Foued El Mabrouk: Le patron du plus grand hôtel de Pékin
Est-ce une nouvelle spécialité tunisienne ! Quand vous arrivez dans un grand palace luxueux de par le monde, vérifiez bien si son patron n’est pas tunisien ! C’est le cas au Grand Hyatt de Pékin, l’hôtel 5 étoiles Number One, dirigé par Foued El Mabrouk, 27 ans de Chine. Sur la terrasse du Hyatt Pékin, Am Salah el Mabrouk, savoure délicieusement sa retraite auprès de son fils Foued. Surplombant la grande avenue principale, à quelques centaines de mètres de la célèbre place Tianamen et du musée de Mao, le Hyatt est l’expression du luxe, avec 825 chambres et suites, 1039 employés et 100 millions de dinars de chiffre d’affaires. Le lieu favori du tout-Pékin. Aux commandes, Foued, ce Tunisien originaire d’Ouled Bou Ali, au cœur des îles Kerkennah. Focus sur une véritable success story:
Am Salah, brave militant destourien, fait partie des premiers jeunes qui rejoindront la police technique tunisienne, au lendemain de l’indépendance. Il élèvera ses enfants dans le patriotisme, la rigueur et l’excellence. C’est ainsi que Foued, né en 1963, commencera ses études primaires à Kerkennah, avant de prendre le Loud pour Sfax où il fréquentera successivement l’Ecole Cacha puis le lycée de Garçons, Bac décroché en 1983, il se met à la recherche d’une bourse d’études à l’étranger. C’est ainsi qu’il tombera sur une annonce relative aux études en Chine et fera tout pour s'inscrire dans une école d'ingénieurs. La bourse est obtenue, mais restait à payer le prix du billet d’avion. Am Salah y sacrifiera toutes ses économies et lui remettra les 400 D pour l’aller Tunis-Pékin. Aujourd’hui, les dividendes en sont généreux.
De l'ingéniorat à l'hôtellerie
Foued Débarque en Chine en septembre 1983 pour des études d’ingénieur hydraulicien dans la prestigieuse université Tsinghua où l’avait devancé, deux ans auparavant son compatriote Zouhir Joudi. Propulsé directement dans ce pays-continent, en pleine mutation après la révolution culturelle, Foued s’appliquera à bien s’intégrer et à réussir ses études. Pour arrondir sa maigre bourse, il s’adonnera à des activités de traduction et d’interprétation français-chinois et se trouvera alors très sollicité par des compagnies européennes qui s’installent en Chine.
C’est ainsi que la chaîne hôtelière suisse Movenpick qui s’apprêtait, en 1987, à ouvrir son premier hôtel à Pékin fera appel à lui pour assurer la traduction lors des cérémonies d’ouverture. De l’hôtellerie, Foued ne connaîssait que le Grand Hôtel de Kerkennah où, chaque été, le patron Boubaker Fehri l’acceptait en stage pour lui permettre de gagner son argent de poche et ses frais de fournitures scolaires. Les leçons apprises auprès de Si Boubaker et de Si Mokhtar Hmani, patron de la Somvik, lui seront précieuses pour sa carrière.
Pour Foued aussi, l’année 1987 sera celle du changement. Sa courte mission auprès de Movenpick le chevillera au tourisme et à la Chine. Il passera rapidement chez Swiss Bel Hôtel où il apprendra les techniques du marketing hôtelier et passera 10 ans. La compagnie l’enverra à New-York, suivre les cours de la prestigieuse Cornell University pour devenir Sales & Marketing Director, poste qu’il occupera dès 1998. Deux ans après, c’est la chaîne américaine Hyatt qui lui offre un bon contrat lors de l’ouverture en l’an 2000 de son fleuron en Asie, le Grand Hyatt Pékin. Foued monte en grade, fait montre de sa compétence et de son sérieux, son carnet d’adresses garantit un bon taux de remplissage, sa courtoisie fait réussir les plus grand évènements accueillis par l’hôtel, bref, c'est la réussite.
Neuf ans d’efforts continu ont fini par payer. Dès le 1er mars 2009, il est promu directeur général. En pleine crise économique internationale et pandémies (grippe, etc.), le challenge était redoutable. Foued applique les bonnes leçons apprises : bien s’occuper des employés, promouvoir les compétences chinoises qui se sentiront ainsi responsables de la réussite, et se dédier au service de la clientèle. Les résultats sont là : une bonne croissance, inespérée en 9 mois, avec une superbe confirmation lors du 1er trimestre 2010.
Derrière chaque grand homme, il y a une femme et dans le cas de Foued, c’est Hédia. Une brave jeune fille tunisienne originaire de Kalaa Kebira, étudiante de l’IBLAV (Bourguiba School) envoyée en 1988 se perfectionner en chinois à Pékin. Coup de foudre entre deux compatriotes. Et une vie de bonheur. Hédia lui donnera trois superbes enfants : Marouane, 20 ans, étudiant à Montpellier, Sonia (16 ans) et Ines (10 ans), lycéens en Chine. Hédia, fonctionnaire internationale, vient de prendre une pause le temps de s’occuper de près des enfants.
Quand on demande à Foued quels sont ses projets d’avenir, il se contentera de répondre avec sa modestie naturelle: atteindre d’autres performances, battre de nouveaux records. Très attaché ainsi que sa petite famille à la Tunisie, il y revient chaque été et adore particulièrement l’ambiance festive de Kerkennah. Sa fierté en Chine, c’est l’excellente image dont jouit son pays dans les médias et auprès des officiels.