Du Japon, Abderrazek Ben Abdallah vous recommande une puce bio dans le corps pour prévenir toute alerte
Et si vous vous faisiez injecter sous la peau une mini-puce bio qui détecterait la moindre anomalie de santé, une chute de tension, arythmie cardiaque, hyperglycémie et tout autre risque, pour le signaler immédiatement à votre médecin ? Le bio-chips système est devenu une réalité et c’est un chercheur tunisien, le Professeur Abderrazek Ben Abdallah, Ph.D qui contribue à son développement à l’Université de Aizu au Japon. Une véritable performance mondiale et une magnifique success story d’un jeune tunisien…
La localité de Bir Ali Ben Khelifa, entre Sfax, Mezzouna et Meknassy peut en être fière ! L’enfant de Souynia, fils des Letaifa et des Nefefta, qui a toujours fait face à toutes les entraves scolaires, a su brillamment réussir, franchissant les obstacles, convertissant les handicaps en tremplins. A 44 ans, il dirige au Japon, l’un des laboratoires de recherches électroniques les plus avancés du monde. Superbe consécration d’un parcours de combattant.
Dès le certificat d’études primaires à Bir Ali Ben Khelifa, Abderrazek devait affronter les cycles courts qui le vouaient à une sortie précoce à la recherche d’un petit emploi. Unique chance possible, en sortir major pour établir une passerelle vers le cycle suivant. Enseignement professionnel au collège de Jbeniana. Major. Il est admis au Lycée Technique de Sfax et décroche le diplôme de la 6ème année. 7ème spéciale. Major. Institut Supérieur Technologique des Mines à Gafsa. Major. Là, le directeur de l’Institut, détectant son génie, fait tout pour lui obtenir une bourse d’études à l’étranger. Et ce fut en Chine.
Abderrazek met le cap sur Pékin où il commencera par une année d’apprentissage de la langue chinoise. Admis à l’Institut Polytechnique, il décrochera son Bachelor, puis son Master en Computer Science (1994) puis son doctorat. Impatient d’aller encore plus loin, il obtient une bourse d’études de l’Université de Tokyo où il débarquera le 1er janvier 1999. Trois après, voilà qu'il réussit son Ph.D (2002). Il intégre une grande équipe de recherche en électronique avant d'être recruté par l’Université d’Aizu (300 km de Tokyo). Ouverte sur l’international et cherchant à s’enrichir de l’avancée mondiale, elle est l’unique université japonaise réservant 50% de ses effectifs de chercheurs et enseignants aux étrangers. Travailleur, il partage son temps entre la recherche approfondie et l’enseignement, redoublant d’ingéniosité et de créativité. Consécration, il est promu Professeur Associé et dirige un laboratoire très respecté par la communauté scientifique internationale. Parmi ses équipes de chercheurs, un jeune collègue tunisien, Akram Ben Ahmed, qui prépare son Master en systèmes embarqués.
Les responsables tunisiens attentifs à nos compétences à l'étranger
Son bonheur, Abderrazek le puise dans sa petite famille, 100 % tunisienne. Sonia, son épouse, titulaire d’une maîtrise en langues, le hasard a voulu qu’il fasse sa connaissance au Japon où elle était venue rendre visite à son frère, diplomate, alors en poste à Tokyo. Coup de foudre et mariage inoubliable en Tunisie selon les bonnes traditions du bled. Elle lui donnera deux superbes enfants, Tesnim (6 ans) et Beyram (4 ans), parfaits polyglottes déjà, parlant arabe, français, anglais et japonais. « Les enfants, confiera-t-il à Leaders, sont tellement bien intégrés dans la culture japonaise, qu’ils parlent mieux que moi le japonais… tout en excellant dans leur langue maternelle. »
Très attaché à la Tunisie, Abderrazek a été ému d’apprendre sa nomination au sein du Comité de Haut Niveau sur la Science et la Technologie, créé par le Président de la République. « Vous ne pouvez pas imaginer ma joie, dira-t-il à Leaders. J’ai senti que mon pays ne m’oublie, ne m’abandonne pas, m’offre l’occasion de contribuer par ce que, modestement, je peux apporter. J’ai la chance, à travers ce comité, de rencontrer de hauts responsables tunisiens que j’ai trouvés très attentifs à nos compétences à l’étranger et je suis heureux de siéger parmi d’éminents collègues exerçant en Tunisie et à l’étranger. »
Comment juge-t-il, du lointain Japon, ce qui se réalise dans le pays ? « Je suis d’abord émerveillé, de constater à chaque visite, de nouvelles réalisations, non seulement à Tunis, la capitale, mais jusqu’à Bir Ali Ben Khelifa, et dans l’ensemble du pays. Quant à la progression de la recherche et de la technologie, je suis très optimiste. L’orientation est bonne, la volonté est claire et l’effort significatif. C’est ce qui nous permettra d’atteindre des résultats tangibles, bénéfiques pour la Tunisie et pour l’humanité. »
Et quid du projet de la puce santé ? Verra-t-elle le jour en Tunisie ? « Pourquoi pas, dira Abderrazek. J’ai été très heureux des félicitations que m’a adressées, M. Mondher Zenaidi, ministre de la Santé qui m’a prodigué ses encouragements et m’a assuré du soutien du ministère pour toute initiative utile. » Au moment où la carte santé (vitale) et la carte CNAM sont à l’étude, voilà une bonne opportunité pour aller plus loin et expérimenter une technologie d'avenir… avec des gènes tunisiennes.