La réponse de l’Institut Pasteur de Tunis à la campagne de diffamation dont il est l'objet
 
                  Dans un communiqué, l’Institut Pasteur réagit à la campagne qu’il qualifie de « mensongère et diffamatoire » entamée depuis le 30 mars à propos d’un supposé documentaire commandité par la chaine Al Jazeera sur l’Institut portant sur les supposées irrégularités lors d’essais thérapeutiques réalisés en Tunisie pour lutter contre la leishmaniose cutanée.
l’IPT condamne avec la plus grande fermeté ces allégations et tient à «  rassurer le public que cette recherche thérapeutique ne représentait  aucun danger pour la santé des patients ». Au contraire, elle donne un  grand espoir de mettre à la disposition des patients un médicament  simple (pommade) approprié et efficace contre la leishmaniose cutanée,  qui constitue un fléau de santé publique en Tunisie et dans le monde.
  Il explique que « devant la recrudescence du nombre de cas de  leishmaniose cutanée (1000 à 10.000 cas/an), l'Institut Pasteur de  Tunis, sous la supervision du Ministère de la Santé et en coordination  avec les directions régionales de santé du centre et du sud du pays,  s’est mobilisé pour contribuer à trouver une solution pour un meilleur  contrôle de ce fléau, notamment par le développement de nouveaux  médicaments sous forme de pommade pour remplacer les traitements  injectables de sels d’antimoine, peu efficaces, toxiques et coûteux ».
  « Cet effort a commencé avec le soutien de l'Organisation Mondiale de la  Santé en 1990, pour concevoir et fournir un médicament efficace qui  puisse être utilisé dans les écoles pour l'éradication de cette maladie.  Les résultats d’un premier essai thérapeutique utilisant un traitement  antibiotique local sous forme de pommade a donné des résultats en deçà  de nos espoirs. Ils ont été publiés en 1995.
  « C'est à partir de 2002, que le programme de recherche s'est poursuivi  avec l'Institut Walter Reed à Washington, qui lui a, entre temps, a  développé une nouvelle composition de traitement local sous forme d’une  pommade à base de paromomycine et de gentamicine, deux antibiotiques  connus et anciens, associés à un excipient permettant une meilleure  pénétration du produit dans la peau.
  « Il est à noter que l'Institut de recherche Walter Reed, placé sous la  tutelle du Département américain de la Défense, est l’un des plus grands  centres de recherche dans le domaine de la santé. Cet institut  développe notamment des médicaments et des vaccins contre plusieurs  maladies graves telles que le paludisme et le sida.
  « Le programme conjoint entre l'Institut Pasteur de Tunis et l'Institut  Walter Reed, vise à étudier l'efficacité de cette pommade en application  locale sur les lésions de leishmaniose cutanée. L’essai thérapeutique  comprenait outre la Tunisie, trois autres pays : la Panama, le Pérou et  la France. Les échantillons du médicament servant à la recherche  clinique ont été transmis par le promoteur du programme (l’Institut  Walter Reed). Pour la phase 2 de la recherche, la production de ces  échantillons a eu lieu à l'Université de IOWA. Le promoteur s’est  adressé aux laboratoires TEVA Amérique pour la fabrication des  échantillons de médicament devant servir pour la Lutter contre les  maladies pour la Santé de Tous Phase 3. L’Institut Pasteur de Tunis a eu  la garantie que ces échantillons respectaient les normes de qualité et  de sécurité suite au contrôle effectué par un laboratoire indépendant en  France, avant toute utilisation de ces échantillons.
  La participation des patients était volontaire et non rémunérée. Elle  n’a été soumise à aucune forme de pression et était conforme aux  principes de l’éthique médicale. Elle a été autorisée par le ministère  de la santé et s’est conformée au Cahier des charges de la DPM  (Direction de la Pharmacie et du Médicament). Pour certains patients  volontaires, des frais occasionnés directement par leur participation à  l’étude (frais de déplacement, …), ont été pris en charge dans les  limites d’un montant de 50 dinars.
  La participation des mineurs à cette étude clinique était dictée par le  fait que les enfants de moins de 15 ans représentent 50 à 75% des  malades atteints de leishmaniose cutanée.
  L’IPT souligne que « les essais thérapeutiques réalisés par l’IPT, se  sont déroulés dans la transparence la plus totale et en conformité avec  les normes internationales, les bonnes pratiques cliniques et les normes  de la Conférence Internationale d’Harmonisation (ICH). Ces normes  concernent notamment l’obtention des avis favorables des comités  d’éthiques, le consentement éclairé (écrit) signé par les volontaires  (ou leurs tuteurs, pour les mineurs), l’assurance des patients contre  d’éventuels risques, la production d’un manuel de procédures, le suivi  périodique indépendant pour vérifier l’intégrité des données, la  sécurité des patients et l’absence de déviation/violation par rapport au  protocole initial approuvé par le comité d’éthique. Les protocoles sont  enregistrés et disponibles publiquement tout comme les publications  internationales y afférentes.
  En conclusion, « l'Institut Pasteur de Tunis « confirme la haute qualité  de l’essai thérapeutique réalisé. Ses résultats positifs sont très  encourageants pour préserver la santé et la sécurité du citoyen  tunisien, notamment dans les zones où sévit la maladie. Nous formulons  l’espoir de réussir à obtenir, après la clôture de cet essai à l’échelle  internationale, l’accord de fabriquer ce nouveau médicament en Tunisie.
  « L’IPT condamne cette campagne malveillante qui porte atteinte à notre  institution qui joue un rôle majeur dans la sécurité et la santé  publique de notre pays. Il tient aussi à affirmer qu’il défendra sa  réputation et celle de ses chercheurs par les moyens légaux.
Le communiqué rappelle que « l'Institut Pasteur de Tunis est une  prestigieuse institution publique qui occupe une place privilégiée dans  le domaine de la recherche en santé en Tunisie. Reconnu au niveau  national, régional et international, il abrite des laboratoires de  référence pour de nombreuses maladies, et produit des vaccins et sérums  pour les besoins du pays. L’IPT participe aussi à plusieurs programmes  de santé publique prioritaires ».