Hédi Mejdoub: Un ministre de l’Intérieur atypique
Son profil tranche nettement avec l’image de la plupart des ministres qui se sont succédé, même jusqu’à tout récemment, à la tête du ministère de l’Intérieur. Inutile de chercher «un poids lourd», autoritaire, au verbe tonitruant, au visage fermé, à la démarche ponctuée et au style chef de guerre, réel ou supposé, voulant donner l’impression que la sécurité, c’est lui, sait tout (y compris sur vous) et maîtrise tout. Hédi Mejdoub, 46 ans, juriste, énarque, incarne un autre style. Plutôt celui d’un manager de groupe international, familier des objectifs, stratégies, moyens, résultats et évaluation. Avec une connaissance approfondie du paysage, des acteurs, des risques et des opportunités.
Promu aux commandes par son mentor de longue date, Habib Essid, en janvier dernier, il ne s’attendait guère à présider aux destinées du ministère de l’Intérieur dans sa nouvelle architecture centrée exclusivement sur la sécurité. Lui qui avait planché près d’un an auparavant en tant que secrétaire d’Etat sur la décentralisation avec les nouvelles attributions accordées par la constitution aux municipalités, gouvernorats et régions, le code des collectivités, la loi électorale pour les prochaines municipales, se voyait plutôt poursuivre le même sillon. Le chef du gouvernement en a décidé autrement.
Hédi Mejdoub et Habib Essid se connaissent et se pratiquent de longue date. Fraîchement émoulu de l’ENA, en 1997, Mejdoub est affecté à l’Intérieur. Il fera le tour des grandes directions de l’Inspection, de l’évaluation et de l’analyse, avant de rejoindre le cabinet du ministre. Le chef de cabinet n’était autre, de 1997 à 2001, qu’Habib Essid...
Il le retrouvera au lendemain de la révolution. Nommé ministre de l’Intérieur en mars 2011 par Béji Caïd Essebsi, il l’appellera à ses côtés en le désignant chef de cabinet. Mejdoub, aux compétences reconnues, sera maintenu par Ali Larayedh, puis Lotfi Ben Jeddou. Formant son gouvernement en février 2015, Essid le nommera secrétaire d’Etat, puis ministre en janvier 2016.