Saddam: Les secrets d'une mise à mort
20 mars 2003: la guerre de l’Irak est déclenchée dans une horreur dantesque. Un tournant historique pour ce pays et toute la région, marqué par la destruction des potentialités névralgiques de l’un des plus grands pays et des plus puissants du Moyen-Orient et l’arrestation, puis l’exécution de son président Saddam Hussein. Sept ans après, Me Khalid Al-Doulaïmi, premier avocat choisi par Saddam et chargé de présider le «comité de soutien pour la défense du président Saddam Husseïn et de ses camarades mis aux arrêts» (avec notamment Mes Khassaouna, Ramsey Clark, et des dizaines d’autres confrères), livre dans un ouvrage-document, «les secrets d’une mise à mort». Un témoignage de première main par celui qui a été le premier autorisé à rencontrer le président captif, l’un des rares à avoir pu recueillir ses confidences et jouer un rôle clef dans son procès.
La vérité sur l’arrestation de Saddam, sa captivité, ses relations avec ses geôliers, ses interrogatoires, son procès et ses analyses de la situation: Khalid Al-Doulaïmi fait de son ouvrage un devoir de conscience. Il éclaire également une zone jusque-là peu connue des tractations de coulisses, à Amman, siège du Comité de Défense, et dans d’autres capitales arabes, avec divers émissaires auprès de souverains et chefs d’état arabes et tout le lot qu’on peut deviner d’intox, de surenchères, de basses manœuvres et de nobles propositions pour libérer Saddam, l’exfiltrer d’Irak et faire cesser la résistance.
Des scènes d'horreur et de vengeance
Le président Saddam que décrit son avocat affiche toujours « charisme, sérénité et attachement à son pays et à la nation arabe». Jusqu’au bout. Précis dans son témoignage, Al-Doulaïmi étaye ses propos par de nombreuses scènes et attitudes, vécues personnellement ou consignées de la bouche de Saddam. Qu’il s’agisse de la première guerre du Golfe, de l’invasion du Koweït, de l’attaque d’Israël, des relations avec les pays arabes, les Etats-Unis, ou encore du mode de commandement en Irak ou de sa propre famille, notamment l’attitude de ses fils Oday et Kossay, l’ancien président irakien n’a pas manqué de confier, de sa cellule, à son avocat, sa part de vérité pas toujours convaincante. Mais le livre se laisse lire et d’une seule traite, d’autant plus que la traduction en langue française, effectuée par Omar Al Feniki, a scrupuleusement respecté le texte original et su juste lui conférer précision des vocables et raffinement du style.
Présent aux côtés de Saddam jusqu’aux derniers jours, Al-Doulaïmi, n’a pas été cependant autorisé, contrairement aux droits de son client, d’assister à l’exécution de la peine capitale infligée. Mais, analysant les images vidéos diffusées, recueillant des témoignages dignes de foi, et recoupant nombre de détails significatifs et probants, il a pu en reconstituer le déroulement atroce, non sans avoir analyser la pression exercée sur les Américains pour prononcer cette sentence, décider des modalités et de son exécution et se faire livrer le président irakien. Scènes d’horreur, de vengeance, de rancune, perpétrées avec des connivences et des implications d’ennemis voisins.
L’ouvrage se termine, en annexes, par des lettres de Saddam, l’annonce de sa mort, des communiqués, la transcription de ses entretiens, le 25 juillet 1990, avec l’Ambassadeur américain April Glasby, la relation de la bataille de l’aéroport de Baghdad et… la carte de l’Irak. Dans sa préface, Geneviève Moll, journaliste et écrivain, écrit que « ce livre explique la rancœur de la rue arabe à l’égard de l’Occident et pourquoi Saddam Husseïn, depuis son exécution montrée d’une manière indécente sur toutes les télévisions du monde, est devenu un martyr musulman. »
Saddam
Les secrets d’une mise à mort
Livrés par son avocat Khalid Al-Doulaïmi
Editions Sand, février 201, 288 pages