Tunisie 2017: rebond ou enlisement!
"Lorsqu'une porte se ferme, il y en a une qui s'ouvre. Malheureusement, nous perdons tellement de temps à contempler la porte fermée, que nous ne voyons pas celle qui vient de s'ouvrir".
(Alexander Graham Bell)
Nous ne faisons pas que contempler la porte fermée, de notre passé-présent, nous nous délectons de sa présence et de celle à l’intérieur, de notre histoire, la plus récente des six dernières années, prometteuse à ses débuts et tellement décevante plus tard.
Nous imitons les autre pays, atteints par ce mal informe, qui frappe depuis six années le monde: le nihilisme à tout crin, le vandalisme, l’héroïsme grossier et grotesque de ceux qui n’ont en pas.
Et qui se servent de leur besace vide, comme d’un paravent contre les contrecoups, qu’ils reçoivent comme autant de retours de reconnaissance et de gratifications à ceux, les coups, qu’ils ne cessent eux mêmes de distribuer.
Nous assistons tous les jours, ici ou là, à des combats de "nègres dans un tunnel", qui se surmultiplient, chaque jour un peu plus, et se répandent dans un monde atrophié, sans que l’on sache précisément les causes, les raisons, les objectifs et les buts de ce "capharnaüm" d’échanges musclés, physiques et verbaux, dont seuls la violence et le nihilisme sortent vainqueurs.
Pourquoi notre monde et notre pays, qui ont, en d’autres temps, montré des dispositions formidables à nous éblouir, peuvent-ils descendre si bas, dans la violence, physique et verbale, et au-delà dans l’ignominie, de l’abaissement moral, intellectuel, de la destruction, de l’autre, ignorant que cette étape est l’antichambre, de leur propre abaissement, effacement et même disparition?
Pourquoi le tunisien, loué autrefois, pour ses qualités intellectuelles et morales, et pour sa modération, est il devenu en moins d’une décennie, pour une large frange de sa population, belliqueux, violent, asocial, et venimeux, dans son comportement et son discours?
C’est le résultat, de la parole ligotée de plusieurs décennies, disent certains. C’est probable, mais au-delà de ce diagnostic rapide, n’y a-t-il pas une faillite collective du modèle tunisien, d’une société, de tous temps inégalitaire, et dont les différentes libertés prises avec la démocratie, ont cohabité allègrement, avec les grandes disparités sociales et régionales, une éducation au rabais, un individualisme à tout crin, et une absence d’un vrai idéal collectif.
Cet idéal est malheureusement tué dans l'œuf par la force d'inertie si présente dans notre réalité nationale. Qu’est il devenu cet idéal et pourrait- on espérer qu'un jour prochain figurent dans l'agenda politique de notre personnel politique: le redéploiement régional, la justice sociale, la place de la culture pour tous, la priorité accordée aux futures générations, aux forces de la jeunesse, et à celles du travail.
Et que la classe politique se réveille, qu'elle cesse de regarder son présent et son futur immédiat, qu'elle pense à l'avenir du pays et des jeunes générations, au sort des régions et des quartiers défavorisés y compris dans les grandes villes.
Quelle offre une vision d'avenir à tous, un véritable espoir au peuple de Tunisie, et que cessent les promesses tapageuse, qui ne créent que déception, désespoir et révolte, au lieu de susciter adhésion, enthousiasme et élan, dont la Tunisie a grandement besoin.
C'est à ce prix seulement, que nous pourrions espérer revoir un peu de lumière à l'horizon.
Mourad Guellaty