Faut-il s'inquiéter de la montée en puissance de l'UGTT?
Houssine Abassi est partout dans les journaux, sur les ondes et les plateaux, se répandant en oukases, fixant des lignes rouges et prodiguant ses conseils, toisant le pouvoir politique de haut. On savait très bien que l’UGTT n’était pas seulement une organisation sociale. Mais aujourd’hui, elle est devenue aussi un acteur incontournable de la scène politique et entend le faire savoir urbi et orbi. Et surtout, elle a le beau rôle. Elle ne participe pas au gouvernement, mais elle s’érige en organe de contrôle de l’Etat en même temps que le parlement. Cosignataire du Document de Carthage, elle ne veut pas se contenter de jouer les faire valoir et fait entendre sa différence. Il faut dire que son secrétaire général s’en acquitte fort bien. Son chiffon rouge, c’est etta9achouf (l’austérité), une éventualité que le chef du Gouvernement n’a pas écarté, mais dont il n’usera qu’en dernier recours. Le secrétaire général de l’UGTT ne veut pas en entendre parler. Et invoque le fameux « Document de Carthage » qui a prévu la lutte contre l’économie informel, la contrebande et l’évasion fiscale, ce qui devra permettre selon lui d’accroître les recettes fiscales du pays et d'éviter le recours à l'austérité. Il précise sa pensée : « il faut que les sacrifices soient partagés». Il n’est donc pas question de suspendre les recrutements dans la fonction publique dans l'éducation et la santé, ni de toucher au statut des entreprises publiques » (entendez ne pas privatiser). Et pour clore ce dossier, il nous annonce un scoop : le chef du Gouvernement ne touchera pas aux recrutements dans ces deux secteurs. Il appelle ensuite à déclarer Kasserine, zone sinistrée. Il n'est pas pour les sit in, mais «comprend» qu'on y ait recours, «faute de dialogue». Enfin, il évoque les augmentations des salaires dans le secteur privé y compris dans l'hôtellerie.
Faut-il s'inquiéter de la montée en puissance de l'UGTT ? En tout cas, cette situation est inédite. On était habitué certes à ses incursions sur le terrain politique. Aujourd'hui, elle veut avoir son mot à dire sur tous les dossiers et être associée notamment à l'élaboration de la loi de Finances et du budget de l'Etat en plus du Plan. l'appétit venant en mangeant, on est en droit de se demander jusqu'où ira-t-elle dans cette voie ?