Les nouvelles générations d'étudiants sous la loupe des chercheurs du CERES
Le Centre d'Etudes et de Recherches Economiques et Sociales (CERES) vient de se rappeler à notre bon souvenir en consacrant le dernier numéro de ses "Cahiers" aux "nouvelles générations d'étudiants tunisiens: un monde en pleine mutation". Il s'agit d'une enquête réalisée par des chercheurs de l'Unité de Recherche "Université tunisienne et transformations sociales" sous la direction de Mohamed Bachouch. Il était temps. Depuis l'enquête réalisée en 1999 par M. Ben Romdhane et Michèle Belajouza sur "les Etudiants, leurs Etudes et leur vie", aucune étude sérieuse n'a vu le jour alors que le monde estudiantin a connu de profondes mutations ne serait-ce que sur le plan quantitatif, puisqu'il a vu ses effectifs, passer, en une décennie, de 150000 en 1999 à 370000 en 2009.
Une remarque s'impose, de prime abord, à ceux qui ont connu le CERES des années 70 et 80 du siècle écoulé, celui de Abdelkader Zghal, Lilia Ben Salem et Khélil Zamiti: nos jeunes chercheurs dont je découvre le nom, sont plus à l'aise dans la langue d'El Moutanabbi que dans celle de Molière, ce qui tombe sous le sens quand on sait que l'enseignement des études sociales a été en grande partie arabisé. En tout cas, pour un lecteur qui ne s'imaginait pas lire un jour un texte sociologique autrement qu'en français ou en anglais, la preuve est faite, une fois de plus, qu'on peut traiter, dans notre langue nationale, de tous les sujets qu'ils soient littéraires ou scientifiques quand bien même, on aurait bien du mal à comprendre certains textes si on n'est pas familiarisé avec le vocabulaire sociologique arabe.
L'optimisme de la volonté
Avec l'augmentaion des effectifs estudiantins, leur féminisation, l'apparition du chômage des diplômés qui touche la moitié d'entre eux, une enquête de grande envergure s'imposait. Celle du CERES vient donc à point nommé, levant ainsi le voile sur une catégorie de jeunes jusque-là sous analysée. Une enquête qui, il faut le reconnaître n'a rien occulté. Cela va de l'intégration des étudiants dans le tissu urbain de Tunis aux projets d'entrée dans la vie active en passant par les loisirs, le tabagisme, le mariage, la vie affective et même sexuelle. A vrai dire, des préoccupations qui ne sont pas différentes de celles du reste de la population à cette différence près que les étudiants qui constituent par définition la couche la plus éclairée de la jeunesse tunisienne ne se contentent pas de ressentir confusément les problèmes auxquels ils se trouvent confrontés, ils les expriment de manière très nette et avec une franchise d'autant plus grande que les entretiens non directifs des enquêteurs leur en offrent l'opportunité. D'ou le ton libre des réponses. En définitive, cette enquête constitue une mine d'informations. Loin de réfléter un quelconque mal être, elle souligne le dynamisme d'une jeunesse en pleine mutation, se posant les questions que toutes les jeunesses du monde se posent, mais animée toujours de la volonté de transcender les difficultés.