Réformer le service national : comment «faire d'une pierre cinq coups»
Le service national a été déjà évoqué dans plusieurs colloques, discours et articles (voir celui du général MEDDEB du 09-02-2016) sans toutefois avoir de suite, les propositions avancées n'ayant pas été retenues par les autorités concernées.
Faut-il rappeler ici que l'article 9 de la constitution et la loi 2004-1 du 14 janvier 2004 qui sont toujours en vigueur ne se prêtent à aucune équivoque.
Cet article et cette loi stipulent que « tout citoyen ayant atteint l'âge de 20 ans est tenu d'effectuer le service national. »
Les buts et objectifs de ce service national y sont bien établis :
- Le service national militaire actif destiné à répondre aux besoins de l'armée nationale.
- Le service national au dehors des unités des forces armées visant les besoins de la défense globale et les impératifs de la solidarité nationale.
Le nombre annuel des jeunes hommes, sans parler des jeunes femmes, de 20 ans est de l'ordre de 90 à 95000.
En soustrayant de ce chiffre:
- Les mariés avec au moins un enfant,
- Les inaptes physiques et mentaux,
- Les absents définitifs du territoire national
- Ainsi que ceux qui ont une famille à charge (père âgé de plus de 65 ans, décédé ou handicapé) et ayant jeunes frère(s) ou soeur(s)...
Il ne reste à incorporer que 65 à 70000 jeunes.
Lors d'un colloque organisé par l'Association des Anciens Officiers de l'Armée Nationale, l'approche et le projet présentés ont porté concrètement sur l'incorporation, certes progressive, de ces 65000 jeunes.
Il ne fait aucun doute que cette incorporation d'appelés, doit faire l'objet d'études approfondies et de nouveaux textes y afférents d'une part et d'une coordination entre le Ministère de la Défense (MDN) et les autres départements, d'autre part, d'où l'implication du Président de la République, Chef Suprême des Armées, du chef du gouvernement, et enfin de l'ARP.
Le projet présenté dans ce colloque repose sur l'incorporation de ces jeunes dans trois types d'unités à savoir:
- Unités conventionnelles/ opérationnelles éxistantes ou à renforcer ou à créer,
- Unités, territoriales, encore à créer, principalement sur les frontières.
- Unités de développement à créé.Le pays serait divisé en cinq régions militaires dont le commandement serait indépendant mais en relation de coordination avec celui opérationnel.
Avantages de ce dispositif
A- La sécurité sur nos frontières
L'implantation sur le terrain et la mobilité permettront d'éliminer le maximum de terroristes et de contrebandiers.
Là aussi la coordination, voire même des centres opérationnels communs, avec la Garde Nationale, la Police, la Douane (surtout), les gardes forestiers s'impose.
B- Le développement régional
Avec les unités conséquentes pour développer:
- L'agriculture, c'est la «croissance verte»
- L'infrastructure routière particulière,
- L'énergie durable (solaire et éolienne).
Tout cela sans concurrencer l'entrepreneuriat civil. Les chiffres donnés par le CNT nous révèlent que 143000 hectares de terres, tous types confondus, sont mal ou non exploités.
L'Armée est déjà expérimentée dans ce domaine, comme le prouvent les réalisations de Rijim Maâtoug dans le sahara et la route trans-Chott el Jerid.
Les cultures à mettre en place seraient bien sûr différentes en fonction des terres et des régions à développer.
A cela, il faut ajouter l'exploitation des 135000 km2 de nos eaux territoriales. C'est « la croissance bleue ».
Le Financement, pour démarrer, pourrait provenir des instances internationales : FMI, BM, CE, ou de pays amis, plus du PPP.
C- La formation et l'application
Tous niveaux confondus, les jeunes conscrits pourraient soit apprendre un métier soit mettre en application leurs diplômes de cadres spécialisés ou supérieurs.
D- La formation civique et citoyenne
Après une formation militaire de base (1 à 2 mois) nos jeunes auront appris dans l'école de l'Armée le sens de la discipline, de la hiérarchie, de la rigueur, et particulièrement leurs obligations envers la nation et le drapeau.
Ces acquis servirent à leur carrière future.
Leur comportement de bon citoyen ne fera.que faire progresser le pays.
E- La réduction du chômage et l'implantions dans nos régions
Ce projet, une fois mis en application, permettrait d'incorporer progressivement de l'ordre de 50 à 60000 jeunes par an dans les types d'unités citées plus haut plus les détachements dans les différents organismes et départements de l'état, ce qui réduirait le chômage d'une part.
D'autre part les dépenses du MDN avec moins de personnels engagés seront réduites.
Ce système encouragerait aussi l'implantation dans les régions comme ce fut le cas à Régim Maâtoug.
Colonel (R) Habib Azzabi