Les messages subliminaux de Caïd Essebsi aux dirigeants d'Ennahdha
Il est 18 heures quand le président de la République fait son entrée dans 'l'immense salle omnisports de Radès. Emporté par l’enthousiasme débordant des militants d’Ennahdha, il fera l’un de ses meilleurs discours. « J’ai beaucoup hésité avant de venir ici. La Tunisie compte 204 partis. Comme le président de la République que je suis doit être à égale distance de tous les partis, ma présence parmi vous m’obligerait à présider les congrès des tous les partis. Ce qui est impossible. Malgré tout, j’ai tenu à être parmi vous en reconnaissance des efforts déployés par votre parti pour favoriser le consensus national, ce qui l’a habilité à faire partie de la coalition gouvernementale». Et d'ajouter :« Si je suis présent ici, c'est parce que je suis convaincu que les Tunisiens sont capables de gérer leurs différends et partant de cohahabiter en bonne intelligence sous le toit des lois de la république et de la constitution.»
Il ponctue ses phrases de versets du Coran qu'il récite par coeur, ce que la salle apprécie et le fait savoir par des «Ya Béji, Ya Béji». Apparemment, la communion est totale entre l’orateur et les militants d’Ennahdha. Si Béji n’est pas en déplacement, mais sur ses terres au milieu des militants de Nidaa. Transcendé, se contentant de jeter de temps à autre un regard furtif sur ses notes, il est cependant conscient des difficultés que les dirigeants d'Ennahdha peuvent rencontrer dans leur entreprise. Il leur livre quelques messages subliminaux en insistant sur l'importance qu'il attache à une évolution d'Ennahdha.
il n'oublie pas de rendre hommage à Rached Ghannouchi et à sa contribution à faire d’Ennahdha, un parti civil qui ne prétend plus être le porte-parole patenté de la religion, ne manquant pas de rappeler qu’à chaque fois qu’il se rend à l’étranger il ne manque pas d’observer l’originalité d’Ennahdha par rapport aux autres partis islamistes. Il exprime l'espoir de voir «le programme politique d'Ennahdha en parfaite harmonie avec l'évolution du pays et répondant aux attentes du peuple tunisien». S''adressant aux congressistes, il souligne que «les révisions déchirantes qu'ils sont appelés à opérer seront appréciées à leur juste valeur par les Tunisiens et seront de nature à rassurer ces derniers sur le sort de leur mode de vie caractérisé par l'ouverture sur les cultures et civilisations étrangères et sur l'avenir de notre jeune démocratie, nos acquis, notre Etat moderniste et notre conception de l'islam qui plonge ses racines dans notre patrimoine réformiste».