Crise dans les zones intérieures, la Tunisie rate le coche à chaque fois. Pourtant les solutions existent..
Il est intéressant tout d'abord de faire un petit sur les crises majeures qui ont traversé les zones intérieures dites défavorisées de la Tunisie
Sous Ben Ali
Juin 2008- émeutes à Redeyef , Gafsa (puis ailleurs pour dénoncer la corruption dans l'attribution des postes à la CPG et pour appeler à prendre des mesures pour les diplomés chomeurs.
Décembre 2010- Emeutes a Sidi Bouzid suite au suicide d'un diplomé chomeur et pour inciter l'Etat à prendre des mesures pour les diplômés chômeurs et dénoncer la précarité des zones intérieures.
Sous la Troika
Novembre 2012: Emeutes à Seliana (puis ailleurs) contre la nomination du gouverneur et pour inciter l'Etat a réagir face à la situation précaire des diplômés chômeurs
Sous la coalition Nidaa
Janvier 2016: Emeutes à Kasserine suite a la mort d'un diplomé chomeur qui dénonce les pratiques véreuses dans le recrutement des fonctionnaires et pour inciter l'tat à prendre des mesures pour les diplômés chômeurs
On remarque donc plusieurs points:
1/ Quel que soit le gouvernement, Il y a toujours eu des émeutes.
2/Il y a toujours eu un élément déclencheur
3/ Les gouvernements successifs ont à chaque fois tant bien que mal essayé de réagir par des mesurettes
4/Aucune mesure n'a réellement eu d'effet et les réformes n'ont pas abouti aux résultats escomptés
5/Les mouvements protestataires s'estompent en quelques mois après un pic mais ce n'est que partie remise
6/Les régions interieures (défavorisées) sont telles une cocotte-minute qui explose chaque 2/3 ans
Et pourtant des solutions existent:
Certes une baguette magique ne peut résoudre les problèmes des régions délaissées depuis des décennies, mais des mesures à court , moyen et long terme auraient pû être appliquées :
Au niveau politique, les constituants aurait pû aller jusqu'au bout et donner un pouvoir réel politique aux différentes régions du pays. Aujourd'hui le constat est là, la Tunisie est toujours un pays ultracentralisé, les gouverneurs sont toujours nommés et la politique régionale toujours dictée par l'Etat.
je ne m'étalerai pas sur les constats economiques et sociaux sur tout le long du territoire. Certes, il y a eu des incitations à l'investissement et un encouragement pour promouvoir des projets dans les zones défavorisées mais cela n'a pas abouti car l'infrastructure est absente.
Bref, on a raté le coche politique, mais il n'est jamais trop tard:
Sur le court terme , à mon avis, il faudrait revoir la politique de taxation et d'imposition dans les régions défavorisées quitte à réduire la TVA dans certains domaines économiques dans ces dites régions et alléger les impôts et les charges sociales; c'est une manière de faire une discrimination positive. Ceci est valable actuellement pour les nouveaux projets, mais j'appelle le généraliser à tous les domaines.
Sur le moyen terme, on doit revoir les quotas dans les universités qui sont actuellement des pourvoyeurs de diplômés chômeurs. Il faut une politique dynamique qui ait un regard sur l'économie et adapte les demandes en fonction des besoins réels. il faudrait aussi, valoriser certains métiers en soutenant les microprojets.
Sur le long terme, demander des crédits internationaux pour la mise en place d'une infrastructure réelle dans ces zones. Il n'est pas normal de ne pas avoir d'autoroutes du Nord au Sud dans tout l'intérieur de la Tunisie ( de Tabarka a Gafsa) et qui relie les zones côtieres.
Voilà , rien n'est utopique, la révolution tunisienne semblait être une utopie fin 2010.
Slim Gharbi