News - 17.09.2016

Mouldi Kéfi : Nous avons aussi besoin de nos amis

 Mouldi Kéfi : Nous avons aussi besoin de nos amis
Deux initiatives heureuses ont été prises récemment dans le but d'aider notre pays à surmonter les difficultés économiques auxquelles il fait face depuis la Révolution. 
  • La proposition faite par un certain nombre de députés européens de reconvertir la dette tunisienne en projets de développement,
  • La réunion à Paris de nombreuses personnalités venant d'horizons divers et répondant à l'appel lancé par le Club Kheireddine pour un " Plan Marshall " au profit de la Tunisie. 
Ces actions sont méritoires et doivent être saluées. Elles sont nécessaires pour pallier les déficits accumulés et les manques à gagner enregistrés depuis plus de cinq ans. Sont- elles pour autant suffisantes ? 
 
L'idée d'un plan Marshall avait été lancée depuis 2011. C'était à la veille de la réunion annuelle du G8 à Deauville. Une équipe restreinte du gouvernement du Premier Ministre de l'époque M. Béji Caïd Essebsi avait alors élaboré un document intitulé "Plan Jasmin" en hommage à la Révolution et qui avait été soumis aux dirigeants des huit pays ainsi qu'à différentes organisations financières régionales et internationales. On demandait une enveloppe de 25 milliards de dollars sur cinq ans pour nous aider à assoir sur des bases solides notre démocratie naissante. 
 
Une réunion de suivi s'était tenue en marge de la 66 ème session de l'ONU à New York en septembre 2011puis une conférence, au siège de l’UTICA, réunissant quelques 250 hommes d'affaires occidentaux co- présidée par le Chef du gouvernement du côté tunisien et la haute représentante de la politique étrangère de l’U. E. Lady Ashton, (en photo, en haut de l'article) un mois plus tard.
 
Puis, il y eut les élections du 23 octobre 2011 ! 
 
Tout au long de cette année 2011 , on n'avait cessé de demander aux dirigeants européens (Commission , Conseil , Parlement ainsi qu'au responsable de la politique de voisinage) de faire un effort en notre faveur et de nous traiter, dans la mesure du possible, comme les pays de l'Est qui avait brisé les chaines du totalitarisme deux décennies avant nous. Un tel traitement nous mettrait dans une phase de pré-adhésion en bénéficiant des différents fonds structurels et en particulier le fonds de soutien aux régions qui avait permis à un pays comme l'Irlande de devenir un " dragon ".
 
On peut revenir à la charge et leur demander de faire un bond dans le passé en se rappelant ce que nous proposait M. Prodi : « Tout sauf les institutions ! » 
 
Cette proposition avait alors soulevé un tollé chez certains députés européens qui voyaient d’une mauvaise toute faveur à l'ancien régime. Aujourd’hui, ce sont eux qui défendent notre cause.  Au- delà de l’Europe, il nous faudrait également renforcer notre coopération avec tous nos partenaires sans exception. Il fut un temps où les ressortissants (enseignants, médecins et ingénieurs notamment) de puissances aux idéologies opposées se côtoyaient dans nos universités (l’ENIT en est notamment un exemple édifiant), nos hôpitaux et nos grands chantiers (barrages, canaux d'irrigations ...). 
 
 
Si nous avons réussi seuls notre transition politique, nous avons en revanche besoin de tous nos amis pour relever les nombreux défis économiques qui nous guettent et gagner la bataille de la croissance et du développement. Concrétiser enfin les slogans de la Révolution.
 
En même temps, si nous voulons que le ciel nous aide, nous devons également nous aider nous- mêmes et entreprendre une révolution copernicienne dans nos mentalités. Revenir aux valeurs du travail bien fait, d’entraide, de sacrifice et d’abnégation. L'avenir de nos enfants est entre nos mains. 
 
Ne les laissons pas tomber ! L'Histoire ne nous le pardonnera pas.
 
Mouldi Kéfi
Ancien ambassadeur, ancien ministre des Affaires étrangères