BCE à Abdelbari Atouane : j'ai demandé à Essid de ne pas annoncer sa démission lundi
Le journaliste palestinien Abdelbari Atouane a rencontré tout récemment le président Caïd Essebsi. Sur son site, Erraï elyoum, il revient sur cet entretien « non officiel » et « non journalistique ». Nous en avons extrait ces quelques passages:
«Lorsque j’ai rencontré le président tunisien Béji Caïd Essebsi, au palais de Carthage, lundi dernier, il venait tout juste de sortir d’une entrevue avec le chef du Gouvernement, Habib Essid et un certain nombre de personnalités et de ministres. Ces entretiens entraient dans le cadre de ses consultations en prévision de la formation d’un gouvernement d’union nationale pour sortir de ses crises économique et sécuritaire qu’il traverse aujourd’hui.
Le président m’a confirmé que l’initiative qu’il avait lancée était le fruit de sa propre réflexion précisant qu'il il ne s’en était ouvert à personne y compris Rached Gnannouchi qui l’avait rencontré peu de temps avant qu’il ne l’annonçât (…)
«J’ai interrogé le président Caïd Essebsi sur l’avenir de Habib Essid et sur les raisons qui ont poussé celui-ci à ne pas présenter sa démission comme il était prévu. Il m’a répondu que M. Essid y était prêt mais qu’il (le président) lui avait demandé de temporiser. Dailleurs, le chef du Gouvernement s'est dit prêt à le faire sur le champ tout en se félicitant de la confiance que le président lui avait accordée pendant toute la période où il avait été à la tête du gouvernement insistant sur le fait que la relation entre eux avait été toujours très forte.
J’insiste : pourquoi ce report de l’annonce de la démission de Habib Essid ? Est-il dû à l’éventualité d’un échec des consultations sur la nouvelle équipe gouvernementale ? Je préfère que Habib Essid reste à son poste jusqu’à la dernière minute pour éviter toute vacance, me répond le président en souriant (...)
«J’ai constaté que le président ne se faisait plus d’illusions quant à une participation de la gauche au gouvernement. Il se plaint de son discours radical. En contrepartie, il est satisfait de la collaboration pleine et entière qu’il a trouvée chez le président d’Ennahdha. D’ailleurs, il est question que les deux principaux partis se partagent les portefeuilles du prochain gouvernement (...)
«Les chances des candidats à la primature et aux portefeuilles ministériels constituent l’un des sujets majeurs des veillées ramadanesques et des médias papier et électroniques. Lorsque j’ai demandé au président le nom du candidat qui avait les plus fortes chances d’occuper le poste, il m'a répondu qu’il fallait attendre la fin de la semaine. Mais il est évident qu’il hésite entre deux candidats avec une préférence pour une personnalité qui sait communiquer avec les Tunisiens et les médias (...)
«Je prie Dieu de lui venir en aide. Il dirige un pays qui est constitué dans sa grande majorité de leaders, experts en économie, finance, politique et dans le nucléaire. Ils ont toujours leur mot à dire, critiquent à tout propos et proposent des solutions pour résoudre toutes les crises. Mais ce qui est rassurant, c’est qu’ils ont un dénominateur commun, l’attachement à leur pays et à la cohabitation sous le même toit. Il reste que les divergences sont un signe de bonne santé dans la plupart des démocraties arabes les plus modernistes et les mieux ancrées dans un environnement arabe instable où les pays sont confrontés aux dangers da déchirure et d'émiettement communautaire et ethnique. En comparaison, la Tunisie est une oasis de stabilité».
Ainsi il apparait que la démission de Habib Essid est une affaire de quelques jours. La question n'est plus de savoir si le chef de gouvernement actuel va démissionner ou non, mais quand. Essid était prêt à l'annoncer lundi, mais il a dû y surseoir à la demande du président pour qu'il n'y ait pas de vacance. Caïd Essebsi s'attendant de toute évidence à de longues tractations pour arriver à un accord sur la formation du nouveau gouvernement. A cet égard, il faudra s'attendre à un trop-plein de candidats.