Israel-Palestine : Qui incite au terrorisme ?
Israël s’est trouvé un nouvel héros, un exemple à proposer à tous les sionistes. Cet homme n’a pas fait une découverte extraordinaire au profit de l’Humanité ou accompli un des travaux d’Hercule.
Non.
Ce parangon sans pareil, ce phénix sioniste, cette fierté nationale reçue par le Premier Ministre en personne est un TUEUR. Un tueur d’Arabes. Un tueur de civils.
Ziv Moyal - c’est son nom - est garde de sécurité à l’ambassade d’Israël en Jordanie. Il a tué de sang-froid deux Jordaniens. Comme on le lui avait appris dans « l’armée la plus morale » du monde alors qu’il servait dans la brigade Givati dans les territoires occupés. En somme, un pur produit de l’armée, dressé pour tuer des Arabes. Sans distinction, que ce soit à l’est ou à l’ouest du Jourdain. D’ailleurs, explique le journal The Times of Israël, 80% des Jordaniens se disent Palestiniens !
Formatés pour tuer des arabes!
Moyal se faisait livrer du mobilier dans son logement d’Amman. Un Jordanien avait un tournevis. Les héros d’Israël n’ont qu’une consigne à la vue d’un outil aussi dangereux : tirer pour tuer… car bien qu’héros estampillé, un adolescent armé d’un tournevis fout à ces héros une peur bleue, paraît-il. Ils se muent alors en mitrailleuse automatique. « Moyal a appris que la première chose à faire face à un Arabe c’est de tirer pour tuer. Les autres options seront examinées plus tard » écrit Gideon Levy (Haaretz, 27 juillet 2017). De nombreux Palestiniens n’ont-ils pas été assassinés par l’armée d’occupation pour avoir brandi cette armée létale face aux « vaillants » soldats de Tsahal armés jusqu’aux dents ? Pour son malheur, le médecin propriétaire du logement d’Amman se trouvait là aussi : il fut pareillement abattu, sans rimes ni raison. Un Arabe de plus à accrocher au tableau de chasse de Ziv Moyal, membre d’une coopérative religieuse du sud d’Israël dont il va faire maintenant la fierté. Comme il va faire, sans doute, la fierté de sa petite amie. Moyal, reçu à son retour de Jordanie par Netanyahou - en présence d’Einat Shlain, ambassadrice d’Israël à Amman - le Premier Ministre, tout miel face à cet assassin, ne s’inquiétera que d’une chose : « Avez-vous déjà pris rendez-vous avec votre petite amie ? » Netanyahou et, avec lui, tous les lobbies sionistes, n’ont qu’un mot à la bouche : INCITATION ! Les Palestiniens sont constamment accusés par ces gens d’exalter le terrorisme. « Vérité en deçà des Pyrénées, vérité au- delà» disent les Français.
Crimes….. Sans châtiments!
Zvi Moyal est un héros d’Israël à l’égal d’Elor Azaria, ce soldat franco-israélien qui a déchargé, en mars 2016, à Hébron, son pistolet dans la tête d’un Palestinien Abdelfattah Acharif (21 ans) blessé à terre et incapable de présenter le moindre danger. Huit juges militaires dans deux cours ont rejeté les arguments de défense et conclu au meurtre, ajoutant qu’Azaria voulait tout simplement se venger et qu’il a agi avec le sang-froid d’un tireur au stand de tir, contrevenant « aux règles d’engagement de Tsahal ». La montagne de la justice militaire sioniste a encore accouché d’une souris : dix-huit mois de prison seulement pour ce héros alors que le procureur réclamait trois à cinq ans de prison et que le maximum prévu est de vingt ans d’emprisonnement! Il y a fort à parier que si le crime odieux d’Azaria n’avait pas été mis sur les réseaux sociaux au moyen d’une vidéo prise par un Palestinien proche de l’ONG israélienne B’Tselem, cette abomination n’aurait jamais été portée à la connaissance du public.
Le crime d’Azaria a donné l’occasion à Benjamin Netanyahou d’exhiber ses talents de politicien retors. Sitôt le crime commis, il s’est débarrassé du ministre de la Défense qui n’était pas sur la même ligne que lui. Maintenant que la sentence - bien légère - est tombée, il propose de pardonner à ce tueur. En fait, il défiait ainsi le chef de l’Etat Reuven Rivlin et le chef d’état-major de l’armée Gadi Eisenkot qui, seuls, ont le droit légal de pardonner. Mais Netanyahou aura fait son obscène danse du ventre devant les électeurs extrémistes. Eisenkot n’a guère apprécié l’intrusion du Premier Ministre dans les affaires de l’armée avec son idée de pardon en faveur du soldat meurtrier. « Si quelqu’un veut imposer un système de valeurs de gang à cette armée, il devrait le dire » (Haaretz, 1 août 2017). Ah ! Qu’en termes galants ces choses-là sont dites ! quand on pense aux « exploits » de cette armée à Gaza contre une population désarmée, contre les hôpitaux, les écoles et les bâtiments de l’ONU, quand on pense au Liban, à Sabra et Chatila, aux descentes nocturnes chez les Palestiniens en Cisjordanie, aux destruction de maisons et à mille autres faits d’armes de Tsahal…..
Netanyahou veut pardonner à ce criminel d’Azaria au moment même où la classe politique israélienne veut rétablir la peine de mort pour les seuls « terroristes » palestiniens. Vous avez dit apartheid ?
La sortie de Netanyahou sur le pardon à accorder à Azaria est destinée à faire oublier ses gros ennuis judiciaires, maintenant que les accusations de corruption portées contre lui sont désormais du domaine public. La justice lui reproche champagne et cigares offerts contre de menus services mais aussi de gros pots de vin à l’occasion de l’achat de sous-marins allemands. Même Sara, son épouse, est entendue par la police pour dilapidation de fonds publics !
Qui incite au terrorisme et à la haine?
Israël ne répond jamais au terrorisme juif. Benjamin Netanyahou a pourtant proféré ce mensonge : « Ce qui nous distingue de nos voisins est notre dénonciation et notre condamnation des meurtriers qui sont parmi nous et que nous poursuivons jusqu’au bout alors qu’eux, ils donnent à des squares et des lieux publics le nom d’assassins d’enfants. » En août 2015, à l’occasion de l’assassinat atroce par le feu d’Ali Dawabshah, un bébé de 2ans, Netanyahou a récidivé mentant encore : « L’Etat d’Israël a une politique ferme contre le terrorisme quel que soit l’auteur. »
Rafraîchissons la mémoire de cet homme et peut- être même…. celle du Sénat américain dont les membres pensent que les Palestiniens incitent au terrorisme: en 1938, un membre de l’Irgoun, David Raziel, a placé une bombe au marché arabe de Haïfa faisant 21 victimes et blessant une cinquantaine. Des rues portent le nom de ce terroriste à Jérusalem, à Tel Aviv, à Ramat Gan, à Ramat Hasharon, à Tirat Karmel, à Tiberias, à Ramla, à Beersheva, à Kafar Sava et à Haïfa même, le théâtre de son forfait. Les philatélistes savent qu’il existe un timbre israélien à l’effigie de ce criminel. (Lire Peter Beinart, Haaretz, 5 août 2015)
Un autre membre de l’Irgoun, Shlomo Ben Yosef, a lancé une grenade sur un bus arabe assurant la ligne Tiberias-Rash Pina. Lui aussi a sa rue à Tel Aviv, à Jérusalem, à Bnai Brik, à Ramat Gan… Ce héros d’Israël a aussi son timbre, afin que nul n’en ignore….
L’historien israélien (Université de Tel Aviv) Shlomo Sand démonte les mécanismes qui permettent de formater des héros israéliens tueurs d’Arabes de l’acabit de Zvi Moyal et d’Elor Azaria: « J’ai conscience de vivre dans l’une des sociétés les plus racistes du monde occidental. Le racisme est bien sûr omniprésent, mais en Israël on le trouve dans l’esprit des lois, on l’enseigne dans les écoles, il est diffusé dans les médias… Israël est devenu une référence particulièrement prisée par une majorité de mouvements d’extrême droite dans le monde dont jadis l’antisémitisme était bien connu… J’ai même souvent honte d’Israël, notamment lorsque je vois la cruelle colonisation militaire dont sont victimes des faibles, sans défense, qui ne font pas partie du « peuple élu » » et de conclure : « Il faudrait se libérer de cette maudite occupation qui nous mène en enfer. La relation avec l’autre, citoyen de second rang en Israël, est inextricablement liée à la relation avec celui qui vit dans une immense détresse, tout en bas de la chaîne des actions de grâce sionistes.»(Lire « Comment j’ai cessé d’être juif. Un regard israélien », Flammarion, Champs, Paris, 2015, p. 135 et 137).
Et pourtant…. C’est cet Etat raciste et colonialiste que veut fêter Mme Thérésa May, Premier Ministre britannique, fière de la Déclaration Balfour qui a, cette année, cent ans. Cent ans de spoliation, de déni de droits, de vols et d’assassinats ! Mais les Londoniens ne sont pas de cet avis, eux, qui ont afflué par milliers, il y a quelques jours, au festival de soutien à la lutte du peuple palestinien…car ils savent qui incite au terrorisme et à la haine.
Mohamed Larbi Bouguerra