Ibn Al Jazzar, Illustre figure de la Médecine Arabe à Kairouan au Xème siècle
Docteur en Pharmacie et pour avoir établi et annoté une grande partie de son œuvre, le Dr Radhi Jazi est bien indiqué pour présenter Ibn Al Jazzar, cette illustre figure de la Médecine arabe. La conférence qu’il vient de donner, début mars courant, à l’ouverture du 31ème congrès de la société tunisienne de chirurgie, fait figure de document précieux que Leaders est heureux de publier en exclusivité.
L’histoire de la médecine est universelle. Elle remonte à la nuit des temps.
Tour à tour, divers pays y ont apporté leur contribution: les Chinois, l’Extrême-Orient, la Mésopotamie, l’Egypte ancienne, les Grecs….
Au moyen âge, et plus précisément avec l’avènement de l’Islam, au VIIème siècle, et jusqu’aux confins du 18ème siècle, c’est la ‘’Période Arabe’’: c’est l’âge d’or de la science arabo-musulmane, qui s’étale sur un millier d’années. Avicenne et bien d’autres savants n’ont cessé d’être des maîtres à penser, et enseignés dans les universités occidentales, grâce à la traduction de leurs œuvres dans les langues scientifiques de l’époque.
Dans la ruée médicale du Xème siècle, la ville de Kairouan, capitale de l’Ifriquia, et aussi de la Sicile, sa province - sous le règne de la dynastie des Aghlabides, suivie des fatimides(1) – un savant se distingue.
Né en 898, IBN AL JAZZAR, illustre médecin, meurt en 980. Sa vie remplit tout ce Xème siècle. Durant sa vie, il rayonne non seulement à Kairouan sa ville natale, en Ifriquia, mais aussi en Orient et en Occident.
L’œuvre d’IBN AL JAZZAR s’introduit en Europe par deux voies; d’un côté, en France via l’Andalousie et l’Espagne, et d’un autre côté par l’Italie, et notamment par Salerne et le Monte Cassino. Les ouvrages traduits en latin, en grec, et aussi en hébreu se répandent en Occident. La Tunisie, son pays natal reconnaissant, a célébré en 1984 le millénaire de la mort d’IBN AL JAZZAR, et un timbre commémoratif a été émis, conçu par le grand peintre Ali BELLAGHA.
Timbre du millénaire d’Ibn al-Jazzar (1984)²
La vie d'Ibn Al Jazzar
De son vrai nom, Abou Jaâfar Ahmad ibn Ibrahim ibn Ali ibn Abi Khaled, plus connu par le surnom d’Ibn al-Jazzar, est né, à Kairouan, capitale politique, culturelle et économique de l’Ifriquia, sous le règne de l’émir aghlabide Ibrahim II(2).
Ibn al-Jazzar appartient à une famille honorable de médecins praticiens célèbres. L’historien Ibn abi Ussaybiaah(3) le présente ainsi: «Médecin, fils de médecin, et son oncle Abou Bakr était (également) médecin».
Dès son jeune âge, Ahmad reçoit son premier enseignement de son père Ibrahim, médecin oculiste, et surtout de son oncle Abou Bakr, qui était réputé à Kairouan.
«Notre oncle, dit Ahmad Ibn al-Jazzar, était docte en médecine, ses idées en la matière sont frappées du sceau du bon sens». On retrouvera dans les œuvres d’Ahmad, de nombreuses recettes empruntées à Abou Bakr:
«Je les ai expérimentées, dit-il, et trouvées efficaces»; Mais Ahmad est surtout l’élève assidu du célèbre Ishaq ibn Soulaymane, surnommé al-Israïli, venu d’Egypte, sur invitation du dernier des émirs aghlabides Ziyadat – allah III, dont il était le médecin personnel. Ishaq al-Israïli a enseigné à l’école médicale de Kairouan, fondée par son prédécesseur Ishaq Ibn Imrane; ce médecin qui était musulman, avait aussi été appelé de Baghdad, invité par Ibrahim II.
Il faut dire ici qu’Ishaq al-Israïli, en venant d’Egypte, avait aussi profité de l’enseignement d’Ishaq ibn Imrane, pour parfaire ses connaissances.
Et l’on peut dire ainsi qu’Ahmad ibn al- Jazzar a été l’élève des 2 Ishaq : l’un d’une manière directe, et l’autre d’une manière indirecte.
Par ailleurs, Ibn al-Jazzar, avide de connaissances, a acquis de nombreux manuscrits d’anciens maîtres, grecs et arabes (4), constituant une riche bibliothèque estimée à sa mort à 25 quintaux de livres.
Mais Ibn al-Jazzar ne limite pas son savoir à la médecine ; il s’intéresse aussi à l’histoire, la géographie, les sciences naturelles, et bien sûr à la littérature et à la philosophie. Passionné de lecture, il devient un érudit, une véritable encyclopédie vivante, comme en témoigne son œuvre.
Et c’est ainsi qu’avec ce long parcours culturel, et grâce à ses études et travaux, Ibn al-Jazzar acquiert une solide et très large formation. Et il va devenir le médecin le plus célèbre de la médecine à Kairouan.
Sa vie privée:
Les historiens nous le présentent comme un personnage très indépendant, d’esprit droit, un homme très digne. Ibn al-Jazzar ne s’attache ni aux dignitaires du régime, ni aux courtisans, ni aux notables. Une seule exception : son ami Abou Taleb, oncle du calife Al Moez, qu’il rencontre les vendredis. Mais Ibn al-Jazzar mène une vie modeste, se mêlant aux gens simples, aux démunis aussi, partageant leurs joies et leurs peines ; on le rencontre dans les mariages comme dans les enterrements : mais Ibn Juljul (5) précise qu’il ne participe pas aux festins.
Ibn Juljul rapporte aussi qu’Ibn al-Jazzar (je cite) « est remarquable dans sa tenue et son comportement ; il n’est jamais pris en faute. Il ne fréquente pas non plus les réunions de plaisir ». Ibn al-Jazzar, durant sa vie, ne quittera jamais sa ville natale de Kairouan. Pendant la saison estivale, il se rend au Ribat de Monastir, en bord de mer ; sans doute aimait-il la natation ?
Et c’est ainsi que cet homme a vécu, respectable et respecté.
Le cabinet d'Ibn Al Jazzar
Pour bien manifester son indépendance, Ibn al-Jazzar s’installe chez lui dans sa propre maison de Kairouan, pour exercer. Il y aménage:
- Une salle d’attente pour les patients, toutes catégories sociales confondues.
- Le cabinet de consultations
- L’officine de pharmacie
- La salle d’attente
Les historiens Ibn Juljul et Ibn abi-Ussaybiaah rapportent dans leurs ouvrages que cette salle est toujours comble. On y rencontre les humbles, les pauvres et les riches ; chacun est reçu à son tour. Aucune priorité. Tous soignés avec le même dévouement. Même le neveu du Cadhi Noôman, venu consulter, restera debout, faute de place assise. Mais Ibn al-Jazzar assurera le suivi du malade, jusqu’à la guérison.
- Le Cabinet du médecin
Ibn al-Jazzar examine les urines dans des flacons, pose des questions au malade ; le diagnostic établi, il rédige une ordonnance. Puis il adresse le patient à la pharmacie.
- La pharmacie
Là, siège son aide dénommé Rachiq. Celui-ci exécute l’ordonnance, comportant des médicaments simples ou composés : ce sont les préparations; il s’agit:
- soit de préparations faites à l’avance ; ce sont les ‘’préparations dites officinales’’
- soit des préparations dites ‘’magistrales’’, qui ont des formules particulières, personnalisées ; pour celles-ci, le malade doit retourner à la pharmacie après leur préparation.
Il faut préciser que la préparation des médicaments est contrôlée par Ibn al-Jazzar, et sous sa responsabilité.
Rachiq dispense les médicaments, en perçoit le prix, auquel il ajoute les honoraires de la visite médicale, car Ibn al-Jazzar n’aime pas avoir de contact d’argent avec sa clientèle ; et c’est ce qui explique qu’ils sont réglés à la pharmacie.
Cependant, l’historien Yacout al-Hamaoui rapporte qu’Ibn al-Jazzar est connu pour ses « nombreux bienfaits » et qu’il « distribue bénévolement les médicaments aux pauvres» (fin de citation).
À travers cette nouvelle pratique, on peut affirmer qu’Ibn al-Jazzar a séparé l’acte médical, de l’acte pharmaceutique. Ces deux exercices deviennent autonomes, mais toujours complémentaires.
Cet aperçu sur l’exercice de ces professions médicales illustre les hautes qualités humaines d’Ibn al-Jazzar. Il a vécu pour sa profession, considérée comme un sacerdoce. Il s’y est entièrement dévoué, dans sa ville de Kairouan, où il s’est éteint, octogénaire.
Mais sa renommée l’a déjà dépassé de son vivant. Ses élèves, tel Omar ibn Bariq d’Andalousie, diffusent son œuvre autour de la Méditerranée.
Au Moyen Orient, il est vanté par le célèbre poète Kouchajem, et la plupart des oeuvres d’Ibn al- Jazzar sont traduites. Citons en particulier :
- La traduction grecque de Zad al-Mouçafir, par Constantin Rheginos, sous le titre d’Ephodes, à la fin du Xème siècle, du vivant de l‘auteur.
- Les nombreuses traductions latines, dont les plus importantes sont dues à Constantin l’Africain, né à Carthage au XIème siècle, et devenu moine à Monte Cassino, en Italie. le ‘’Zad’’ est traduit sous le nom de ‘’Viaticum peregrinantis’’
- Enfin, des traductions en hébreu, dès le XIIème siècle.
- De nombreux manuscrits d’Ibn al-Jazzar, en arabe, en latin et autres, existent toujours, éparpillés en Europe, surtout en France. Ils sont enseignés dans les écoles de médecine de ces pays (7).
Et c’est grâce à ces traductions, répandues en Orient et en Occident, que le nom d’Ibn al-Jazzar continue à se perpétuer et nous pouvons le considérer comme le plus illustre des médecins arabes de notre pays.
L’oeuvre d’Ibn Al Jazzar
L’œuvre d’Ibn al-Jazzar constitue une véritable encyclopédie, l’auteur y a consigné ses connaissances dans les disciplines de l’époque. Les titres des ouvrages sont suffisamment éloquents. 43 titres ont été recensés, mais en fait il y a des ouvrages inconnus ; 10 titres seulement existent, auxquels il faut ajouter 4 autres nouveaux, que nous venons de découvrir, et que l’Académie tunisienne Beit El Hikma vient de nous charger d’étudier. Ces manuscrits nouveaux seront donc publiés ultérieurement.
Voici une liste comprenant les plus importants ouvrages d’Ibn al-Jazzar:
- Les ouvrages existants
a) Œuvres médicales
‘’Zad al-Mouçafer wa quout al hadher’’, ou:
‘’ Provision du voyageur, ou Viatique et subsistance du jour’’
Il s’agit de l’ouvrage ‘’ Princeps’’ d’Ibn al-Jazzar, et le plus célèbre dans la littérature médicale. Il a été publié en 1999 en 2 tomes, totalisant 781 pages. Le texte a été établi par Mohamed Souissi, Radhi Jazi, Farouk Asli et Jemaa Chikha, et publié par notre Académie Nationale ‘’ Beit al-Hikma ‘’.
Dans son introduction, l’auteur présente son ouvrage comme (je cite) ‘’ un aide-mémoire pour le savant expérimenté et une provision pour le voyageur qui se rend dans une ville lointaine et dépourvue de médecin’’. Ce livre s’adresse donc aux médecins et aux voyageurs.
Le viatique se divise en sept livres (ou maqualas) qui traitent des maladies de tout l’organisme, de la tête aux pieds. Ces 7 livres se subdivisent en 156 chapitres (‘’abouabs’’). En voici un bref aperçu:
- Livre I et II :
Des maladies et affections de la tête, des cheveux, y compris les pellicules (al abria), et des affections du visage ; de l’O.R.L aussi.
- Livre III :
Des maladies internes, tels que l’angine de poitrine, et autres problèmes cardiaques, de la toux et des poumons. Une étude originale : la transpiration des aisselles !
- Livre IV :
Des maladies de l’estomac et de l’intestin, du côlon… même la paratisologie n’est pas oubliée, les ténias sont signalés, avec leurs remèdes ténifuges.
- Livre V :
Des maladies du foie, des reins, du pancréas. J’ajouterai les calculs rénaux, et même l’énurésie !
- Livre VI :
Des maladies des organes génitaux. Les problèmes de la sexualité sont passés en revue, pour l’homme et pour la femme. Une panoplie d’aphrodisiaques, les troubles de l’érection, les abortifs, les contraceptifs (internes et externes)…
Ce livre VI a particulièrement intéressé ce moine né à Carthage, Constantin l’Africain, premier traducteur du Viatique d’Ibn al-Jazzar. Il a intitulé cette partie de l’ouvrage : ‘’ De coïtu’’, et l’a signé de son propre nom.
Selon Danielle Jacquart et Françoise Micheau (8), le ‘’De coïtu’’ est effectivement une partie du Viatique. Dans ce livre VI, le médecin Kairouanais place l’acte sexuel, non pas seulement dans le contexte de la génération, mais aussi dans celui d’une hygiène générale. Et on sait que dans ce livre, Ibn al-Jazzar considère qu’il s’agit ‘’d’un acte noble’’.
- Livre VII :
Des maladies internes de l’organisme. Nous citerons notamment les fièvres, la rougeôle, la variole, les morsures des scorpions et des vipères, les piqures d’abeilles, et, de nouveau, la dermatologie : celle-ci va jusqu’au traitement des blessures dues au port des bottines (al-khof) !
Par ailleurs, pour terminer la présentation du Viatique, il y a une remarque importante concernant les médicaments. En effet, à travers cet ouvrage, on constate que la pharmacie et les médicaments occupent une place tellement prépondérante qu’on peut assimiler le Viatique à une véritable pharmacopée. De nombreuses formules y figurent, décrites en détail sur la composition du médicament, son mode de préparation, le mode d’emploi, les formes pharmaceutiques, la posologie, et parfois même les falsifications, les succédanés. Et Ibn al- Jazzar précise régulièrement que ses remèdes ont été ‘’expérimentés et trouvés efficaces’’. Nous avons recensé, Farouk Asli et moi-même, 35 formes pharmaceutiques, dénotant le progrès de la technologie pharmaceutique dans l’art de préparer les médicaments.
- ‘’Kitab Siyasat as-sibian wa tadbirouhoum’’ Ou ‘’de l’art de soigner les enfants et de les élever’’ ; c’est un ouvrage de pédiatrie et de puériculture.
- ‘’Kitab al maida’’ ou traité de l’estomac, ses maladies et leurs traitements.
- ‘’Kitab tibb al fouquara wa al masakin’’ ou traité de la médecine des pauvres et des déshérités’’.
Il s’agit d’un abrégé du Viatique, où l’auteur recommande dans ses prescriptions, de donner la préférence aux drogues locales qui sont de ‘’moindre coût’’, aux drogues importées qui sont plus chères et qui parfois ne sont pas disponibles. Les formules magistrales sont plus courtes, mais toujours efficaces. On peut dire ici qu’Ibn al-Jazzar, par cet ouvrage, est un précurseur dans le domaine de l’économie de santé. - ‘’Kitab fi tibb al machayakh wa hifdhi sahatihim’’, ou ‘’Traité de la médecine des personnes âgées et de leur hygiène de vie’’.
C’est un traité de gériatrie. Ibn al-Jazzar se réfère aux anciens, tel Platon, Galien, Rufus. Dans son introduction, il écrit : ‘’D’une manière générale, si l’homme dépasse les 60 ans, il doit être considéré comme personne âgée’’. On ne peut aujourd’hui, mille ans après, donner une meilleure définition ! Car à 60 ans, on part à la retraite administrative.
Il est intéressant d’énumérer quelques recommandations d’Ibn al-Jazzar pour une hygiène de vie qui permet de ‘’prolonger l’existence’’, dit il; les voici :
- Manger et boire modérément, à heures fixes.
- Dormir suffisamment, plus que les jeunes, mais pas trop non plus ; c’est ce qu’Hippocrate appelle le ‘’sommeil réparateur’’
- Avoir une vie sexuelle ‘’raisonnable’’
- Une activité physique régulière : la marche modérée après les repas (40 pas au minimum), pas de galop à cheval, et surtout pas de vie sédentaire. Il faut bouger.
- Améliorer le caractère : la musique, le rire y contribuent. Mais Ibn al-Jazzar déconseille le ‘’rire effréné’’, la colère, les soucis, le stress en général.
Tous ces éléments réunis contribuent à conserver la santé et retarder le vieillissement. Peut-on donner de meilleurs conseils de sagesse aujourd’hui !
Ces ouvrages médicaux d’Ibn al-Jazzar, que nous venons de citer, ont été étudiés par un groupe de chercheurs, et nous avons eu l’honneur d’en faire partie, et publiés par les soins de notre Académie ‘’Beit El-Hikma’’ de Carthage, dirigée par son éminent Président le Professeur Abdalwahab BOUHDIBA. Ces livres sont disponibles. J’y ajouterai la publication faite par le Docteur Amor CHADLI : ‘’ Kitab al-farq bayna al-ilal’’, ou ‘’le livre de la différence entre les maladies’’ (avec une traduction française).*
b) Oeuvres pharmaceutiques
- ‘’kitab al itimad fi al-adwiya al-moufradah’’, ou ‘’Traité de base sur les médicaments simples’’. Ce livre comporte l’étude de 275 drogues simples, provenant :
- du règne végétal : 227
- du règne minéral : 45
- et du règne animal : 3 seulement (9)
Pour chaque drogue, l’auteur établit une monographie comportant notamment : les noms en plusieurs langues, sa ‘’meilleure variété’’, ses propriétés thérapeutiques, les formes pharmaceutiques conseillées, les doses à prendre.
- ‘’Kitab fi founoun at tibi wa al itr’’, ou ‘’Traité des parfums et des essences’’.
Cet ouvrage est un précurseur dans le domaine de l’aromathérapie.
Ibn al-Jazzar y déclare que « les parfums et les essences sont bons pour la santé ; ils ont un effet bénéfique sur divers organes de notre corps. Ils favorisent la longévité… ils agissent sur l’âme, procurent la bonne humeur» (citation).
Ibn al-Jazzar précise que le formules décrites ont été expérimentées par lui-même, et trouvées efficaces, selon sa propre expression.
Cet ouvrage a été étudié par nous-mêmes et notre confrère Farouk Asli, et publié par Beit El Hikma. Un résumé en langue française accompagne cette édition.
Il serait long d’énumérer les ouvrages non retrouvés, mais cités par les historiens de la médecine, tels Ibn Juljul, Ibn abi Ussaybiah et le docteur Lucien Leclerc…. On vient récemment de découvrir un ouvrage sur ‘’les pierres précieuses’’, dont le manuscrit existe à Paris, à la B.N. de France, François Mitterand. Il faut continuer nos recherches
CONCLUSION
En conclusion, évoquer la vie et l’œuvre d’Ibn al-Jazzar, la plus illustre figure de la médecine tunisienne, n’est pas une tâche aisée. Nous avons voulu profiter de cette belle occasion, le 31ème congrès national de chirurgie, pour rappeler que ce médecin de Kairouan a été un grand médecin, un homme qui a exercé sa profession dans un cadre humain. Il a été proche de son peuple, particulièrement des pauvres et des déshérités qui ont profité de ses bienfaits, soignés bénévolement et servis par la distribution gratuite des médicaments.
Ibn al-Jazzar a contribué au progrès de la médecine expérimentale, notamment par ses essais cliniques. Il a enrichi le droguier, l’arsenal thérapeutique.
Ses œuvres, nombreuses, spécialisées dans les diverses branches de la médecine et de la pharmacie, ont été traduites, certaines de son vivant au Xème siècle, dans la langue latine en particulier. Au XIème siècle, c’est Constantin l’Africain, né à Carthage, qui a été le principal traducteur au Monte Cassino en Italie.
Ces traductions ont été diffusées en Occident, y pénétrant par l’Andalousie, la France d’un côté, et par l’Italie, de l’autre rive de la Méditerranée. Elles ont figuré dans les programmes d’enseignement dans les universités et écoles médicales d’Europe, jusqu’aux confins du 17ème siècle.
La Tunisie, son pays natal, peut être fière d’Ibn al-Jazzar, et c’est avec déférence que nous lui rendons aujourd’hui un nouvel hommage pour son dévouement au bien de l’homme et de l’humanité.
Dr. Radhi JAZI