Les élections universitaires : la relève
Nous arrivons à la fin de mandat d’un grand nombre de responsables d’institutions/universités. Le deuxième pour beaucoup de dirigeants de l’université, le premier pour d’autres. Nous sommes à l’heure de la campagne électorale pour assurer la relève. Nous sommes aussi à l'heure du bilan pour ceux qui préparentà passer le flambeau. Mais ce n’est pas le plus urgent, chacun des dirigeants aura tout le temps de faire son propre bilan. Le vrai bilan sera fait par l’histoire et au fil des années, il ne peut pas être fait aujourd’hui, dans le cadre d’une campagne électorale pour servir tel ou tel candidat. Le plus important pour l'Université, c'est une bonne relève, des élections réussies qui consacrent l'équipe dirigeante qui aura convaincu et qui sera en mesure de relever les défis. C'est finalement cela qui compte le plus.
L’heure est à la campagne pour ceux qui s'apprêtent à briguer un mandat. Ils cherchent à prouver qu’ils peuvent faire mieux, à exposer leurs compétences et à proposer leurs programmes. Nous leur souhaitonsle succès à tous. J’espère que les campagnes électorales respecteront les normes de déontologie et d’éthique. J’espère qu’il ne sera jamais fait usage de propos insultants, humiliants, embarrassants, intimidants ou diffamatoires. J’espère que les collègues n’oublieront jamais qu’ils sont avant tout des enseignants, que chacun d’eux constitue une école pour les générations futures, et que nous sommes en train de relever le défi de l’excellence.
Pour les sociologues, les psychosociologues et les philosophes, les campagnes électorales universitaires, dans leur forme actuelle, constituent, un bon sujet d’étude. Cette campagne n’a rien à voir avec les campagnes électorales municipales, parlementaires ou présidentielles, elles apportent des méthodes propres aux enseignants universitaires. Les jeux d’influences impliquent des intérêts divers, relevant aussi bien des charges pédagogiques, des activités de recherche ou des postes de gouvernances. Il y a là un ensemble très complexe de jeux d’influences, de conformisme et de domination. Chaque équipe utilise sa propre méthode, certaines se ressemblent. Certains utilisent des méthodes classiques de tournée et de face à face, d’autres sont sur les réseaux sociaux ou communiquent à travers les mailings list. Plus la liste est longue, plus grand est leur pouvoir. D’autres utilisent des réseaux plus complexes reliés à des organisations plus grandes. Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients. Finalement, c’est l’équipe qui sera la plus organisée, la mieux informée, la plus pourvue en compétences et en savoir faire, qui devrait l’emporter.
Le bilan
A l’université de Carthage, nous estimons qu’il est très difficile pour nous de savoir si tout ce qui a été réalisé, même s’il peut sembler impressionnant, est satisfaisant ou pas. Nous pouvons déjà dire que durant ces deux mandats, nous avons « labouré la terre et semé les bonnes graines ». Nous avons mis en place les ingrédients nécessaires pour construire une université publique, moderne, de qualité, qui soit bien intégrée dans son environnement socio-économique et bien introduite dans les réseaux universitaires internationaux.
La réforme
Je voudrais adresser un mot à l’attention de nos chers étudiants, aux personnels administratifs et à toutes les personnes qui participent d’une manière active à la vie de l’université sans toute fois participer d’une manière ou une autre dans le choix de ses gouvernants. Ceci fait l’objet des réformes en cours. Nous espérons que ces réformes se concrétisent rapidement, en particulier celle qui concerne le système de gouvernance, pour permettre une meilleure prise en charge de nos institutions universitaires. Je suis pour une université responsable et redevable. Je suis pour des textes simplifiés et clairs, qui remplacent tout ce qui a précédé. Je souhaite vivement que nos universités s’intègrent dans la mondialisation de l’enseignement supérieur sans toute fois perdre de leur spécificité. Ce n’est que par cette voie qu’il serait possible de leur demander de se positionner dans les systèmes de classements mondiaux, Shangai ou autre …
Le dernier mot
Je voudrais, pour ma part, profiter de ces quelques mots pour déclarer que je ne suis candidat à aucun poste de l’université, que ce soit au niveau de la responsabilité ou de la participation dans une quelconque structure. Je compte me consacrer à la recherche scientifique et auxactivités dans le cadre des sociétés civiles. Je ne suis donc plus dans la course et il est donc inutile que telle ou telle autre équipe continue à me prendre pour cible dans le cadre de la campagne. Je souhaiterais également que les équipes engagées dans la campagne électorale évitent de s’en prendre à l’administration. Elle est neutre et fonctionne de la même façon quels que soient les responsables qui seront en place. Il est illusoire de penser que les valeureux cadres, techniciens, ouvriers et autres catégories de l’administration sont à la merci de tel ou tel responsable pour satisfaire ses caprices. Il convient de les respecter et de les éloigner de la campagne électorale. Nous sommes en effet actuellement très sollicités pour ne pas utiliser de mots plus graves, pour aider telle équipe, enfoncer telle autre, etc …. On nous demande par exemple de publier les rapports d’inspections qui ont concerné certaines institutions. Cette demande tombe sous le sens. L’inspection générale est indépendante, elle est affectée au Ministère et relève des prérogatives du Ministre. Bien que le Président de l’université soit impliqué dans le processus et informé du contenu des rapports, il n’a pas le droit de publier des rapports qui relèvent d’autres départements.
Lassaad El Asmi
Président de l’Université de Carthage