Zouhir Joudi: Le Doyen des Tunisiens en Chine
Sadikien, tout fier d’avoir décroché son bac, Zouhir Joudi ne voulait pas étudier à Monastir, préférant tenter sa chance à l’Université de Laval, au Québec. Tous ses copains du quartier de Lafayette, regrettaient son départ annoncé, tant il mettait de l’ambiance mais se consolaient à l’idée de le voir revenir au bout de 3 ou 4 ans au plus. Au lieu d’aller en Amérique, le voilà à l’autre bout du monde, en Chine… depuis maintenant 30 ans. Sacré destin !
"Je m’en souviens comme si c’était hier" Attablé dans une superbe ferme-restaurant dans la banlieue de Pékin, Zouhir Joudi revient, devant l’envoyé spécial de Leaders en Chine, sur les moments décisifs de sa vie. "J’avais presque tout préparé pour obtenir le permis d’études et le visa canadien quand un ami vint me demander de l’accompagner à l’ambassade de Chine à Tunis, postuler à une bourse. Chemin faisant, il me demanda si je n’était pas moi-même intéressé d’y aller. Ca serait bien, me disait-il, d’autant plus qu’on sera deux et nos parents n’auront pas à payer nos frais d’études. Honnêtement, je n’y avais jamais pensé auparavant. Mais, encouragé par mon copain, je me suis dit, pourquoi pas, d’autant plus que cela ne m’engageait à rien, Et, puis, si une fois sur place, cela ne me plaisait pas, je pouvais toujours rebrousser chemin".
Quelques jours plus tard, et alors qu’il était au café familial à Lafayette, il voit s’élancer vers lui un voisin pour l’étreindre chaleureusement et lui tendre un télégramme de l’ambassade de Chine : « Mabrouk Ya Zou ! t’es accepté ! ». Stupeur, joie, hésitation puis, pourquoi pas se dira-t-il. Allons-y faire un tour, voir du pays et rentrer si besoin. Il succombera au charme de la Chine dans une passion qui depuis 30 ans n'a fait que s’attiser.
Une grande capacité d'adaptation et une propension à positiver
Zouhir débarque à Pékin début 1980 et s’inscrit à l’Université Tsinghua, la polytechnique prestigieuse dont il sortira ingénieur. Dès sa première année, il prêtera ses services d’interprète à des exposants européens, notamment français qui participent à des foires et expositions. C’est ainsi qu’il attira l'attention des responsables d’une grande compagnie d’ingénierie qui ne tardera pas à le recruter dès l’obtention de son diplôme. De projet à projet, à travers toute la Chine, il fera montre de talent et de compétence, à tel point que ses employeurs lui proposent de renforcer les activités de leur siège en France. Courte halte à Paris, puis retour en Chine, mais cette fois-ci à Hong-Kong.
Zouhir se plait beaucoup dans son travail et en Asie, mais il doit penser à constituer une petite famille. C’est ainsi qu’au cours d’une escapade estivale à Tunis, il fera la connaissance, en 1993, de celle qui fera son bonheur, Lamia Arfaoui. Elle lui donnera trois merveilleuses filles, Maya, Rania et Nour. A les voir dans le coquet village résidentiel verdoyant à la sortie de Pékin, entre piscine, terrains de sport et centre culturel, avec leurs amis de toutes nationalités, on sent tout le bonheur qu'elles éprouvent.
Zouhir travaille dur ! Sa compagnie est spécialisée dans la maîtrise de l’air: l' économie d’énergie et le respect de l'environnement, avec en plus, un système performant de désenfumage, de ventilation et de brise-soleil. Aujourd’hui, pas un nouveau building qui ne se construit en Asie sans intégrer ces nouvelles technologies. Le succès remporté dans la région s’élargit aux pays du golfe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Zouhir aura donc à prendre en charge cette nouvelle zone et continuera à voyager sans discontinuer, voguant de réussite en performance.
Le grand secret de Zouhir Joudi, c’est sa capacité d’adaptation et sa propension à positiver. Lorsqu'il est confronté à une situation, il n’y voit que l’aspect utile et bénéfique. Calme, courtois, il aime se rendre utile et se fait un point d'honneur d'exceller dans chaque tâche qui lui est confiée. « En Chine, je n’ai eu que des moments de bonheur et d’exaltation, dira-t-il à Leaders. Ici, nous avons toujours été très bien traités, très bien reçus ! ». Les années de transition, le grand froid, la rigueur des débuts et l’éloignement n’ont jamais entamé son optimisme et sa volonté de réussir. Zouhir Joudi et sa petite famille offrent pour nous tous un bon exemple de ces Tunisiens de l’autre bout de la planète, travailleurs, bien vus des autochtones, mais gardant toujours présent au coeur et en bonne place, l'amour du pays natal.