Hassouna Ben Ayed: Adieu monsieur
Adieu l’Ami
l’homme n’est pas à présenter, il est rentré dans l’histoire.
Je ne saurai vous parler de lui sans vous dire l’affectation profonde que j’éprouvais pour cet homme qui m’accueillit en 1959 dans son service à l’hôpital Charles Nicolle, alors que j’étais encore étudiant de 4ème année de médecine à Bordeaux.
Il est témoignage d’une bonté infinie à un moment où j’étais un peu désemparé dans ma carrière.
Il m’accueilla avec générosité et amitié qui m’ont permis d’être rapidement intégré dans l’atmosphère de son service où régnait un sentiment familial réunissant le Patron, les infirmiers et les malades.
Grand travailleur, appliqué depuis ses débuts, il suivit sans détour la route qui devait le conduire au sommet de notre profession.
Conservant en toutes circonstances une droiture de pensée, de coeur qui en firent le plus loyal, le plus fidèle des amis.
Ceux qui sont présents ce jour pour lui rendre un dernier adieu en portent témoignage.
Il était riche de qualités profondes souvent cachées, ignorées même de beaucoup de ses collègues et condisciples.
Il en était un peu complice par sa réserve, sa timidité cachant une grande sensibilité. Cette réserve ne le servait pas dans le monde. Il ne s’extériorisait jamais, étant de ceux qui ne parlent qu’après avoir pensé.
Comme les timides, il avait parfois une certaine maladresse de ton, une brusquerie de parole, une attitude abrupte qui l’isolaient encore plus. Mais cette timidité cachait une générosité, une délicatesse, une noblesse d’âme pour ses amis de toujours (Zouhaïer Essafi, Ali Boujnah, Mahmoud Ben Naceur) (….et ils sont encore plus nombreux à citer.
Il surprenait par la profondeur de sa culture dans tous les domaines : médical, littéraire, artistique).
Délicat, conciliant dans son service comme dans sa vie familiale, il aimait l’ordre et la paix.
Avec ses trois enfants, il était le conseilleur sûr avec une certaine distance et une grande disponibilité qui ne faisait pas douter dans son affection profonde.
Réservé, docile, il en fait preuve lors de sa maladie qui l’a emporté rapidement.
Professeur Sadok HADDAD