Un débat sur Lamine Bey tourne au procès contre Bourguiba ?!
Que la Fondation Témimi consacre un séminaire à la dynastie husseinite et tout particulièrement au dernier monarque de cette dynastie, Lamine Bey 1er, quoi de plus normal pour une institution dédiée « à la mémoire nationale ». Ce qui l’est moins, c’est qu’on ait invité ou permis d’y prendre part, à côté de membres de la famille beylicale dont le Pr Mokhtar Bey, juriste de renom et fils d’Ahmed Bey II et d’un certain nombre de… députés et dirigeants nahdhaouis, les « cheikh » El Almi et Hentati. Ces derniers vont jouer le rôle de trublions tirant constamment les débats vers le bas, alors qu'on s’attendait à des échanges de qualité et surtout à des débats dépassionnés, le temps ayant fait son oeuvre puisque les faits remontent à soixante ans, on a eu droit à des propos scandaleux de la part des deux énergumènes. Principal objet de leur ressentiment, Bourguiba, a été tour à tour qualifié de « criminel suprême» et de «traître à la cause de la religion et de la patrie». Ou comment un débat académique sur la réhabilitation du Bey a tourné au procés contre Bourguiba.
Dommage, car le sujet méritait mieux. Lamine Bey avait un pêché originel : il avait accepté de succéder au roi Moncef Bey, sans doute le roi le plus aimé des Tunisiens.Il a eu beau prendre des mesures courageuses comme en 1951 après la rejet des revendications tunisiennes par Robert Schuman le 15 décembre de la même année et autorisé son gouvernement à porter plainte contre la France aux Nations Unies qui siégeaient alors à Paris, il restera, à tort ou à raison, aux yeux de beaucoup de ses compatriotes l'usurpateur. Il a été également mal inspiré en cautionnant les réformes Mzali-Voizard en 1954. Mais de toute évidence, ni lui, ni sa famille ne méritaient le sort qui leur été réservé en 1957. Ce débat a été malheureusement escamoté par les outrances verbales des deux faux cheikhs.
A quelques jours de la commémoration de sa mort, Bourguiba est l'objet d'une campagne de dénigrement. Le président de la République annonce-t-il le prochain retour de la statue équestre de Bourguiba ? On pousse aussitôt des cris d'orfraie dénonçant pêle mêle «les adôlatres» et «les nostalgiques du culte de la personnalité». Le ministère de l'Education demande-t-il aux professeurs de consacrer une heure le 6 avril à Bourguiba, le syndicat de l'enseignement secondaire appelle ses adhrents à ne pas respecter la consigne, alors que depuis Londres, Hachemi Hamdi dénonce le retour «des basses flatteries (tbendir).