Pourquoi ne pas arabiser les études techniques et commerciales à l'université?
L'arabisation de l'enseignement des sciences juridiques, humaines et sociales à l'université a été entamée il y a une bonne vingtaine d'années. Dans un climat apaisé, d'une manière progressive et rationnelle et sans conflits idéologiques majeurs entre tenants de l'authenticité et ceux de l'ouverture, comme cela s'est vu sous d'autres cieux.
En somme, à la tunisienne. Ce qui n'exclut pas cependant les critiques, notamment sur le rythme de cette arabisation et les appréhensions sur les incidences de cette arabisation sur le niveau, s'agissant de certaines disciplines où la biblographie arabe n'est pas de grande qualité. Car si l'arabisation des études d'histoire et de géographie et surtout de droit s'est faite tout naturellement, la Tunisie ayant des traditions bien ancrées dans ce domaine, ce ne fut pas le cas d'autres disciplines comme la philosophie et sutout la sociologie où l'opération s'est faite dans la douleur.
Mais globalement et avec le recul, on peut dire que cette arabisation est une réussite au point qu'on peut se demander s'il ne faut pas l'étendre à d'autres disciplines comme les études commerciales et d'ingéniorat où les étudiants, parce qu'ils ne maîtrisent suffisamment pas la langue française ont des difficultés à suivre les cours et surtout à s'exprimer dans cette langue. Il suffit d'assister à une soutenance de mémoire dans un ISET ou une faculté pour mesurer le drame de nombre de nos étudiants incapables de construire une seule phrase en français, de prononcer même certaines lettres correctement comme le "r", le "p" ou le "u" ou de répondre autrement que par oui ou par non aux questions du jury.
Toutes ces questions nous renvoient à ce qu'il faut faut bien qualifier de talon d'achille du système éducatif tunisien: l'apprentissage des langues. D'ailleurs, les réactions de nos lecteurs à la success story de Rym Msadek est fort révélatrice: ce qu'ils en avaient retenu, c'était davantage la maîtrise de la langue française et la limpidité du style, une denrée suffisamment rare pour être relevée, que le parcours de l'auteur. Il est vrai que son cas est atypique.
L'élève ou l'étudiant tunisien moyen ne maîtrise ni le français, à cause d'une arabisation pratiquée dans la précipitation au début des années 80, ni l'anglais. Il lui reste l'arabe littéral dont sa langue maternelle est la plus proche et où il se sent le plus à l'aise. Pourquoi, dès lors, ne pas arabiser d'autres disciplines en adoptant les mêmes méthodes qui nous ont si bien réussi dans les sciences humaines et le droit.
Hédi