Révolution An V : une célébration a minima à Carthage
Sur fond de démissions à Nidaa Tounès et de tensions sociales, la Tunisie a célébré jeudi le cinquième anniversaire de la révolution. Une célébration a minima il est vrai, tant sur le plan officiel que sur le plan populaire. Boycottée par l’opposition, la cérémonie au palais de Carthage s’est limitée au discours du président de la République. BCE est revenu sur la crise qui secoue son parti se défendant notamment de toute tentation dynastique : « Je ne suis pas l'héritier de Bourguiba et je n'ai pas d'héritier. Je considère que tous les Tunisiens sont mes enfants. D’ailleurs, j'étais intervenu dans la crise qui secoue ce parti que j’ai quitté au lendemain de mon élection parce c’est l’image de la Tunisie qui risquait d’en pâtir ».
Evoquant la menace que le terrorisme fait peser sur le pays, il a annoncé l’organisation au printemps d’un congrès national sur les problèmes de la jeunesse tunisienne avec comme objectif de définir les stratégies et outils pratiques devant permettre de lever l’injustice qui les frappe et de favoriser leur intégration.
« Le temps est venu de protéger (les jeunes)des mauvais vents qui emportent ou leurs embarcations en pleine mer ou leur raison quand ils se laissent aller au désespoir et au lavage de cerveaux. Ils se retrouvent ainsi enrôlés dans de sordides champs de batailles, dans des guerres qui ne sont point les leurs. C’est là où ils apprennent à mourir alors qu’ils ont à apprendre à vivre et à prendre part à la construction de leur unique pays, la Tunisie dont ils sont l’ultime avenir ».
Le président de la République a annoncé la constitution d’un comité d’experts qui aura pour mission de réviser tous les textes juridiques, à commencer par le Code pénal, « afin de rendre les lois conformes au souffle de liberté qui anime la nouvelle Constitution et dépoussiérer celle-ci de toutes les dispositions liberticides qui sont devenues caduques et inappropriées à l’esprit de notre époque ».
Le président de la République a recommandé de penser de nouveaux mécanismes qui permettront de lutter efficacement contre toutes les formes de racisme et de ségrégation sur la base de la croyance ou de la couleur de la peau, rappelant, dans la foulée, la célébration, le 23 janvier, du 170ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage par Ahmed Bey 1er
Il s’est engagé à parachever l’édification démocratique, en activant les institutions constitutionnelles prévues et en renforçant les libertés individuelles. Il a annoncé l’initiative de proposer un projet de loi qui abroge la Loi 52, datant du 18 mai 1992 relative aux stupéfiants, et la remplace par un nouveau dispositif conforme aux traités internationaux et aux dispositions de la nouvelle Constitution.
« Seul l’esprit de réforme nous conduit à adopter des sanctions graduelles, à prévenir, intégrer et guérir avant de punir. Il est absurde de pousser des jeunes ayant fauté pour la première fois, vers l’obscurité des prisons et de l’inconnu et compromettre ainsi leur avenir avant de leur offrir une deuxième chance », a-t-il expliqué.
Outrée par « une nouvelle violation de la constitution », que constituait selon elle le passage du discours présidentiel sur Nidaa Tounès, Maya Jribi, secrétaire générale du parti républicain a quitté ostensiblement la salle « Trop, c'est trop », a-t-elle commenté.