Trump à la Maison Blanche : Faut-il s'attendre à une révision déchirante de la politique étrangère américaine ?
C’est une vraie gageure que d’essayer d’anticiper ce que sera ou fera l’Administration Trump et ce que seront les lignes, même les plus générales, des politiques, des décisions et des positions d’une personnalité comme le Président Donald Trump. Comme un joueur de bridge ou de poker, il préfère ne pas révéler son jeu. Ses prises de position doivent être prises comme des annonces d’ouverture négociables plutôt comme des déclarations fermes de doctrine ou de principe. Par exemple, il a déclaré franchement dans sa campagne électorale qu’il préférait garder secret la stratégie qu’il adoptera pour combattre ISIS-Daech. Incidemment, le Général James N. Mattis, confirmé déjà Secrétaire à la Défense, soutient cette règle de Trump.
Carl Paladino, ami de longue date et chairman de sa campagne électorale de New York, prétend être un grand ami de Trump et le bien connaitre. Il affirme que le Trump que nous verrons à la Maison Blanche sera aussi différent du Trump que nous avons vu à la campagne électorale que celui-ci l’était du Trump que nous avons vu pendant les cinq à six dernières années. Trump a effectivement assumé des rôles, des activités, des fonctions, des responsabilités et des personnalités aussi diverses que celles d’un acteur de cinéma ou de théâtre. Il sait donc camper le personnage qui est le sien aujourd'hui pour mieux communiquer et réaliser ses objectifs. Ses positions déclarées doivent être prises comme des annonces d’ouverture que les circonstances, les analyses subséquentes, le pragmatisme et les négociations peuvent modifier.
Cependant ce qui mitige la gageure, c’est que la politique étrangère des USA, basée sur des valeurs et des intérêts largement indépendants de la personne ou même du parti qui occupe la Maison Blanche, a montré depuis Roosevelt en 1941, un degré étonnant de continuité et de stabilité. La stabilité des grandes lignes de continuité de la politique étrangère américaine a été montrée par exemple, par Andrew Bacevich, dans son ouvrage, «Washington Rules», publié en 2010 par Metropolitan Books, Henry Holt and Compagny, LLC.
L’objectif de cet exercice n’est donc pas d’essayer de prédire, avec le plus de précision et certitude possible, les positions que la nouvelle administration adoptera en matière de politique étrangère. Elle vise plutôt à provoquer le débat, à faire une lecture ou un déchiffrement de cette politique à travers la personnalité de Trump lui-même, ses positions esquissées dans la campagne électorale, et ses choix des membres principaux de son cabinet. Cette lecture pourrait servir aussi de grille de suivi de la politique étrangère que Trump mettra effectivement en œuvre.
Salah Brik El Hannachi
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