Yadh Ben Achour : Améliorer la justice distributive au cours la 2 ème partie du mandat présidentiel
Quelles sont les principales réalisations que le président Béji Caïd Essebsi doit accomplir d’ici à la fin de son mandat en décembre 2019 ? C’est la question que Leaders a posée dans son numéro d'Août à des acteurs politiques de premier plan :Rached Ghannouchi, Habib Essid, Mustapha Ben Jaafar, Yassine Brahim, Said El Aidi, Ouided Bouchamaoui, Yadh Ben Achour et Fadhel Moussa.
(*)Yadh Ben Achour, Président de la Haute Instance pour la réalisation des Objectifs de la Révolution
1. La paix civile. Tout d’abord, sur le plan de la paix civile, les Tunisiens attendent la poursuite de la vigilance en matière de sécurité et notamment la lutte sans merci contre le terrorisme. Je pense que sur ce plan, tout le monde est d’accord. Il faut reconnaître que les efforts des gouvernements, à partir du gouvernement Mehdi Jomaa, ont eu des résultats positifs.
2. La justice distributive. Ensuite, cette fois-ci sur le plan économique et social, les Tunisiens attendent des mesures concrètes qui améliorent la justice distributive, telles que la reprise de la croissance, la diminution du chômage, la maîtrise du taux d’inflation, la juste redistribution de la richesse nationale par l’impôt, le développement du tourisme, la réduction du déficit budgétaire et de l’endettement de l’Etat, etc. Ce seront là les défis que devront relever tous les gouvernements dans les prochaines années et sur la longue période. Ces réformes, étant donné les implications de leur portée, sont les plus difficiles à mener à bien.
3. La lutte contre la corruption. En troisième lieu, les Tunisiens attendent la poursuite de la lutte contre la corruption et le népotisme aussi bien dans le domaine économique et des affaires que dans celui de la politique ou des médias. Il faut espérer qu’en Tunisie la corruption n’a pas encore atteint l’ampleur qu’elle a connue dans certains pays africains et qui rend le problème quasiment insoluble. Alors que de multiples lois et institutions de lutte contre la corruption ont été créées depuis la Révolution, alors que des dossiers ont été ficelés depuis la fin de l’année 2011, il a fallu attendre que le gouvernement Chahed prenne les initiatives énergiques nécessaires, pour faire démarrer l’action contre la corruption. Pourquoi cette inertie des lois, des juges et des institutions face aux problèmes de la corruption?
4. La consolidation du régime démocratique authentique. Nous avons beaucoup parlé du rétablissement de l’autorité de l’Etat, ce qui veut dire la bonne marche des institutions constitutionnelles représentatives, des organismes administratifs et des tribunaux. Nous avons pris trois ans pour rédiger une constitution en vue de garantir un fonctionnement équilibré d’un régime démocratique parlementaire. Or, le Parlement est dominé par les crises politiques partisanes, l’absentéisme et la lenteur de son activité législatrice. Cela remet en cause l’équilibre constitutionnel, en particulier dans les rapports entre le gouvernement et le Parlement. Parallèlement, il se développe dans notre pays une certaine tendance vers la démocratie «sauvage» en dehors des mécanismes institutionnels. La rue, active au cours des révolutions, n’est pas, ne peut pas être un instrument de gouvernement. Cette démocratie ne répond ni aux exigences d’une démocratie directe, ni à celle d’une démocratie représentative. Notre démocratie est également dominée par le corporatisme et la politisation excessive d’organismes professionnels et syndicaux qui ont largement tendance à déborder leurs compétences. Par ailleurs, un certain narcissisme voyeuriste et populiste anime les partis politiques. Les intérêts à court terme ont la prévalence sur le sens de l’État et la recherche du bien public. L’opinion est bien consciente de ces problèmes. Et l’histoire nous enseigne que les conséquences possibles de telles situations peuvent être extrêmement dangereuses. En effet, si le peuple perd confiance dans ses institutions et ses représentants, non seulement il aura tendance, comme actuellement en Tunisie, à développer le recours aux manifestations spontanées agressives ou parfois même violentes —d’ailleurs très souvent manipulées— mais, ce qui est encore plus dangereux, à accepter ou même à revendiquer le retour du pendule vers notre vieille tradition despotique.
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Ce que dit M. Yad Ben Achour est tout a fait exact mais ce qu'il ne dit pas et qu'il ne pense pas c'est que cette Constitution est mauvaise. Elle ne permet pas l'émergence d'une réelle majorité et appelle dés lors a ce qui a été appelé le "consensus" et qui n'est que la petite tambouille politique en raison du manque de qualité de la classe politique que relève, par ailleurs, l'auteur. Elle a appelé au surplus a une alliance contre nature qui rend impossible tout progrès véritable et toute ligne politique. On va en voir un test ,je pense, a propos des dernières reformes envisagées par le Président et notamment l'égalité successorale.