La Tunisie est-elle menacée de sécheresse ?
Le spectacle est affligeant. Des barrages risquent de se trouver à sec. La terre est craquelée. Le risque de sécheresse s’avère élevé dans nombre de régions. L’impact sur les réserves d’eau, tant potable que pour l’irrigation, est conséquent. Faut-il s’en alarmer? «Pas outre mesure», affirment les spécialistes du ministère de l’Agriculture qui gardent l’œil sur les séries consignées sur 100 ans, les indicateurs de pluviométrie et les réserves dans les barrages, ainsi que les forages et transferts d’eau en pompages soutenus à partir des régions du Nord. Tout un plan est élaboré, mais l’économie d’eau et la rationalisation de son usage sont impératives. Les explications techniques fournies à Leaders sont significatives.
Le climatde la Tunisie est méditerranéen au Nord et saharien au Sud (semi-aride à aride dans les trois quarts du pays). La disparité pluviométrique est marquée par une grande irrégularité allant de 1 200 mm au Nord (3% du pays) à moins de 50 mm au Sud (40% du pays). La pluviométrie moyenne annuelle est de 220 mm, générant ainsi 36 milliards m3/an
La sécheresse représente en fait un phénomène naturel et fréquent (3-4 années sèches pour 1 à 2 pluvieuses). Le déficit dans les ressources en eau est caractérisé par une estimation de l’allocation annuelle par habitant de 450 m3/an et /hab (seuil de pauvreté: 1 000 m3/an et/hab). Faut-il soustraire les pertes dans les réseaux d’irrigation ≈ 25 m3/an et /hab et ≈ 25 pour l’envasement des barrages et l’évaporation. En 2030, cette allocation serait de 350 m3/an et /hab.
On constate l’existence:
1- d’années extrêmement déficitaires: situées entre 21 000 Mm3 et 25 500 Mm3 (soit 11%);
2- d’années déficitaires: situées entre 25 500 Mm3 et 32 000 Mm3 (soit 23%);
3- d’années moyennement pluvieuses: situées entre 32 000 Mm3 et 38 000 Mm3 (soit 32 %);
4- d’années pluvieuses: situées entre 38 000 Mm3 et 48 000 Mm3 (soit 21%);
5- d’années extrêmement pluvieuses: situées au-delà du 9e décile qui est de 48 000 Mm3(soit 13 %).
Globalement, on peut constater que 58 % ont un apport pluviométrique national en deçà de la médiane 36 milliards et 42 % supérieures à celle-ci.
La vigilance est de rigueur.