Au colloque de Paris (22-23 avril 2016): Le patrimoine tunisien dans tous ses états
La rencontre parisienne sur le patrimoine tunisien a permis d’abord aux intervenants d’aborder des questions diverses comme la réception du patrimoine hier et aujourd’hui aussi bien par les chercheurs que par les gouvernants, le profane, le citoyen ou la société civile. Les orateurs ont également essayé de dresser un état des lieux de ce legs trois fois millénaire et un état relatif à l’éducation citoyenne au patrimoine, à la formation scolaire et universitaire. L’état de la recherche sur le patrimoine a été bien sûr évoqué aussi bien dans les interventions qu’à l’occasion du débat avec le constat que les chercheurs ont privilégié l’héritage culturel matériel, oubliant quelque peu le legs immatériel, le laboratoire de la Manouba ayant mis beaucoup plus l’accent sur les sites et les monuments dans ses travaux de recherche.
Notre patrimoine a une histoire
La première caractéristique de de ce patrimoine révélée par Abdelhamid Larguèche dans son intervention : « soixante ans de théorie et de pratique au service du patrimoine » et qui fait probablement sa singularité est « une sédimentation patrimoniale exceptionnelle » engendrée par la longue histoire de la Tunisie, source inépuisable de renseignements historiques et dont les fouilles ont révélé les différentes strates et « les villes superposées » dans un continuum urbain exceptionnel avec « des bassins de patrimoine », ( bassin de la civilisation capsienne au Sud-Ouest, bassin pluri-civilisationnel du Nord-Est, Bassin de la Numidie au Centre et Nord-Ouest, bassin islamique du Kairouannais et bassin berbère des Ksours) complémentaires et révélateurs d’une grande diversité et objet d’études et de recherche de la part de l’équipe du laboratoire du patrimoine à la Manouba.
Mais ce patrimoine, très précieux pour les historiens et objet d’étude pour sa connaissance, sa sauvegarde et sa valorisation, a une histoire qui remonte à la deuxième moitié du XIXème siècle. Abdelhamid Larguèche en évoque les grands moments tout en mettant l’accent sur la période qui va de l’indépendance à la Révolution.
Le moment fondateur de cette histoire a été la première décision de patrimonialisation des pièces archéologiques qui témoignent de la présence des civilisations antiques en Tunisie. Elle a été prise bien avant le Protectorat, avec l’avènement du projet moderniste tunisien initié par Kheireddine Pacha. Le père du réformisme tunisien a tenté entre 1873 et 1875 de fonder le premier musée archéologique tunisien avec les pièces collectées par les caïds des régions (gouverneurs). Le processus de patrimonialisation, ainsi initié et la prise de conscience accrue des bienfaits de la patrimonialisation ainsi que des conséquences néfastes de son absence vont permettre la fondation en 1885 du Musée Alaoui, inauguré en 1888 et rebaptisé Musée national du Bardo après l’indépendance et qui va hériter de ce qui est resté de la collection de Kheireddine avant de s’enrichir de nombreuses découvertes.
Cet effort va être poursuivi aussi bien par la France, à l’origine de la création de musées archéologiques à Carthage, au Bardo et à Sousse, que par l’Etat national, fondateur en 1957 de l’Institut National d’Art et d’archéologie (INAAT), devenu en 1993 l’Institut National du patrimoine, et initiateur de grands chantiers de fouilles depuis Carthage jusqu’à Dougga en passant par Sufetula et Kerkouane. Les deux pays ont entrepris après l’indépendance, à la suite des accords de l’autonomie interne de 1955, une collaboration fructueuse en matière d’archéologie entre les archéologues français, l’INAAT et la jeune université tunisienne qui a intégré l’histoire ancienne dans son enseignement. Cette coopération a permis d’assurer la continuité par la transmission des savoirs et savoir-faire, estime Abdelhamid Larguèche même si l’Etat Tunisien a cru bon de réajuster la politique patrimoniale de la France en Tunisie, ce que nuance Jacques Alexandropoulos, professeur à l’Université Jean Jaurès de Toulouse, dans sa communication intitulée « Réception de l’Antiquité tunisienne aujourd’hui » lorsqu’il évoque la « période de froid avec l’Université française qui a suivi l’indépendance ». Mais l’évolution de la politique patrimoniale de la Tunisie depuis l’Indépendance jusqu’à nos jours s’est faite sans rupture.
Abdelhamid Larguèche ne manque dans son intervention de signaler l’œuvre de patrimonialisation des sites et monuments de l’époque islamique, perçus comme une composante fondamentale du patrimoine national au même titre l’Antiquité avec la création dès 1960 d’une division de la conservation des sites et arts islamiques. Cette décision importante a permis d’enrichir la première génération d’historiens et d’archéologues de l’Antiquité tunisienne par celle des spécialistes du patrimoine monumental et architectural islamique. Avec la naissance du Centre des Arts et Traditions Populaires, le champ du patrimoine s’élargit, devient « complexe et englobant » avec « le souci de conservation des traditions populaires » au sens anthropologique.
Ces avancées ont permis, selon Abdelhamid Larguèche, l’élaboration d’un Code du patrimoine, son inscription à l’université tunisienne comme discipline d’enseignement depuis 1996 et comme discipline de recherche avec la formation de docteurs en sciences du patrimoine, la création en 1999 du laboratoire du patrimoine à la Faculté de la Manouba et d’autres structures et unités de recherche sur le patrimoine dans toutes les universités de Tunisie, sans oublier l’appropriation du patrimoine par les jeunes venant d’horizons divers et sa valorisation par le tourisme qui souhaite en faire un instrument décisif pour le développement local et régional.
«Cinq cents pas et on change de civilisation»
Les différentes communications ont montré que ce patrimoine très riche et varié était un patrimoine en partage. Sept parmi ses sites les plus prestigieux, Carthage, La Médina de Tunis, la Médina de Kairouan, la Médina de Sousse, Kerkouane, Dougga, l’Amphithéâtre de Thysdrus, auxquels s’ajoute le lac Ichkeul entant que site naturel, sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO et font partie, à ce titre du patrimoine de l’humanité et sept autres sites peuvent aspirer à cette inscription puisqu’ils répondent, d’après l’archéologue, Boutheïna Ben Baaziz, aux critères exigés par l’UNESCO pour intégrer ladite liste. D’ailleurs, le laboratoire de la Faculté de la Manouba les a proposés et a suggéré à l’Etat tunisien d’entreprendre les démarches nécessaires pour ce faire. Il s’agit des sites et monuments suivants : le site de Bulla Regia, la Table de Jugurtha, La forteresse byzantine de Haïdra (Ammaedara), le parc archéologique de Sbeïtla, le monde des Ksours dans le Sud tunisien et plusieurs monuments à Djerba.
Ce patrimoine n’appartient pas aux seuls Tunisiens. Il est partagé avec les Maltais, les Grecs, les Siciliens, les Russes, les Livournais émigrés en Tunisie et les Juifs tunisiens établis dans le pays depuis la haute Antiquité à cause des vicissitudes de l’histoire. Ces groupes minoritaires ont été obligées de le quitter, par vagues successives, pour la même raison. Cette « mosaïque tunisienne », suggérée, dans l’affiche de la manifestation, par la reproduction de la très belle mosaïque d’Ulysse enchaîné à son bateau pour ne pas céder aux chants des Sirènes, fait la singularité d’une Tunisie plurielle dont le patrimoine archéologique et monumental garde l’empreinte. Cette Tunisie, creuset de civilisations et de cultures diverses donne le vertige à Albert Memmi qui recourt à l’hyperbole pour exprimer cette diversité : « Cinq cents pas de promenade et on change de civilisation »
Cet aspect a été très bien étudié par Habib Kazdaghli dans sa communication intitulée « La mémoire de nos diasporas, un patrimoine en construction » qui montre la diversité de la diaspora et ses traces sur le plan architectural (résidences), toponymique (rues et quartiers, monumental (lieux de culte et autres monuments), dans les récits et témoignages historiques, dans les Archives, dans les œuvres de fiction et la production scientifique. Le doyen de la Faculté de la Manouba a présenté un état des recherches sur l'histoire des différentes minorités et communautés ayant vécu en Tunisie et du parcours accompli sur le chemin de l'élaboration d'une mémoire plurielle à laquelle le laboratoire de la Manouba et de nombreux chercheurs de l’autre rive contribuent même si on peut déplorer le nombre limité des études relatives à ces communautés. Si cette production mémorielle est motivée par la nostalgie dans la rive Nord de la Méditerranée, où les membres de la diaspora ont trouvé une nouvelle terre d’accueil, elle s’explique par la prise de conscience d’un patrimoine en péril et de la nécessité de le sauvegarder dans l’autre rive.
Mais ce patrimoine en partage et ce passé commun avec leurs vicissitudes n’ont pas suscité de prime abord l’intérêt des historiens, préoccupés au lendemain de l’indépendance par la Genèse de l’Etat-nation et ne disposant pas de sources d’informations pour écrire l’histoire d’une diaspora dont la « mémoire collective » est défaillante parce que « les groupes qui en gardent le souvenir ont disparu » ainsi que « les cadres sociaux » de cette mémoire qui aident à raviver les souvenirs et à reconstituer le passé ( Maurice Halbwachs cité par Habib Kazdaghli). Ce legs doit être l’objet d’une réflexion sereine et profonde, commune et exempte de tout ressentiment, estime Habib Kazdaghli.
Ce débat sur les caractéristiques et le devenir de ce legs partagé doit être poursuivi, si on veut le sauvegarder d’autant plus que le climat politique postrévolutionnaire avec la reconnaissance juridique des libertés publiques et des libertés s’y prête, poursuit le doyen de la Faculté de la Manouba. Je dirai qu’il peut aider l’historien à rassembler les pièces de cette mosaïque de groupes ethniques précités comme dans un jeu de puzzle. C’est la signification de ce genre de rencontre scientifique où chaque intervenant enrichit la connaissance de ce patrimoine en ramenant les pièces du puzzle qui manquent.
Dans une claire stigmatisation de l’obscurantisme et de sa conception figée et sclérosée de l’identité et dans une allusion évidente au terrorisme dont elle fait le lit, Habib Kazdaghli a considéré que « l’identité ne pouvait être « porteuse de progrès que si elle était plurielle » et que « dans le cas contraire, elle était meurtrière ». Il a ajouté, qu’avec l’avènement de la démocratie, la modernité ne se faisait plus sous « la houlette du despotisme éclairé » monolithique et quelque peu exclusif et qu’il appartenait aux historiens de montrer « cette mémoire plurielle et cette diversité » et les dangers liés à la politique de la table rase.
L’exposition de photographies « Sacrée Tunisie » (présentée par Cyrine Ben Gachem ) a merveilleusement illustré, par le biais du sacré évoqué à travers les âges, plusieurs pans de cette histoire diversifiée et plurielle mais son objectif premier est de montrer à travers le regard du photographe ( Cyrine ben Ghachem), grâce à l’esthétique photographique et à travers l’approche du chercheur, la représentation du sacrée partagée par le groupe et issue des discussions au sein du Laboratoire du patrimoine de la Manouba. Cyrine Ben Ghachem nous invite, à l’occasion de sa promenade dans l’univers du sacré, à ne pas confondre le religieux et le sacré, car la religion n’est qu’une forme d’administration du sacré. L’extrémisme religieux ne fait qu’instrumentaliser le sacré, tente de le domestiquer, pousse ses partisans à la folie meurtrière tandis que le sacré a constitué « un vrai pont entre les gens, un ciment social fort ». Jamais fauteur de guerre à l’opposé du fanatisme religieux ! C’est le message que veut faire passer Cyrine Ben Ghachem par le biais de cette exposition.
La Tunisie au miroir des écrivains et chercheurs ou l’impossible rupture du cordon ombilical avec la Terre natale
La production mémorielle, représentation sublimée ou objective de la réalité par les écrivains de la diaspora a été l’un des centres d’intérêt majeurs de ce colloque parisien parce qu’elle constitue, à travers les récits et témoignages historiques, le roman autobiographique ou l’autobiographie romancée, les recueils de souvenirs, la recherche historique, une mine inépuisable d’informations pour la connaissance de ce patrimoine en partage. Pour donner une idée précise de cette littérature et de cette recherche et pour débattre de l’image de la Tunisie à travers l’écriture romanesque et les écrits des chercheurs ( trois historiens et une sociologue) , les organisateurs du colloque ont invité une pléiade d’écrivains et de chercheurs (http://www.leaders.com.tn/article/19588-les-journees-patrimoniales-tunisiennes-de-paris-ou-le-patrimoine-tunisien-revisites). Deux tables rondes ont été respectivement animées par Maha Ben Abdeladhim (pour les écrivains) et Habib Kazdaghli (pour les chercheurs). Les témoignages de ce derniers, souvent émouvants et non dénués d’humour ( Rosaire di Stefano, Claudio Rizzo) ont permis aux chercheurs du laboratoire de la Manouba et à l’auditoire composé de Tunisiens et d’un public très représentatif de la diaspora tunisienne, qui a quitté le pays au moment de l’accession à l’indépendance ou dans les années suivantes, d’avoir des informations très précieuses sur le parcours, les études, les souvenirs tunisiens de ces écrivains et chercheurs et sur les déterminations profondes de leur intérêt pour la Tunisie, source d’inspiration pour les romanciers et objet d’études pour les chercheurs. La journée a également donné aux invités et au public l’occasion d’un échange fécond d’idées et de connaissances, permettant par là même au public une meilleure connaissance de ce patrimoine et aux historiens d’ajouter à leur puzzle d’autres pièces de la mosaïque.
Les participants aux deux tables rondes ont renvoyé au public l’image d’une Tunisie multiculturelle, multiethnique et tolérante même s’ils ont tenu à mettre en garde contre une image embellie des relations entre les communautés et l’image d’Epinal de la Tunisie de l’époque, comme le meilleur des mondes possibles, qui occultent les conflits réels ou latents. Colette Fellous confie, à ce propos, avoir reçu « une éducation multiple, riche de pluralité » qui lui a permis « de vivre partout dans le monde » tout évitant de tomber dans le piège « de la mémoire enjolivée ». Nicole Jean ne manque pas de mentionner les conflits fondamentaux à l’intérieur de cette société en parlant d’une classe de philo, « au bord de l’explosion » en 1954.
Les écrivains ont longuement évoqué les motivations profondes qui les ont poussés à l’écriture. Ils ont, pour la plupart, mis en avant les aléas de l’Histoire et leurs terribles répercussions sur leur vie avec la quête de soi, l’interrogation sur l’identité qui peut aller jusqu’à la crise identitaire (Rosaire di Stefano), la recherche des racines, comme déclencheur du mouvement de l’écriture. Colette Fellous le dit sans ambages : « on croit maîtriser sa vie, être dans une famille, notre vie est déterminée par l’Histoire ».Les autres le disent autrement en évoquant un événement tragique venu rompre la quiétude des jours heureux. C’est le départ du pays, provoqué par l’indépendance ou la guerre des six jours, source d’une blessure profonde ravivée par d’autres tragédies comme la guerre de Bizerte ou la guerre du golfe. Nicole Jean, constate «dans toutes les histoires, un deuil intime lié à des moments violents, à la violence collective », à l’origine d’une rupture comme l’assassinat de Farhat Hached. Le départ est douloureusement ressenti. Il entraîne beaucoup d’amertume et l’exilé souffre d’un sentiment de rejet difficile à surmonter. S’il est n’est pas aisé pour Rosaire di Stefano de tourner la page en France, car il estime avoir été chassé de son pays et mal reçu dans le pays d’accueil, Claude Rizzo se fait très vite une raison, considérant que ce départ était dans l’ordre des choses : « La Tunisie avait besoin de mon départ pour devenir adulte ».
Ils cherchent dans l’oubli ou dans des ersatz un antidote à cette amertume et à ce sentiment de rejet. Rosaire di Stefano fait le voyage en Sicile dans l’espoir d’y retrouver ses racines, sans succès. C’est à ce moment qu’il découvre que la Tunisie est en lui, que les racines sont les souvenirs d’enfance et que naît le projet d’écriture qui assimile le départ de Tunisie à « la perte du Paradis » et l’écriture comme une recherche du paradis et du temps perdus. Nicole Jean passe cinq ans au Maroc et vingt ans en Algérie dans l’espoir de « retrouver un succédané » à son pays natal ». Mais la copie apparaît comme un mauvais ersatz de l’original, même si l’écrivaine a pu ressentir en Lybie, le vent de mer tunisien, une expérience qui rappelle étrangement l’épisode de la madeleine proustienne et fait ressurgir le contexte tunisien. Si la première réaction à la suite du départ est le rejet, dans un premier temps, du pays natal et la décision perçue comme salutaire de la rupture du cordon ombilical, la nostalgie s’empare, par la suite, de ces écrivains et les souvenirs d’enfance affluent à l’esprit, dans un long et obsessionnel retour au pays natal, comme pour retrouver le paradis perdu. Colette Fellous l’a bien vu qui confie: «La Tunisie est la matrice première de notre lien au monde. Quand on est déplacé, on a une fixation terrible, ardente et merveilleuse à tous les détails. Si on se souvient, il reste une cartographie mentale, des lieux, de la musique, on s’agrippe à ça. L’écriture, c’est une terre, une ville qu’on bâtit, une mémoire qu’on veut retrouver à partir du présent ». Nine Moati, dont la maison est, à l’intérieur, la reconstitution d’un palais beylical, confie : « Quand je suis à la maison, je suis à Tunis ». A l’image de Colette Fellous, qui pensait que la Tunisie était loin derrière et n’imaginait pas qu’elle aurait un tel besoin de revenir, les écrivains ont ressenti cette envie irrépressible d’un retour au pays et d’un voyage romanesque dans les souvenirs, à la recherche de l’enfance perdue. A son retour en France, confie Nicole Jean, elle a pris la décision d’écrire « pour dire comme ça se passait ». De fait, dans « Une enfance tunisienne », elle nous raconte son parcours d’enfant et d’adolescent en restituant le décor de l’époque et en focalisant sur l’enfance paradisiaque dans la ferme isolée, située à 17 kilomètres du village de Bouarada, « à laquelle elle était viscéralement attachée », qu’elle a perdue et qu’elle ressuscite par la magie de l’écriture.
Claude Rizzo, auteur du « Maltais de Bab El Khadra » estime que c’est l’écriture qui lui a permis de « faire la paix avec la Tunisie ». Ce livre a permis de restituer « la vérité d’une jeunesse sublime, de « dépasser l’amertume » et d’inaugurer avec la Terre natale « une phase d’amour retrouvé » avec des allers et retours continuels entre la Tunisie et la France.
Les écrivains et les chercheurs invités ont, à des nuances près, insisté sur leur passion pour la Tunisie et l’impossible rupture du cordon ombilical avec la Terre natale en dépit des vicissitudes de l’histoire. Ils ne peuvent que souscrire à la très belle et émouvante envolée lyrique par laquelle Béatrice Slama a achevé son allocution de récipiendaire des insignes de l’Ordre National du mérite et où elle présente la distinction obtenue « au soir de sa vie », « comme une image de ce lien très fort qui [l’]unit à la Tunisie où [elle est] née, où [elle a] tant appris, aimé (…) et à laquelle une part si profonde d’[elle-même] n’a jamais cessé d’appartenir ».
Habib Mellakh