Le différend Bourguiba-Ben Youssef revisité par Béchir Ben Yahmed
A cause d’une charge émotionnelle très forte, l’évocation du différend Bourguiba-Ben Youssef a rarement respecté la vérité historique. C’est pourquoi, le témoignage de Béchir Ben Yahmed «l’un des derniers survivants de cette période» revêt une grande importance dans la mesure où il fait justice de certaines assertions complaisamment colportées par les partisans de Ben Youssef.
Le directeur de « Jeune Afrique » connaissait très bien le rival de Bourguiba « né à Djerba comme moi, dans le même patelin ». Il en dressera dans la dernière livraison de cet hebdomadaire (n°2879 du 13 au 19 mars 2016) un portrait peu flatteur qui jure avec l’image d’Epinal du zaïm qui se présentait comme le héraut du nationalisme arabe. Selon lui, Ben Youssef était « un égocentriste », « un ambitieux » qui voulait « accaparer le pouvoir et en écarter Bourguiba par tous les moyens ». A l'appui de ses dires, Ben Yahmed reproduit un document qui date du 9 avril 1956 où l'autoproclamé «commandant en chef de l'armée de libération nationale de la Tunisie» «' y répartit les commandements, révoque ou récompense» et se voit porté par ses troupes jusqu'à Tunis où le pouvoir lui échoirait naturellement (...)N'ayant pas réussi à renverser le gouvernement de l'indépendance, Salah Ben Youssef tentera de faire assassiner Bourguiba et finira lui-même assassiné dans une chambre d'hôtel de Francfort par ceux-là mêmes qu'il avait commissionnés pour éliminer Bourguiba».