Record d'affluence à la foire du livre: le Tunisien est-il devenu un bon lecteur?
Le rideau est tombé dimanche sur la 28ème session de la foire internationale du livre. Il est probable que le record de visites de la précédente édition (200000) sera battu.
Faut-il pour autant en conclure que les Tunisiens ont été pris soudainement de passion pour le livre?
On voudrait bien le croire, mais le spectacle de ces dizaines de femmes, pour la plupart d'un certain âge devant le stand d'un éditeur libanais jouant des coudes pour acquérir le livre de recettes de Fatafeat, malgré son prix relativement élevé (45 dinars); les stands de livres parascolaires pris d'assaut... par les parents d'élèves; les stands désespérément vides des éditeurs de livres culturels, et surtout cette séance de dédicaces de la romancière algérienne, Ahlem Mostaghanmi où on frôlé l'hystérie, sont de nature à relativiser la portée de cette affluence. Et si le livre était devenu un objet de consommation courante obéissant aux mêmes règles de marketing que n'importe quel produit.
La romancière a choisi comme slogan pour lancer son ouvrage "interdit de vente aux hommes", ce qui a eu, parait-il, pour résultat de faire exploser les ventes chez la gent masculine. Car, tout se passe comme si ce genre de manifestation est devenu une sorte de happening où l'on vient comme dans une kermesse pour s'amuser et consommer. Le livre devenant un simple élément décoratif. Tant mieux, dirait-on, si cela devait inciter les gens à lire et surtout s'il s'agit de la bonne littérature. Ce qu'il faut craindre, c'est l'émergence d'une sous littérature qui finirait par chasser la bonne, la vraie. Comme cela se voit à l'étranger. Décidément, la société de consommation a tout perverti.