passion de grand mélomane, découvreur et soutien de talents (Bouchnak, Soufia Sadok, Amina Fakhet…), ami des stars, offrant galas et concerts ouvrant table et gîte aux grands noms de la chanson. On le suit aussi dans ses pérégrinations aux quatre coins du monde, puisant dans les voyages et visites de musées et grands monuments un ressourcement épanouissant.
Un Rotarien convaincu
Prolongement naturel, son engagement au service du Rotary International qui le conduit aux charges de gouverneur du District 9010 couvrant les pays du Maghreb. Une grande expérience internationale qui l’envoie en formation aux Etats-Unis pour se préparer à la réussite de son mandat et une véritable école de la vie associative et de l’action solidaire. Habib Bennour y gagnera des milliers d’amis sur les cinq continents, conquis par sa détermination à servir.
A le suivre dans ses tournées dans les villages les plus reculés du Maroc et de la Mauritanie, portant aide à des écoles enclavées, des dispensaires rudimentaires et une enfance fragilisée, on est impressionné par sa sincérité, son engagement efficace et son suivi rigoureux des projets initiés. Toute l’organisation mondiale le lui reconnaît et c’est ainsi qu’il a reçu de hautes distinctions du Rotary International, remises en personne par le président Luis Vicente Giay, devenu un véritable ami personnel.
Demandez à ses amis…
Habib Bennour a tenu à placer dans le premier chapitre de cet ouvrage, juste après l’hommage rendu au chef de l’Etat, une mention distinguée ponctuée par un portrait élogieux à cinq grandes personnalités qui ont marqué son parcours : Hassen Ben Said, Ahmed Noureddine, Dr Hamed Karoui, Hédhili Chaouache et Me Abdeljélil Bouraoui. Il consacre aussi, la dernière partie à des témoignages écrits spécialement par nombre de ses amis (Abdelhamid Mehdoui, M’hammed Driss, Aziz Milad, Ahmed Smaoui, Mounir Ben Milad, Habib Mansour, Azeddine Kettani, Mounir Chamma, Lotfi Bouchnak, etc.).
Mais la partie la plus poignante, son jardin secret auquel il nous convie, c’est sans nul doute les deux chapitres qu’il consacre, le premier, à ses aïeuls et, le second, à sa famille actuelle. Habib Bennour évoque, sans la moindre omission, chacun des siens, photos à l’appui. Les témoignages de sa précieuse épouse, Latifa Belajouza, et de ses enfants révèlent des facettes affectueuses et insoupçonnées, d’un mari et d’un père qui a tant donné et continue à le faire. A ses côtés, Latifa est toujours la compagne patiente et fidèle, la confidente, la complice, l'amour de sa vie "que serais-je sans elle, répète-t-il?".
Mémoires d’une vie, histoire du tourisme à Sousse, évocation de beaux jours rotariens, album de famille, secrets d’une réussite, passion de la musique, et leçons de fidélité aux amitiés et d’ardeur au travail : tout-à-la fois, Haj Habib Bennour, qui a toujours été entier, se livre à cœur ouvert à travers le meilleur don qu’il puisse faire à ceux qui auront la chance de lire cet ouvrage. Un seul regret : que ce livre ne soit pas disponible en librairie, ni mis en ligne à travers un site web à créer en « Papa», comme tous l’appellent affectueusement, le vaut bien.
Mélodie d’une vie, l’hôtelier et le mélomane Habib Bennour
Entretiens réalisés avec Adel Ben Youssef
Imprimerie Simpact, février 2010, 238 pages grand format, non destiné à la vente