Tunisie 2016: gouverner c’est choisir
"Quand on veut gouverner les hommes, il ne faut pas les chasser devant soi. Il faut les faire suivre" - 'Montesquieu'
Il n’est pas bon de jouer l’oiseau de mauvais augure, et anticiper le mal pour un gouvernement qui démarre, avec à sa tète un jeune Premier ministre, dont les premiers pas rassurent.
Il ne s’agit pas de cela, combien de gouvernements faits de "brics et de brocs" ont réussi dans leurs parcours?
Peu en effet, y compris dans les pays à forte tradition démocratique, dans lesquelles les alliances multi partis de ce type se sont faites et défaites.
Pour une raison simple, les partis sont des machines électorales avant tout, dont la pérennité est garantie par des idéaux, objectifs politiques communs et un socle de partisans solides.
Si ce dernier est ébranlé au sein d’une seule composante, c’est toute la coalition qui trébuche, voire s’ébranle.
Que dire quand une coalition est formée à l’instar de celle qui nous gouverne, de plusieurs partis, avec des desseins politiques différents voire divergents?
Pour perdurer, elle ne dispose que d’un moyen, la conciliation permanente, par ses dirigeants, des différences, divergences, oppositions, qui sont le lot commun de la vie politique.
La conciliation est un exercice qui absorbe l’énergie, de ceux qui la pratiquent, jusqu’à réduire leur capacité à faire ceux pour quoi ils ont été désignés à savoir la direction du pays.
A la limite, une coalition pourrait avoir plus de chances de réussite quand elle inclut des non-politiques.
Pour une raison simple, ils sont moins prisonniers des électorats des partis, et des ambitions légitimes souvent contradictoires de ces derniers, qui ont toujours l’œil fixé sur les élections à venir.
Le Front populaire l’a compris, il reste en dehors du maelstrom gouvernemental, en position confortable de juge.
Un Gouvernement c’est une équipe nationale de football, ou à peu prés, et combien de ces dernières avec leurs stars se sont fait battre par des équipes de second ordre dans des matches d’entrainement?
Il y aura toujours dans un gouvernement d’union la lutte entre la faveur recherché du Public, et celle à conserver de l’électorat de chacun.
A moins que dans leur grande sagesse, tous les membres de cette équipe, tous, se sentent appartenir à la seule équipe qui vaille: l’équipe nationale.
Mourad Guellaty