News - 25.04.2016

L’Ordre tunisien du Mérite culturel en brillant éclat à Paris (Album photo)

L’Ordre tunisien du Mérite culturel en brillant éclat à Paris

Paris – De nos envoyés spéciaux. Conviviale et riche en symbolique a été la cérémonie de remise des décorations des insignes de l’Ordre du Mérite culturel, d’illustres personnalités françaises, vendredi dernier à Paris. Jean Daniel, Jean-Pierre Elkabbach, Guy Sitbon, Lucette Valensi, Béatrice Slama et Nine Moati étaient célébrés à cette dans les salons de l’ambassade de Tunisie. Ils font partie d’une douzaine d’heureux récipiendaires aux quels le président de la République, Béji Caïd Essebsi a tenu à rendre hommage « au nom d’un idéal commun et d’une amitié». L’ambassadeur Mohamed Ali Chihi était ravi d’accueillir ces figures marquantes alors que la ministre du Tourisme de l’Artisanat devait donner lecture du discours du président Essebsi.

 

Jean Daniel, Directeur du Nouvel Observateur, n’a pas caché son émotion, recevant cette décoration qui lui rappelle un vieux et glorieux souvenir : le jour où c’est le Président Bourguiba lui –même lui a remis la médaille de l’Indépendance. « Alors je pense, dit-il, à cet homme qui m’honore aujourd’hui de son amitié, le Président Béji Caïd Essebsi, en faisant la promesse d’aider notre chère Tunisie, à affronter victorieusement tous les obstacles ».

Jean-Pierre Elkabbach (Europe1) dira de son côté : « J’ai en moi une part du Maghreb, de ses peuples, de ses luttes, de ses paysages, c’est eux, qui avec leurs peintres, leurs musiques, et leurs écrivains, Albert Memmi, Gisèle Halimi, Abdelwahab Meddeb, Habib Boularès, et mon ami le grand constitutionnaliste, que j’ai souvent interrogé, Yadh Ben Achour … constituent l’essentiel de ce que je suis !... La Tunisie reste un modèle !... Elle a réussi à résister aux vagues successives et violentes qui voulaient emporter ses efforts vers la modernité et la démocratie !... Elle est debout et vaillante malgré la folie et la cruauté terroristes, qui l’ont frappée à plusieurs reprises et qui la menacent encore !... D’ailleurs comme chaque pays d’Europe !... Le combat de la Tunisie est le nôtre : il est donc exemplaire et continu ; c’est dire qu’il ne supporte aucun relâchement !...

Guy Sitbon (journaliste) rappelle : «À la fin du régime Ben Ali, j’étais un « indésirable ». Aujourd’hui, avec quelques camarades bien plus vertueux que moi, je suis honoré bien au-delà de mon mérite. D’un instant à l’autre, tout a changé.  J’étais indésirable en raison de la franchise de mes écrits. Mes écrits présents ne sont pas moins francs, ils me valent cette bouleversante preuve d’amitié. On ne voit qu’une seule voie pour sortir des cent crises actuelles : nourrir sa foi dans la singularité tunisienne. À nos portes, le cauchemar. Ici, l’espérance et le bonheur de vivre. Rien que ça, le bonheur de vivre. 

Béatrice Slama, historienne, auteure de l’ouvrage célèbre « L’Insurrection de 1864 en Tunisie » (1964), est « heureuse d’avoir vécu assez longtemps pour être là en 2011 ». « Je pense, ajoute-t-elle, à tant de mes amis, mes camarades, tunisiens musulmans et juifs, français et italiens, à l’image de cette Tunisie plurielle où nous avons vécu, qui ont lutté pendant de longues années pour l’indépendance et l’avenir d’une Tunisie libre et démocratique. Certains ont, pour cela, connu la résidence surveillée, les camps d’internement, la prison, les tortures, quelques-uns, la condamnation à mort par contumace. Ils ont disparu avant de voir comment la Tunisie était entrée dans l’histoire de ce 21ème siècle, comment, après tant d’années de répression, la vague de colère et de désespoir a déferlé en cette révolte du courage et de la dignité, pour le pain, la liberté et la justice, quel élan à ce cri de «Dégage ! » elle a suscité, quels mouvements elle a fait se lever autour d’elle. Lire texte intégral.

Empêchés d’être présents ce jour-là, pour recevoir leur décoration, les autres récipiendaires, l’ambassadeur Chihi la leur remettra incessamment. Il s’agit notamment de Jack Lang, Frédéric Mitterrand, Bertrand Delanoë, Claude Nataf, Serge Moati et Michel Boujnah.