News - 29.02.2016

Moncef Marzouki, en observateur de l'UA : les présidentielles aux Comores suscitent de vives contestations (Photos)

Moncef Marzouki, en observateur de l'UA : les présidentielles aux Comores suscitent de vives contestations

Malgré ses efforts reconnus par la quasi-totalité des 25 candidats au premier tour des élections présidentielles tenues aux Iles Comores le 21 février courant, Dr Moncef Marzouji, mandaté par l’Union africaine, n’a pu faire éviter une vive vague de contestation des résultats proclamés. Dix-neuf des 25 candidats ont exigé un recomptage des voix et appelé à une opération ville morte dans la capitale Moroni, ce samedi. Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a déclaré dimanche suivre avec préoccupation l'évolution de la situation aux Comores et a exhorté le gouvernement, les candidats et tous les acteurs et institutions impliqués dans le processus électoral à respecter les règles établies et à s'abstenir de recourir à la violence. Sauf invalidation, trois candidats déclarés arrivés les premiers disputeront le deuxième tour prévu le 10 avril prochain
La mission d’observation de l’Union Africaine, forte de 35 membres et conduite par l’ancien président Mohamed Moncef Marzouki a noté qu’ "en dehors de quelques incidents isolés, l’ensemble du scrutin s’est déroulé de manière ordonnée et paisible", appelant "l’ensemble des acteurs politiques à garder (leur) calme et à respecter les résultats de cette première étape des élections".


Dr Marzouki était accompagné lors de cette mission notamment d’Imad Daïmi, député à l’ARP. Témoignage.
 
Le cadre est agréable : paysage paradisiaque, climat très humide en cette saison de pluie, peuple gentil et accueillant, fier de son identité musulmane et très proche de la nation arabe. Infrastructure très modeste et pauvreté généralisée. On note la présence d'une toute petite communauté tunisienne (un homme d'affaire, quelques cadres d'entreprises et quelques techniciens)
 
Dr Marzouki a dépassé le cadre habituel d'observation technique pour jouer un rôle de facilitateur entre les différentes parties. Il a participé à la réduction de tensions et conflits avant le jour du scrutin et après l'annonce des résultats. Il a rencontré les 25 candidats aux présidentielles avant et après le scrutin et a réussi à convaincre le gouvernement d'accepter les conditions posées par la majorité des candidats la veille du scrutin à savoir : annuler l'utilisation des procurations (suite aux informations sur la circulation dans le pays de milliers de procurations achetées par certains candidats) et annuler les restrictions sur la présence des assesseurs dans les bureaux de vote. En effet, 23 des 25 candidats avaient menacé de se retirer et appeler au boycott si leur demande ne soit pas agrée.
 
Le jour du scrutin Dr Marzouki a fait le tour d'un grand nombre de bureaux de vote. Il a assisté à l'ouverture d'un bureau et y est retourné pour assister à sa clôture et au dépouillement des voix au sein de ce bureau. Il a demandé d'aller dans la journée à des bureaux dans des petits villages isolés.
 
Le jour de la proclamation des résultats, l'UA a appris de sources locales que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) subit des pressions énormes de part et d'autre ce qui a causé un retard de l'annonce des résultats plusieurs heures. Dr Marzouki a décidé alors d'aller au siège du l'Assemblée nationale où se déroulaient la délibération de la CENI pour encourager les responsables de cette instance et les rassurer en leur rappelant les principes de la charte africaine sur la transparence des élections. Deux heures plus tard, les résultats ont pu être annoncés. 
 
Dr Marzouki a fait beaucoup de pédagogie avec toutes les parties prenantes pour convaincre tout le monde d'accepter les règles du jeu démocratiques en acceptant les résultats ou en utilisant les voies de recours légales pour contester en cas de détention de preuves sérieuses sur des dépassements constatés. Il s'est assuré auparavant que la Cour Constitutionnelle était disposée pour recevoir les plaintes des candidats et les traiter dans les délais fixés par la loi.
Dr Marzouki était prêt à prolonger son séjour pour participer à résoudre les conflits post-scrutin et pour garantir de tenir le second tour.
 
Le travail du président Marzouki et son implication étaient très appréciés par les observateurs et les responsables de l'UA, mais aussi par les missions diplomatiques et les autres délégations d'observation (Ligue Arabe, ONU, Commission de l'Océan Indien, Francophonie, conférence Islamique, etc.).  
 
Les textes de l'UA gérants les missions d'observation des élections sont très bien conçus et constituent des outils importants de l'amélioration et consolidation du processus démocratique dans notre continent. Ces textes ratifiés par la majorité des pays africains donnent au MOEUA une importance majeure dans l'accompagnement des élections dans le continent.
Dr Marzouki a été sollicité pour retourner au iles Comores présider la MOEUA pour le second tour prévu en début Avril.
 
Au cours de son séjour, Dr Marzouki a rencontré des cadres comoriens ayant effectué leurs études en Tunisie. Ils en gardent de très beaux souvenirs, adorent la Tunisie et veulent que notre pays continue à recevoir des étudiants comoriens et africains de façon générale. 
Le tableau qu’ils ont offert au président Marzouki représente l'emblème des comoriens qui est le 
Cœlacanthe, poisson préhistorique que l'on croyait disparu depuis 60 millions d'années.