Agence Tunis Afrique Presse : les défis du nouveau PDG, Néjib Ouerghi
Quelle mission peut aujourd’hui accomplir utilement une agence nationale de presse, à l’heure de l’expansion de la presse électronique et du foisonnement des médias ? En prenant ses nouvelles fonctions de PDG de l’Agence Tunis-Afrique Presse, la pionnière du continent africain, M. Néjib Ouerghi, journaliste chevronné et ancien directeur du quotidien Le Renouveau, organe du RCD, en est pleinement conscient. Il retrouve à l’avenue Slimane Ben Slimane, au cœur d’El Manar, une institution prestigieuse, des équipes professionnelles et de bonnes traditions de journalisme agencier. Mais, les enjeux du futur sont multiples et importants.
Depuis Charles Havas (1783-1858), fondateur de la première agence de presse dans le monde et maître de Julius Reuter qui sera son premier concurrent, les agences de presse sont fondées sur la large collecte d’une information fiable et sa plus rapide diffusion aux plus lointaines contrées possibles. En double piliers donc, le contenu et la transmission. Le réseau télégraphique, puis le télex, étaient l’arme de guerre pour la transmission, mais, c’est le fond qui compte le plus. Sur ces deux registres, l’Agence TAP a, indéniablement, fait des progrès significatifs ces dernières années. Son réseau de bureaux régionaux, ses desks spécialisés, sa rigueur rédactionnelle et son site internet, fournissent une matière de bonne facture qui nourrit les médias tunisiens et étrangers.
Une mission de service public
Organe officiel, elle accomplit aussi une mission de service public et offre la plus large couverture de l’actualité nationale, textes et photos, si bien que les médias nationaux s'en remettent, très souvent, dans leur couverture des évènements nationaux, à la TAP dont les dépêches, souvent bien articulées, sont généralement reprises in-extenso. C’est dire, donc, la place de l’agence dans le paysage médiatique tunisien.
Ce statut professionnel, reposant sur des structures solides, un bon encadrement journalistique par des compétences reconnues dont malheureusement certaines sont parties à la retraite ou s’apprêtent à le faire, gagne cependant à être consolidé. De nouvelles générations de journalistes débarquent et ont besoin d'un meilleur coaching. L'avancée technologique, avec la mise œuvre des plateformes électroniques modernes et le déploiement du tout-en-ligne, nécessite elle aussi un renforcement continu pour épouser les nouvelles technologies sans cesse plus innovantes. Une bonne réflexion globale est, elle aussi, indispensable pour réinventer un nouveau journalisme d’agence et garantir à la TAP sa position leader et son caractère pionnier.
Journaliste de formation (il est maîtrisard de l’IPSI), avec plus de 30 ans de métier, le nouveau PDG, M. Néjib Ouerghi, a gravi par son professionnalisme et son talent, en quinze ans, une à une les marches du journalisme dans le quotidien La Presse jusqu’à en devenir rédacteur-en-chef (1980-1995). Son passage, de l’autre côté de la profession, en qualité de conseiller en communication au ministère du développement et de la coopération internationale lui a permis de se frotter de plus près, huit ans durant (1995-2003) aux exigences économiques, et de mieux comprendre la logique de fonctionnement de l’administration et ses relations avec la presse. Les années qu’il vient de passer à la tête du Renouveau lui ont été utiles pour mieux connaître les services de l’Agence TAP. Il arrive donc à El Manar, avec une large expérience et certainement de bonnes idées à mettre en œuvre. Courtois, discret, professionnel, gardant fidèlement sa carte de presse, il se considère toujours comme journaliste, loin de toute hiérarchie, ce qui lui vaut l’estime de ses confrères.