Combattre le fléau du chômage : une priorité nationale
Le fléau du chômage continue à gangréner notre Société et semble vouloir s’installer durablement dans notre Pays.
Hormis l’Etat, premier recruteur, affectant considérablement nos équilibres budgétaires, plusieurs initiatives, lancées ici et là, pour endiguer ce fléau, ont avorté et n’ont guère atteint un quelconque objectif escompté.
Les mécanismes favorisant l’entreprenariat, mis en avant comme solution à la création d’emplois, se heurtent à la sous-qualification de nos demandeurs d’emplois, eux-mêmes sans moyens et réfractaires aux risques, à juste titre lorsqu’on sait que prés de la moitié des entreprises créées connaissent des difficultés, souvent financières, périclite dans les cinq années qui suivent leur création.
De plus, le rythme de création de nouvelles sociétés ne peut guère égaler la capacité de développement du tissu économique existant et plus particulièrement des entreprises déjà installées.
L’autre raison de taille, est l’absence d’un consensus général sur la manière et les mécanismes partagés pour éradiquer ce fléau.
Vus l’ampleur et les méfaits constatés et à venir, en alimentant le terrorisme, la contrebande, la délinquance, et la corruption, le consensus recherché doit impliquer tout l’écosystème social de la Tunisie, incluant le citoyen lambda qui doit accepter, contribuer et apprécier sa contribution à une opération d’envergure et de sauvetage national.
Cette contribution consiste à renoncer aux augmentations salariales des 2 ou 3 années à venir, pour la réserver aux demandeurs d’emplois sans revenus.
La période est propice pour lancer un tel dialogue, puisque les négociations sociales vont bientôt démarrer pour 2016 et 2017.
Pourrait-on démontrer encore une fois, que le génie tunisien est capable d'actionner le levier de solidarité qui sommeille en nous, et qui sera in fine profitable à toutes les parties.
Nous avons tous constaté qu’à l’issue des négociations sociales au fil des années, personne n’est satisfait, et que le niveau d’inflation induite neutralise tout espoir d’amélioration du pouvoir d’achat.
Si l’on imagine que les augmentations salariales fixes de 2016 à 2018 soient remplacées par une augmentation du nombre d’emplois des sociétés productrices dans les mêmes proportions, nous ne dénombrons que des avantages pour tous les maillons de la chaine sociale:
- Les demandeurs d’emplois qui vont retrouver un statut social, une dignité, mais surtout les ingrédients anti-tentation pour plonger dans la délinquance, la contrebande, ou le terrorisme.
- Les employeurs – hors fonction publique bien entendu qui a assez contribué jusque là – qui vont ainsi arrêter de voir leurs charges salariales augmenter sans contrepartie, en l’absence d’une politique partagée d’amélioration de la productivité, mais par l’intégration de nouvelles ressources qui contribueront à l’augmentation de la valeur de la production. La compétitivité de l’entreprise sera ainsi préservée. L’attrait de la Tunisie aux investisseurs étrangers en sera amélioré.
- Ces mêmes employeurs, vont également profiter de l’augmentation de la consommation qui sera générée par ces nouveaux employés et qui viendra absorber la production additionnelle dégagée.
- Les Syndicats: outre le fait qu’ils vont voir leurs bases d’adhérents s’élargir de quelques centaines de milliers de nouveaux travailleurs, ils vont jouer un nouveau rôle de défense du consommateur, par la pression qu’ils exerceront sur toutes les sources d’inflation, pour préserver le pouvoir d’achat, et justifier à leurs bases les bienfaits de leur adhésion à ce programme.
- Les caisses de sécurité sociale, dont la situation se dégrade avec le temps et l’amélioration de l’espérance de vie, avec un ratio de nombre de cotisants pour un retraité qui ne cesse de se rétrécir, et pour lesquelles l’arrivée massive de ces cotisants ne peut que réamorcer le redressement de ces caisses.
- Le Budget : arrêter les augmentations salariales de la fonction publique pour digérer déjà les niveaux atteints, collecter l’impôt et la TVA de ces salariés consommateurs, va donner un répit à la part des salaires dans le budget de l’Etat
Tous les facteurs de succès d’une telle initiative d’intérêt national peuvent être réunis, avec une bonne dose de communication axée sur notre élan de solidarité, d’abord pour nous tous, mais surtout pour nos enfants et pour les générations futures, et pour que la Tunisie retrouve l’admiration qu’elle a eue à maintes reprises de toute la communauté internationale.
Bilel Sahnoun