Georges Adda, militant tunisien (Album Photos)
«Je me remémore souvent ma naissance et je me représente ma mère m’accouchant avec de grandes difficultés. C’est qu’elle avait à accoucher de siamois. Il y avait évidemment moi et il y avait aussi ma sœur siamoise la Liberté, ma liberté d’exister, de m’exprimer, de me manifester».
Georges Adda est tout entier dans ces mots. Tunisien juif, militant communiste, anticolonialiste, syndicaliste, figure immense de la société civile, il était avant tout un défenseur infatigable des causes justes. Avant et après l’indépendance, il convient de le préciser, y compris sous Ben Ali. En Tunisie comme à l’étranger. Comment ne pas souligner à ce propos son soutien constant à la cause palestinienne.
Il nous a quittés il y a quelques années sur la pointe des pieds avec cette discrétion et cette modestie dont seuls sont capables les vrais militants, sans avoir rédigé ses mémoires alors qu’il y avait tant de pans de notre histoire à éclairer, tant de témoignages à nous fournir sur des évènements qui ont marqué le XXe siècle dont il a été sinon l’acteur, du moins le témoin privilégié. Heureusement, il y avait les articles de presse, les actes des séminaires dont il était un habitué. Un puzzle que ses amis ont rassemblé dernièrement dans un ouvrage bilingue à l’occasion de son centenaire où les multiples facettes du personnage sont passées en revue et analysées. Jusqu’au soir de sa vie, il a tenu à rester «un homme utile à toutes les étapes de sa vie» (Hachemi Troudi).
Pourtant, le livre édité à l'occasion de son centenaire, malgré toutes ses qualités, nous laisse un goût d’inachevé. Il manquait une pièce au puzzle. On ne peut pas rendre hommage à Georges Adda sans avoir une pensée émue pour Gladys, l’épouse, la compagne, l’égérie, l’alter ego, l’amour de sa vie avec laquelle il formait un couple fusionnel. Compte tenu de la place qu’elle occupait dans la vie de Georges, elle méritait plus que la reproduction de quelques lettres d’ailleurs fort émouvantes échangées entre les deux époux.
Georges Adda, militant tunisien, 102 pages, 25 dinars, Nirvana septembre 2016