Témoignage du Professeur Abdeljélil ZAOUCHE
Le Professeur Hsouna Ben Ayed a fait partie des Pères fondateurs de la Faculté de Médecine de Tunis et de la Médecine moderne en général.
Ancien interne des hôpitaux de Paris, il enseignait, à une époque où il y avait peu d’enseignants tunisiens et quelques missionnaires étrangers, une grande partie de la Médecine Interne, de la Néphrologie, de l’Endocrinologie etc…
Lorsque nous étions étudiants, pour charrier l’un de nous qui bombait le torse parce qu’il avait eu une bonne note, on disait : « Il se prend pour Hassouna Ben Ayed ! ».
Si Hsouna était également le Chef du plus grand service médical du pays comportant plus de 120 lits et de nombreuses unités de néphrologie, d’endocrinologie, d’hémodialyse, de médecine interne et de rhumatologie avec un grand nombre d’agrégés, d’assistants et de résidents. Véritable temple de la Médecine, le service essaimait toutes ces spécialités dans tout le pays.
Si Hsouna n’était pas uniquement l’interniste hors pair comparé par ses élèves tour à tour à une « bibliothèque ambulante » ou à une « véritable encyclopédie» c’était aussi celui qui a appliqué le rêve du Pr Z. Essafi d’instituer un concours de résidanat qui ouvrirait la voie à la spécialité.
Notre promotion devait être la première concernée par ce concours et devant notre protestation de ne pas avoir de conférences de résidanat, il nous avait répondu que des cours intensifs et gratuits pour la préparation pouvaient être faits. C’est comme cela qu’il a veillé à organiser des conférences de résidanat dans les locaux de la faculté avec un certain nombre d’enseignants volontaires qui nous faisaient des conférences gratuites, régulières et soutenues en fin d’après-midi et quelques fois en soirée et, au premier rang desquels, il y avait les professeurs Habib Hamza, Béchir Larabi, Noureddine Slimène, Moncef Khaldi et d’autres …
Si Hsouna n’était pas tout cela uniquement, c’était aussi un homme engagé non seulement pour son île natale de Jerba, mais également pour l’éthique médicale et surtout engagé en faveur du peuple palestinien. Président de l’Association Médicale Tunisie-Palestine, qui comprenait également comme membres les professeurs Safia Largueche, Feu Sadok M’timet, Feu Mohamed
Ghorbel, etc …
Il avait organisé l’envoi de résidents tunisiens pour aller travailler dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth sous l’égide du croissant rouge palestinien et de son président le Dr Fethi Arafat. J’ai été le premier à partir et remplacé ensuite par Abdelmajid Ben Hamida, Skander M’rad, tous « envoyés du Dr Hsouna » comme on disait là-bas !
Mais je pense que ce qui est le plus remarquable dans la personnalité de notre Maître, c’est qu’il ne s’est jamais (jusqu’à la fin de sa vie) éloigné de la médecine et des staffs médicaux etc… mais de cela le Pr Skander M’rad en parlera mieux que moi.
Adieu Si Hsouna, vous incarnerez toujours le savoir et l’humilité, l’honnêteté et l’engagement.