Béji Caïd Essebsi sur 3 stations de radio : ce n'était pas sa meilleure interview
On attendait cette énième interview du président de la République d’autant plus que des « fuites » avaient fait état d’une nouvelle initiative présidentielle sur l’emploi. Il n’en fut rien. Reconnaissons-le d’emblée. Ce n’était pas sa meilleure interview. A qui la faute ? On pense aux journalistes dont les questions posées sur un ton convenu n’étaient pas de nature à embarrasser le président de la République ? Si c'est le cas, il faut dire à la décharge des journalistes qu'il n'était pas facile de prendre en défaut un homme qui est passé maître dans l'art de l'esquive. De toute façon, il était évident que le président n’avait pas grand chose à dire aux Tunisiens, sinon répéter la vieille antienne de l’unité nationale et insister sur la valeur travail sans apparemment se faire d'illusions sur les sentiments des Tunisiens : «le peuple tunisien ne travaille pas y compris ceux qui ont un emploi».Il est d'autant plus désappointé que les Tunisiens ont laissé passer selon lui une occasion historique de sortir de la crise économique en rejetant cette loi sur la réconciliation qu'il nous avait proposée il y a plusieurs mois. Il en est tellement convaincu qu'il compte revenir à la charge.
Parfois même, il ajoutait la confusion à la confusion, notamment lorsqu’il s’est mis à faire l’éloge de Hezbollah le qualifiant de « parti chiite » mais qui « défend l’intégrité territoriale du Liban contre Israël », et qu’on ne peut taxer de « terrorisme » tout en ajoutant que le ministre des AE est le seul habilité à exprime la position de la Tunisie. Comment alors expliquer l’adhésion de la Tunisie à la résolution de la réunion des ministres arabes de l’Intérieur et à celle des ministres arabes des AE qui ont toutes les deux qualifié Hezbollah de « terroriste ».
On l’attendait sur ses rapports avec le chef du gouvernement, les relations avec les pays du Golfe. Les réponses seront d'une platitude totale : « tout baigne dans l’huile ». Idem sur les questions sécuritaires « les forces armées maîtrisent la situation comme le montrent les évènements de Ben Guerdane ». Sur la Libye,« la Tunisie a un rôle qu'aucun autre pays ne peut jouer» tout en faisant remarquer que la résolution de la crise ne pourra être que« le fait des Libyens». Sur l'opposition, on remarquera enfin la charge contre le Front Populaire taxé de terrorisme intellectuel. Ce sera tout pour une interview qui a duré quand même une heure.