Tunisie 2016 : quand l’intelligence de la petite lucarne éclabousse le telespectateur
"La vérité est le soleil des intelligences" (Vauvenargues)
C’est un programme à grand spectacle et d’une parfaite élégance auquel nous avons été conviés mercredi soir dernier sur une chaine télévisuelle tunisienne.
Les débats surtout lorsque ils sont politiques, se terminent, pas toujours heureusement et cela rassure , dans l’incivilité la plus totale.
Ce soir là, Il s’agissait de clarifier un point de vue, jugé douteux, qui aurait été exprimé par l’un des chroniqueurs de l’émission, la semaine précédente.
Nous nous attendions, à assister à un échange d’idées musclé, en mesure d’intéresser le chaland des foires d’empoigne.
Notre crainte se profilait au début des échanges sans indulgence, sur un sujet passé en ouverture de l’émission consacré au football.
Nous eûmes droit en effet à une "mise en bouche" digne d’un pugilat professionnel, avec coups bien assénés, et d’autres en dessous de la ceinture, et tutti quanti.
Puis, la scène suivante, nous a agréablement surpris, car nombreux avaient fini par croire, que la libération du monopole étatique télévisuelle, ne pouvait générer, que partisanneries, rejet violent de l’autre, et outrances.
Notre surprise, fut totale et notre intérêt pas moins, au fur et à mesure que s’exprimaient tous les points de vue, unanimes dans leur totale convergence, et leur croyance en une Tunisie des lumières, dans laquelle tous ses ressortissants, quelles que soient leur croyances, leurs obédiences, leurs préférences doctrinales et politiques, sont égaux dés lors qu’ils sont respectueux des lois de la République.
Il n’y a pas eu l’ombre d’une hésitation, d’une réserve, d’une explication alambiquée, de la part d’une assistance représentative de la population tunisienne.
De la comédienne, élégante, généreuse, au discours plein d’humour et de dignité, aux commentateurs du programme, excellents au demeurant, et à celui qui vous fait aimer le Rap, parce qu’il le chante, l’explique et le vit avec la force de la conviction, et l’amour de son art.
Enfin La palme revient, à celui qui s’est cru visé, digne, élégant, compréhensif, il s’explique sur son bonheur d’être juif tunisien, parle de sa confession, de ses coreligionnaires, qui sont tunisiens, qui ont l’amour du pays au même titre que tous les autres citoyens issus d’autres confessions, principalement la musulmane.
Quand on l’écoute, intelligent et digne, faire part de ses observations sur ce qu’il a cru comprendre, on pouvait se demander de quel droit, pouvons nous dissocier les confessions de certains compatriotes de celle(s) des autres ?
La réponse nous a été donnée, par celui par qui l’étonnement est arrivé, le chroniqueur pugnace, qui s’est expliqué, en être de chair et de sang, dans un argumentaire parfaitement recevable, sur les conditions d’une prise de parole qui le dédouanent en effet.
Tous les acteurs de ce programme, et en premier chef le présentateur, ont allumé le feu de l’intelligence, dans ce laps de temps, pas convenu du tout, et qui pourtant a été un exemple de pédagogie et de savoir vivre.
Mourad Guellaty