Le retour du califat?
Le rêve d’unité de la communauté islamique ne s’est pas arrêté avec la suppression du califat ottoman en 1924. Le voilà ressurgir avec le jihadisme promu par Daech. Mathieu Guidère (derrière ce nom se cache-t-il un Gouider tunisien), professeur des universités françaises, agrégé d’arabe, s’est employé à revisiter ce rêve transformé en redoutable guerre sanguinaire. Dans son livre intitulé Le retour du califat, il retrace les origines de cette institution, en Orient et en Occident. La séquence fatimide, qui s’est déroulée en Tunisie, est particulièrement passée en revue. L’auteur s’attarde aussi sur le califat ottoman, avant d’analyser ses projections à l’époque contemporaine et l’émergence de l’Etat islamique en Irak et au Levant. Il estime que le projet du califat est plus enraciné aujourd’hui qu’il en a l’air.
«Si ce projet suranné séduit désormais bien au-delà de la sphère jihadiste, écrit-il en conclusion, c’est parce qu’une autre idée a échoué, celle de l’ «Etat-nation», longtemps promue par l’Occident. L’idée d’un «califat panislamique» semble plus en phase avec l’ère de la mondialisation, de l’ouverture des frontières nationales et de l’affirmation des grands ensembles politico-culturels».
Pour Mathieu Guidère, «cette idée-là sera difficile à déraciner en l’absence d’une alternative idéologique et d’un projet politique crédible. Car l’option militaire seule ne peut régler les problématiques psychosociales et géopolitiques nées des constructions utopiques et des perceptions faussées. A l’heure où les Occidentaux célèbrent le centenaire des accords Sykes-Picot qui avaient redessiné les frontières anciennes du Moyen-Orient, il est temps de penser à des solutions diplomatiques qui permettent d’aller au-delà des symptômes pour traiter les causes réelles des conflits et démentir l’impression que l’histoire n’est qu’un éternel recommencemen».