Les évènements de Ben Guerdane : Il faut savoir ce que l’on veut : un Etat de droit ou un Etat mafieux
On peut comprendre la douleur de la famille du jeune contrebandier tué par l’armée (après les sommations d'usage, il faut le préciser), dimanche dans la zone-tampon près de la frontière libyenne. Ce qui est inacceptable, c’est la violence qui a marqué ces réactions à Ben Guerdane notamment, la destruction des équipements utilisés pour la construction du tronçon de l’autoroute qui jouxte la ville. Les jeunes de cette ville frontalière ont le droit d’attirer l’attention sur leur « mal vie ». Mais rien ne peut justifier cette flambée de violence. ces jeunes doivent savoir qu’ils ne sont pas les seuls dans ce cas en Tunisie. Beaucoup de jeunes dans les autres régions déshéritées sont confrontés à la précarité, au chômage et à la marginalisation, sans pour autant réagir comme l'ont font ceux de Ben Guerdane. Des partis de l'opposition ainsi que des associations de la société civile ont cru bon de proposer que des exceptions soient consenties aux jeunes de Ben Guerdane pour qu'ils puissent s'adonner à «la petite contrebande» «puisqu'ils n'ont pas d'autres ressources». Dans ce cas, pourquoi ne pas faire bénéficier les habitants des régions frontalières avec l'Algérie qui ne sont pas mieux lotis que les habitants de Ben Guerdane des mêmes avantages. Il faut savoir ce que l’on veut : un Etat de droit ou un Etat mafieux qui protège les contrebandiers.
Il reste que la concomitance de ces évènements ainsi que les grèves dans l'enseignement avec l'entrée en fonction du nouveau gouvernement suscitent bien des interrogations d'autant plus que le même phénomène s'est produit avec le gouvernement Essid avec la vague de grèves dans la plupart des secteurs. Beaucoup y voient l'empreinte de l'extrême-gauche. Il est quand même réconfortant de constater que même à l'intérieur de cette mouvance, il existe des hommes comme Mongi Rahoui qui rejettent la stratégie de la tension et l'opposition systématique dans lesquelles se complait la gauche tunisienne.