Quand "Zone Interdite" fait dans le sensationnel et la stigmatisation
L'émission-phare de M6, "Zone interdite", nous a gratifiés ce dimanche d'un reportage sur les bandes de filles. Un phénomène récent mais qui, parait-il, a pris une ampleur telle en France que les responsables de l'émission ont cru bon de lui consacrer ce reportage. De quoi s'agit-il? De bandes composées de filles dont l'âge oscille entre 14 et 17 ans qui écument les banlieues et parfois les quartiers chics des villes "commettant des actes de violence et de vandalisme"comme on nous l'a annoncé au début de l'émission.
Pendant une bonne demi heure la caméra suit une bande de filles dont les visages étaient mosaïqués (il s'agit de mineures), mais dont on devine au premier abord, l'origine maghrébine à leur accent et à leurs prénoms, même si quelques unes s'appellent Marie ou Julie, sans que rien de grave ne se passe. Des tumultes d'écoliers que les passants observent d'ailleurs avec amusement, même quand les filles donnent l'impression d'en rajouter, en se déchaînant sur... "des poubelles" face à la caméra. En tout cas rien à voir avec la bande-annonce de l'émission qui évoque" les coups, insultes, racket, braquages, mais aussi humiliations, tortures et tentatives de meurtre: désormais, ces déchaînements de filles se rapprochent de la violence des garçons. En bande, elles font la loi dans leur quartier. Certaines sont même devenues des caïds au féminin."
Pourquoi cette dramatisation alors que les scènes filmées relèvent tout au plus de la petite délinquance? Pourquoi cette focalisation (qui ressemble fort à une stigmatisation) sur une partie de la population française, en l'occurrence les Maghrébines, alors que l'écrasante majorité d'entre elles sont bien intégrées?
Les émissions télévisées françaises sur le Maghreb et les Maghrébins se suivent et ne se ressemblent pas: les unes prônent la tolérance et la fraternité; les autres, la haine et la stigmatisation.